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Si quelqu'un avait dit à Norbert qu'un jour, il marcherait ainsi, au beau milieu de la Forêt interdite, devant un troupeau de centaures en colère, afin d'arrêter un autre centaure tueur de licornes, il ne l'aurait très probablement pas cru. Et pourtant, c'était bien ce qu'il se passait. Un pas après l'autre, le jeune sorcier avançait entre les arbres, la baguette brandie, à la fois pour éclairer les bois sombres et pour se protéger des dangers qui y grouillaient. Leta marchait à ses côtés, la baguette levée également, le tissu de sa cape frôlant la sienne à intervalle régulier. Derrière eux, les centaures foulaient le sol terreux, la mine grave, les flèches tendues sur les arcs. Toute cette petite bande avançait en silence, sans d'autre son que le piétinement des soixante sabots et des quatre pieds sur la terre jonchée de feuilles mortes. Personne ne disait un mot. Ils se contentaient de gagner du terrain sur cette créature infâme qu'ils poursuivaient, bien décidés à en finir avec elle. Une bonne fois pour toutes.

Cette procession silencieuse prit fin quand, soudain, un lièvre apeuré détala entre eux, ayant l'air de fuir quelque chose de particulièrement féroce. Un peu plus loin, un bruit de sabots se fit entendre, suivi d'un hennissement déchirant. Leta et Norbert échangèrent un regard et se mirent à courir, suivis de près par les centaures qui ne tardèrent pas à les dépasser. Le Poufsouffle sentit une main l'attraper et il se retrouva serré sous le bras de Callyde, se sentant balloté comme dans un voyage en portoloin. Il fut obligé de fermer les yeux pour ne pas vomir. Cette course effrénée dura une douzaine de secondes à peine, et ils arrivèrent dans un espace moins sombre. Norbert rouvrit les yeux tandis que Callyde le reposait et vit qu'effectivement, ils se trouvaient dans une petite clairière éclairée par la lune. Au milieu se trouvait une licorne, la plus magnifique que le sorcier n'ait jamais vu. La robe d'un blanc immaculée, les crins argentés scintillant sous la lueur lunaire, et les iris couleur châtaigne, quoique terrifiés, brillant d'une intelligence et d'une pureté innocente. Celle-ci ruait alors que, devant elle, un centaure dégageant une hargne rare se tenait, menaçant, une lance à la main.
La scène était si irréelle que Norbert mit du temps à réagir. Alors que Sicarius levait sa lance et s'apprêtait à l'abattre sur la licorne, il brandit sa baguette, rassembla dans son esprit ce qu'il avait appris avec son amie au cours des trois derniers jours, et cria :

- Petrificus totalus !

Sicarius réagit à temps pour esquiver le sortilège, qui alla frapper un vieux saule. Il tourna les yeux vers eux, et Norbert eut un mouvement de recul. Le visage du centaure était horrifiant, déformé par la haine et la folie, le regard noir et terriblement féroce, et sa robe couleur souris était sale et recouverte d'une substance visqueuse qui ressemblait bien trop à du sang. Il portait à sa ceinture toute une panoplie d'armes, allant de l'arc au poignard, apparemment fabriqués par lui-même de bois et de pierre. D'un même mouvement, tous les centaures levèrent leurs arcs et le menacèrent. 
Une partie d'entre eux se sépara du groupe pour rejoindre discrètement le côté opposé de la clairière, entourant le centaure gris.

- Sicarius, siffla Rold sans se soucier de cacher le dégoût sur son visage. Moi qui pensais que tu ne pouvais pas tomber plus bas.

- Ne perds pas ton temps avec tes leçons de morales, Rold, gronda Sicarius.

Norbert reconnut immédiatement sa voix grave : c'était bien lui qu'il avait entendu par la fenêtre, le soir d'Halloween.

- Effectivement, je vais te les épargner. Je n'ai pas de salive à gaspiller pour un traître.

- Traître, traître, tu n'as que ce mot à la bouche. Mais qu'est-ce qu'une trahison à côté du monde que je pourrais t'apporter, si tu cessais de te voiler la face ?

- Mais bien sûr. On en arrive au moment de ton grand discours, c'est ça ? Celui où tu proclames que le monde entier doit tomber à tes sabots et devenir ton esclave pour satisfaire tes rêves fous et indignes de notre espèce ?

