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La deuxième semaine de vacances passa bien trop vite au goût de Norbert, et bientôt, les cours reprirent.
Le premier soir, alors qu'il se dirigeait vers son dortoir, il vit Leta qui allait dans la même direction que lui.

  - Où est-ce que tu vas ? demanda-t-il.

  - Une retenue avec Selpin, répondit-elle dans un grognement.

  - Déjà ? dit-il, mi-étonné, mi-amusé.

Il savait que Leta était une spécialiste pour s'attirer des ennuis, mais le premier jour... surtout qu'elle avait été dans les mêmes cours que lui la plus grande partie de la journée, et qu'ils n'avaient pas eu potion avec le Professeur Selpin. Qu'avait-elle bien pu faire ?
Elle eu un petit rire.

  - En fait, c'est pour ce qui s'est passé le dernier jour avant les vacances, quand je suis tombée sur toi.

C'est vrai qu'il ne s'était même pas demandé pourquoi ce jour-là, elle était arrivée si précipitamment dans le placard, en ayant l'air de fuir quelqu'un. Il ne posa pas de question cependant, et la laissa partir non sans lui souhaiter bonne chance.
Il sentait son cœur léger ; il avait l'impression qu'un mur de glace s'était soudain brisé entre lui et la jeune Serpentard, pour ne laisser qu'un mince rideau que, il le souhaitait au fond de lui, il écarterait un jour.

En arrivant dans la salle commune de Poufsouffle, il décida de lire un peu (il avait trouvé un livre très intéressant dans la bibliothèque, "Strangulots et créatures aquatiques"). Mais lorsqu'il s'installa pour lire, le groupe de filles de deuxième année qui était resté à Poudlard avec lui pendant les vacances vint s'asseoir autour de lui en gloussant.
Norbert les regarda, gêné, alors qu'elles échangeaient un regard. Puis l'une d'elles prit la parole :

  - Salut ! Moi, c'est Lena Haustimy, et voici Venda Dlimt, Faïne Gapel et Eniris Flaymert.

Les filles lui sourirent. Elles étaient toutes blondes, à l'exception d'Eniris qui avait des cheveux bruns et légèrement bouclés.
Norbert ne leur rendit pas leur sourire. Il ne savait pas ce qu'elles lui voulaient et il ne désirait qu'une chose, c'était qu'on le laisse lire tranquillement. Il jeta un rapide coup d'œil aux escaliers qui menaient à son dortoir et réfléchit à toute vitesse à une excuse qui lui permettrait de les atteindre sans paraître malpoli.

  - On peut rester avec toi ? Poursuivit Lena. Qu'est-ce que tu lis ?

   - Euh... je... c'est...

Elles étaient toutes en train de le fixer, suspendues à ses lèvres, et ça le mettait très mal à l'aise.

Pour toute réponse, il leur montra la couverture du livre.

  - Oh, tu t'intéresses aux créatures magiques ? demanda Faïne d'une voix étonnamment aiguë. Le Professeur Lorenz nous a parlé de toi, il a dit que tu étais le meilleur élève qu'il est jamais vu en Soins aux créatures magiques !

  - M... moi ? balbutia Norbert. Mais... je suis en troisième année !

Les quatre filles éclatèrent de rire, bien que ce qu'il avait dit n'avait rien de drôle.

C'est alors qu'un Poufsouffle arriva soudainement dans la salle commune, à bout de souffle, et cria :

  - Il y a le feu dans le bureau de Nigellus !

Un grand brouhaha s'éleva dans la pièce, certains avaient l'air triomphants (le directeur n'était pas très apprécié), d'autres paraissaient inquiets.
Le tulmute continua de s'emplifier jusqu'à ce que la préfète de Poufsouffle, Liann Eufting, ne réclame l'ordre.

  - Mais... il ne peut pas tout simplement l'éteindre avec un sortilège ? s'étonna un sixième année, assis à une table avec ses amis.

  - Ce n'est pas si simple apparemment, leur apprit le Poufsouffle, les yeux un peu exorbités par l'excitation. Il a tout essayé, Cregonn aussi, même Dumbledore ! Aucun ne comprend ce qu'il se passe !

La majorité des élèves présents dans la pièce se levèrent pour aller voir d'eux-mêmes ce curieux phénomène. Et, comme Norbert n'avait rien d'autre à faire, il décida de les suivre.

Le calme qui régnait dans le château durant les vacances avait vraiment disparu, à présent. Nombre d'élèves et de professeurs couraient dans les couloirs, se percutant parfois, et se levant sans même penser à s'excuser. Dans tout ce remue-ménage , le jeune sorcier eu du mal à se frayer un chemin pour atteindre le bureau de Phineas Nigellus, le directeur de Poudlard. Comme il s'y attendait, la porte était pratiquement inaccessible, entre l'attroupement des élèves curieux, les professeurs qui venaient pour essayer d'éteindre l'incendie, ceux qui leur hurlaient de rentrer dans leurs dortoirs respectifs, et Peev's, l'esprit frappeur, qui voletait au-dessus de la foule en lançant des caquètements ravis. Lorsque Norbert atteint enfin le premier rang, il vit tout de suite que quelque chose n'allait pas ; le feu, qui brûlait intensément dans la pièce, avait des flammes rousses étrangement fluorescentes. Et cela lui rappelait quelque chose...
Il se creusa la tête. C'était dans un livre... mais il ne parvenait pas à se souvenir duquel... et ça avait un lien avec des créatures fantastiques...

Mais oui ! Les Serpencendres, des longs serpents minces et gris clairs, qui apparaissaient dans les cheminées lorsqu'on y laissait brûler un feu magique trop longtemps. Ils ne vivaient qu'une heure où ils glissaient dans la maison à la recherche d'un coin pour y pondre ses œufs, qui pouvaient très vite mettre le feu à leur environnement si on n'y prenait pas garde... et si il s'en souvenait tellement bien, c'était parce que sa mère lui avait raconté qu'un jour, il lui était arrivé cette mésaventure qui avait failli enflammer toute la maison. Heureusement, elle avait pu arrêter le brasier en... en gelant les œufs avec le sortilège... mais quel sortilège, bon sang ?

Il écarquilla les yeux ; il avait la formule. Sans réfléchir, il courut vers le bureau, mais un professeur l'arrêta.

  - Mais vous êtes complètement fou ! Un Poufsouffle, en plus ! Il n'y a pas que les Gryffondor qui ont des élans de courage stupides et irréfléchis ! s'époumona-t-il.

Norbert se tourna vers lui ; c'était le Professeur Selpin. Apparemment, Leta avait eu droit à une retenue écourtée grâce aux événements.

  - Gelida metam ! Lui cria Norbert. Il faut trouver les œufs et lancer un Gelida metam !

Le professeur de potions le regarda un instant, une lueur d'étonnement dans le regard, avant de reprendre son habituel air agacé.

  - Nous n'avons pas besoin de vos conseils inutiles, Monsieur Dragonneau, dit-il avec dédain. Nous...

Il hésita un instant, et Norbert devina qu'il s'apprêtait à dire "Nous contrôlons parfaitement la situation", ce qui en l'occurrence n'était pas du tout le cas. Mais il n'eut pas le temps de trouver autre chose à dire, car une nouvelle voix se fit entendre.

  - Justement, il semblerait que toute aide serait la bienvenue, Agando. Gelida metam, vous avez dit ? Je vais de ce pas essayer... mais de quels œufs parlez-vous, Monsieur Dragonneau ?

Dumbledore. Il avait toujours été le seul à l'écouter.

  - Il doit y avoir des œufs de Serpencendres, là-dedans, Professeur, dit précipitamment Norbert. Il faut les trouver, et leur lancer le sortilège, le feu s'éteindra de lui-même !

  - Très bien. Agando, continue de repousser les élèves, aucun ne doit s'approcher. Je m'en charge.

  - Merci, Professeur, dit Norbert.

Dumbledore lui fit un bref signe de tête, s'arma d'un sortilège de Protection et s'élança vers le bureau en flammes. Ce n'est qu'à ce moment-là que Norbert se rendit compte de la confiance que Dumbledore lui apportait ; il était en train de suivre les conseils d'un élève de troisième année, pour éteindre un feu qu'aucun professeur n'était parvenu à maîtriser, avec un sortilège qu'il n'avait très certainement jamais entendu de sa vie.

Norbert retint son souffle. Une minute passa, qui ressemblait à une heure. Et, d'un seul coup, le feu disparu.

Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant