Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)

12

Norbert adressa un faible sourire à Leta qui arrivait avec un air d'incompréhension.

- Où est-ce qu'on va ? demanda-t-elle.

Le Poufsouffle ne répondit pas. Il passa à côté d'elle et lui fit signe de le suivre.

Les deux élèves sortirent du château. Le temps avait l'air stable malgré des nuages gris et un vent plutôt froid. La faible lumière du soir, incertaine et fragile, ne les éclairerait plus pour longtemps. Leta le suivit sans broncher, jusqu'à ce qu'elle comprenne où il comptait l'emmener. Elle lui attrapa le bras et l'arrêta doucement.

- Norbert. Sérieusement ?

L'intéressé leva les yeux vers elle, désolé, avant de voir la lueur dans son regard. Cette lueur ne trahissait ni de la peur ni de la colère, mais plutôt de l'excitation et de la malice.

- Je n'aurai jamais pensé ça de toi, mais je suis contente que tu m'ait emmenée.

Norbert lui sourit, surpris et un peu mal à l'aise (la main de la Serpentard reposait toujours sur son bras), et il reprit la route, plus confiant.

Ensemble, ils levèrent les yeux vers la lune, ronde et brillante, et s'enfoncèrent dans la Forêt interdite.

- Lumos, firent-ils d'une même voix.

Cette lumière fut la bienvenue, car la nuit tombait et la forêt devint bientôt si dense que le ciel et ses étoiles étaient invisibles.

À mesure qu'ils avançaient, Norbert remarqua quelque chose d'étrange; à part le bruit de leur souffle et le craquement des feuilles sous leurs pas, il n'y avait absolument aucun son. Aucun cri d'oiseau, ni même le sifflement du vent entre les feuilles. D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, il n'y avait plus de vent. C'était comme si la forêt retenait son souffle, exactement comme Norbert à ce moment.

Le silence avait quelque chose d'oppressant. De même que l'obscurité qui engloutissait les deux amis au-delà de la lueur de leurs baguettes. Les battements du cœur du Poufsouffle s'accéléraient peu à peu, et il sentait la sueur sur son visage. Malgré le froid, il ne grelottait pas; la peur lui donnait affreusement chaud. Il évitait de regarder Leta. Il s'en voulait énormément de la mettre dans cette situation, même si elle avait paru excitée au premier abord. Que pensait-elle à présent ?

Aucun des deux n'avait prononcé le moindre mot depuis qu'ils avaient pénétré dans la Forêt interdite. Ils se contentaient de marcher, pendant de longues minutes, qui se transformèrent en une heure. À chaque pas, Norbert résistait à la tentation de faire demi-tour. Il était quasiment sûr qu'ils n'arriveraient pas à retrouver leur chemin au retour. Ils avaient tellement tourné à droite et à gauche sans vraiment faire attention aux directions qu'ils prenaient...

Parce qu'ils ne savaient pas où ils allaient. Les deux jeunes sorciers marchaient au hasard, en cherchant quelque chose qu'ils ne connaissaient même pas. Norbert commençait à perdre espoir quand, au loin, il aperçut une tache blanche. Il échangea un regard avec Leta, et ils se mirent à courir.

Plus ils approchaient, plus la nausée du Poufsouffle s'intensifiait. Il savait ce qui les attendait.

La licorne gisait, morte et recouverte de terre, sur le sol jonché de feuilles. Avec tout ce stress, cette peur, cette colère qu'il ressentait pour l'auteur de ce meurtre, Norbert avait envie d'éclater en sanglots. Ils étaient arrivés trop tard.

Le jeune sorcier tremblait si fort qu'il dû se retenir à Leta pour ne pas s'écrouler. Celle-ci passa un bras derrière son dos, mais se retourna presque aussitôt. Norbert regarda lui aussi derrière son épaule. Un crac discret s'était fait entendre.