- Épargne ta salive, je ne vais pas perdre de temps à essayer de convaincre des causes perdues comme les tiennes. Mais vous autres, clama-t-il en se tournant vers l'armée de centaures qui l'écoutaient avec un dégoût évident, faites preuve de plus d'intelligence et de courage que lui !

- De courage ? De courage ? s'indigna Rold. Je ne connais pas plus lâche que toi ! Tuer des licornes, les êtres les plus purs et innocents qui soient, simplement pour rassurer ta peur de la mort, tu appelles ça du courage ?

- Il ne s'agit pas de peur de la mort, mais de pouvoir.

- Pouvoir. Tu n'as que ce mot à la bouche. Et à quoi te sert-il, ton pouvoir ? Qu'as-tu accompli, depuis que tu es parti ? Pour avoir du pouvoir, il faut un contrôle sur d'autres êtres. J'aimerais bien savoir qui tu peux contrôler.

- C'est évident, souffla le centaure cruel. Je te pensais tout de même plus malin. Les sorciers.

Il avait dit ce dernier mot en laissant transparaître toute la haine, tout le dégoût qu'il lui inspirait. Norbert et Leta échangèrent un regard. Si le Poufsouffle était plutôt mal à l'aise, l'œil de la Serpentard, lui, brillait d'une détermination légèrement inquiétante.

- Reste ici, lui souffla-t-elle dans l'oreille, provoquant une vague de fourmillements dans le cou du sorcier. Je vais l'attaquer par derrière.

Effaré, Norbert attrapa le bras de son amie avant qu'elle n'ait le temps de s'échapper. Ils se regardèrent dans les yeux quelques secondes, si longtemps qu'il oublia ce qui les entourait. Mais, d'un signe de tête entendu, elle lui fit comprendre qu'il devait lui faire confiance.

"Sois prudente".

Deux mots qu'il pensa du plus fort qu'il put, comme s'il pouvait les lui envoyer. Deux mots qu'il n'osa pas dire tout haut mais qu'il hurla tout bas.
Et, comme un courant d'air, Leta s'évapora aussi silencieusement que le souffle du vent qui faisaient balancer les feuilles autour d'eux.

Le cœur battant, Norbert reporta son attention sur la conversation des deux centaures ennemis.

- Aussi idiots que soient les sorciers, disait Rold, ils restent bien trop puissants pour toi. Même immortel.

- Tu serais étonné de voir ce dont je suis capable.

- Et tu serais étonné de voir ce dont ils sont capables.

- Stupéfix !

Leta n'avait pas perdu de temps. Le corps de Sicarius se raidit et il fut projeté plusieurs mètres plus loin, dans la direction de Norbert.

Avant même que celui ai pu réagir, le voix de Leta s'éleva à nouveau.

- Protego !

Un bouclier se forma entre le centaure et le sorcier. Norbert tomba à terre. Il entendit un bruit sourd, prouvant que Sicarius avait connu le même sort.

Pendant un instant, Norbert pensa qu'ils avaient gagné. Mais Sicarius remuait déjà, grognant de rage et de douleur.

Avant de pousser un hurlement. La flèche de Rold avait transpercé son flanc, et une tâche sombre s'écoulait déjà de la blessure.

Impuissant et terrifié, Norbert vit les quatorze centaures restants lever leurs arcs. Une pluie de flèches s'abattit sur Sicarius qui continuait à hurler sur le sol.

- STOP !

Le cri de Leta était à peine audible dans le chaos et la fureur des centaures. Pas un ne réagit. Quelques secondes plus tard, quand le silence réapparut et que Norbert s'autorisa à regarder dans la direction de Sicarius, celui-ci gisait parmis les feuilles mortes, vaincu.

Oui oui, je sais, ça fait 7 mois que je n'ai pas publié de chapitre... vous me pardonnez ? 😅
Je suis de nouveau là, et je pense finir cette fanfiction avant la fin de l'année, parce que je commence à en avoir marre et j'ai d'autres idées d'histoires. Le prochain chapitre est prêt, il sortira lundi, sans faute.
Et j'ai changé la couverture, il était grannnd temps.
N'hésitez pas à commenter, parce que je me sens un peu seule là 😆

Breeef
Bye ! Et merci de me lire !

Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant