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Les deux amis mangèrent leur petit-déjeuner pique-nique en bavardant gaiement. Norbert s'était détendu, mais il redoutait le moment où il devrait offrir son cadeau à Leta. Quelle serait sa réaction ? Est-ce que c'était trop ? Ou pas assez ? Ou pire... est-ce que ça trahirait ses sentiments ?

Le Poufsouffle était de plus en plus nerveux, et Leta commençait à s'en apercevoir. Il s'efforça de se calmer, ferma les yeux et souffla. Mais quand il les ouvrit, son amie le fixait, le regard interrogateur. C'était le moment.

Il lui sourit faiblement et sortit le cadeau qu'il avait gardé caché derrière lui.

- Tiens... c'est pour toi, dit-il en le lui tendant.

Leta lui prit le paquet et commença à l'ouvrir. Le cœur de Norbert battait de plus en plus vite.
Il en avait assez de se mettre dans tous ses états pour si peu. Mais il n'y pouvait rien, il avait de gros problèmes avec les relations sociales et il le savait.
Le plus drôle, c'est que fasse à une situation dangereuse ou précipitée, il savait garder son sang froid bien plus facilement que les autres. Alors il aurait bien voulu que ce soit aussi le cas dans le simple fait d'offrir un cadeau, ce qui en soit n'était pas si effrayant. Pour quelqu'un de normal, du moins. Ce que Norbert ne pensait pas être.

Lorsque Leta eu fini de déchirer le papier, son ami Poufsouffle guetta sa réaction anxieusement tandis qu'elle souleva le couvercle de la boîte.
Elle lui lança un petit coup d'œil avant de regarder à l'intérieur, et lui sourit. Norbert lui répondit, les mains blanches à force de se les tordre.
Puis elle regarda. Et son visage s'illumina immédiatement. Norbert ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement.
La Serpentard sortit le collier de sa boîte et contempla le corbeau en le levant à hauteur de son visage.

- Norbert, il est... magnifique, merci beaucoup...

À la grande surprise de ce dernier, la voix de Leta tremblait et ses yeux étaient embués. Il ne s'imaginait pas avoir choisi un cadeau qui lui plairait autant.

- Tu m'aides à le mettre ?

Le stress de Norbert remonta en flèche, mais il tenta de l'ignorer et se leva. Il prit maladroitement le collier et vint se placer derrière la Serpentard. Celle-ci releva ses cheveux épais, découvrant sa nuque.
En prenant soin de ne pas toucher son amie, le sorcier lui passa le bijou autour du cou et le ferma.

- C'est bon, dit-il inutilement, car Leta avait déjà laissé tomber sa chevelure brune.

- Merci. Et pour le pique-nique aussi. Tu es vraiment le meilleur.

Les deux élèves se sourirent, puis, après un bref silence, ils commencèrent à plier la nappe et partirent profiter au maximum de cette journée.

*

- Leta. Tu te dépêches, oui ?
- Oui oui, j'arrive dans un instant !

Norbert soupira et se laissa aller contre le mur. Cela faisait bien 20 minutes qu'il attendait son amie.

À l'occasion de la veillée de Noël, un grand repas avait été organisé pour les élèves restant au château. N'ayant pas terminé de se préparer, Leta l'avait fait entrer discrètement dans la salle commune des Serpentard pour qu'il n'attende pas dans le froid du couloir. De toute façon, les quelques élèves de la maison vert et argent qui n'étaient pas rentrés chez eux étaient déjà dans la Grande salle.
Toute cette préparation l'angoissait un peu, surtout de la part de Leta qui prêtait rarement attention à son apparence physique ; lui n'avait mis qu'un chemisier jaune pâle et un pantalon vaguement élégant.

Le Poufsouffle quitta le corridor pour retourner dans la salle commune. Il trouvait qu'elle était un peu glauque mais l'ambiance y était calme, sûrement dûe à la couleur verte qui recouvrait les murs, et celle qui luisait à travers les fenêtres grâce à l'eau du lac.

- Enfin, murmura-t-il lorsqu'il entendit la porte du dortoir s'ouvrir.

Leta apparut, et, comme  il s'y attendait, elle était magnifique. Elle portait une robe vert bouteille qui tombait sur le sol comme une cascade, tout en laissant apercevoir ses fines sandales noires. Son léger décolleté mettait en valeur le collier corbeau, qu'elle ne lâchait plus depuis que Norbert le lui avait offert. Elle avait attaché ses cheveux dans une sorte de chignon lâche en laissant quelques unes de ses mèches bouclées tomber sur le devant. Et, chose que Norbert n'avait jamais vu chez elle, elle s'était maquillée. Un maquillage vert discret, certes, mais le Poufsouffle le voyait très bien de là où il était.
Son regard était fuyant et elle avait un petit sourire timide, comme si elle était gênée qu'il la voit comme ça. Ce qui était sans doute le cas.

- Bon... on y va ? demanda-t-elle finalement.

- Leta, tu es... enfin... ça te va très bien, fut tout ce que Norbert réussi à articuler.

La Serpentard murmura un "merci" à peine audible et les deux amis prirent la direction de la Grande salle. Au grand malheur de Norbert, ils étaient effectivement les derniers et toutes les personnes attablées se tournèrent vers eux à leur arrivée.

- Ah, Miss Lestrange et Monsieur Dragonneau, nous étions justement en train de nous demander si vous ne vous étiez pas perdu, fit Nigellus alors qu'ils s'asseyaient aux deux places restantes.

Comme il ne restait qu'une quinzaine d'élèves qui n'étaient pas rentrés chez eux, une unique table avait été dressée au centre de la salle, laissant les quatre autres le long des murs.

Le dîner avançait et les professeurs bavardaient joyeusement, tandis que du côté des élèves, un certain malaise s'installa. Les maisons étaient majoritairement regroupées entre elles et, celles et ceux qui avaient la malchance de se retrouver au bout du groupe à côté d'un élève d'une autre maison, se regardaient avec un dédain bien trop gros pour un esprit de Noël. Norbert et Leta, quant à eux, séparaient les Gryffondor et les Serpentard, ce qui n'étaient pas du tout une position confortable.

Norbert pensa que les maisons étaient une bonne idée, mais qu'elles devraient être regroupées de temps en temps, histoire d'éviter les moments comme celui-ci. Au lieu d'unifier les élèves avec les talents et intérêts de chacun, cela les faisait entrer dans une sorte de compétition et, parfois même, de discrimination. Seuls les Poufsouffle acceptaient les autres maisons mais étonnamment, ils n'étaient pas très aimés. Norbert n'avait jamais compris pourquoi, mais les Poufsouffle étaient parfois la risée des autres maisons. Ils étaient les "gentils", les "bons à rien", les "naïfs".
Si son amitié avec Leta était mal vue, c'était parce que selon les autres et les valeurs de leurs maisons, elle ne devrait pas exister. Poufsouffle et Serpentard étaient complètement opposés, tout comme leurs deux familles d'ailleurs. Et personne ne comprenait pourquoi ils s'aimaient bien.

Mais il y avait une chose que Norbert comprenait bien : la rivalité entre Gryffondor et Serpentard. Bien que les deux maisons ne voulaient pas l'admettre, c'était les deux qui avaient le plus de points communs. Et, tout comme il est difficile d'être ami avec quelqu'un de très différent, il est tout aussi difficile de l'être avec quelqu'un qui nous ressemble.

Leta le tira de sa rêverie en lui demandant de lui passer le sel.

- Eh, Leta... je me disais, ça te dit de faire un tour dans le parc demain matin pour voir s'il y a un animal qui ne s'en sort pas avec toute cette neige ? proposa Norbert. Ça fait longtemps qu'on n'a pas fait une équipe de magizoologistes.

- Biensûr, Norbert. Ce serait super.

Le Poufsouffle ne put empêcher un sourire béat de s'installer sur ses lèvres. Finalement, son premier Noël à Poudlard ne serait pas si terrible.

Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant