Chapitre 2 - Félicitations et déceptions

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La grande porte est fermée.
Bien sûr que la grande porte est fermée. Quel abruti, à quoi s'attendait-il ? C'est déjà un miracle que la grille aie été ouverte, pour commencer. Un miracle, ou un problème ? Soudain suspicieux, Harry se retourne, sa baguette à la main et observe les alentours.

Rien ne bouge, seul le bruit du vent qui caresse l'herbe sèche vient troubler le calme de ce début de soirée. Il faut qu'il arrête d'être sur les nerfs tout le temps.

D'un mouvement du bras, il fait naître son cerf argenté et le prie d'aller prévenir Minerva de son arrivée. Il meurt d'envie de plutôt l'envoyer chercher Severus, mais la perspective de lui faire la surprise l'enthousiasme encore davantage. Il peut bien attendre dix minutes de plus avant de se précipiter dans ses bras si c'est pour voir une expression de joie intense se dessiner sur son visage sévère quand il le découvrira derrière la porte de ses appartements.

Absorbé dans la contemplation du parc, Harry s'assied sur le parvis. Il aurait pu passer voir Hagrid, sa cabane est si proche. Mais non, toutes ses pensées ne sont tournées que vers une seule personne. Severus. Quel piètre ami il fait, mais jamais il n'a ressenti ça. Il est amoureux, merde. Ça n'arrive pas si souvent, dans une vie. Pas dans la sienne, en tout cas.

Tandis qu'il est toujours occupé à se chercher des excuses, un mouvement dans l'herbe sur sa droite lui fait tourner la tête. Un chat. Tapi dans l'ombre d'un mur, il dodeline des fesses, prêt à sauter sur sa proie. Son pelage blanc et noir lui assure qu'il ne s'agit pas de McGonagal, mais c'est étrange, depuis quand y a-t-il des chats errants dans l'enceinte du château ?

L'animal bondit tel un ressort et dévale la moitié du parc à une vitesse étourdissante. Le mulot qu'il pourchasse reste invisible aux yeux d'Harry, mais il s'étonne qu'une chose si petite puisse courir si vite et presque distancer le prédateur de salon. Il est sur le point de se relever pour pouvoir suivre la course-poursuite quand une voix s'élève de sa gauche.

— Harry ?

L'air surpris, arrêté au milieu du chemin, Rogue le dévisage.

Il revient de Préaulard, réalise Harry. C'est pour ça que les grilles n'étaient pas verrouillées.

— Il y a un problème ? s'enquiert l'homme en se remettant en marche, l'air soucieux.

Ses yeux glissent sur Harry et viennent se poser sur la malle qu'il a laissée au bas des escaliers, mais déjà le jeune homme s'est relevé et court dans sa direction. Il ne lui faut que quelques secondes pour le rejoindre et il sourit à s'en faire mal à la mâchoire quand il voit les bras de l'homme s'ouvrir pour l'accueillir.

Il y plonge comme s'ils ne s'étaient plus vus depuis plusieurs mois et referme ses propres bras autour de son cou avant de l'embrasser. Severus répond à son baiser et le sert plus intimement contre lui, mais sa posture reste raide et dans sa main, sa baguette s'est comme matérialisée.

— Tu m'as manqué, avoue Harry quand il libère ses lèvres. Vraiment manqué.

Le maître des potions fronce les sourcils et détaille le visage de son jeune amant après avoir scruté les environs d'un air patibulaire.

— C'est tout ? C'est pour ça que tu es ici ? Harry, on devait se voir sam...

Le bruit de la grande porte qui s'ouvre les fait sursauter et interrompt leurs retrouvailles, ce qui n'est peut-être pas un mal, réalise Harry. C'était un ton de reproche dans la voix de Severus ou il a rêvé ?

— Harry ! s'exclame la directrice en descendant les quelques marches qui les séparent. Je ne m'attendais pas à vous voir dès ce soir ! Je crains que vos appartements ne soient pas encore prêts.

D'un pas décidé, elle rejoint les deux hommes qui ont à peine le temps de faire un demi-pas dans sa direction.

— Comment ça, Minerva ? s'étonne Severus en s'éloignant d'Harry juste assez pour qu'ils n'aient pas l'air de se trouver trop près l'un de l'autre.

— Oh, c'est vrai ! Vous n'étiez pas présent quand je l'ai annoncé aux autres professeurs, mais Monsieur Potter a accepté de remplacer Madame Bibine le temps que durera son... eh bien, accident de quidditch.

Surpris, Rogue se tourne vers lui.

— C'est vrai ? demande-t-il. Tu vas donner des cours de vol ?

Ça n'a pas l'air de le ravir, découvre Harry avec angoisse. Il déglutit avec difficulté et hoche la tête.

— Eh ben, heu... oui.

Severus fronce les sourcils une fois de plus, puis son visage se décrispe juste assez pour laisser un sourire s'étirer au coin de sa bouche. Un sourire sévère comme seul lui sait les faire.

— Dans ce cas, félicitations

Harry est mortifié. Lui qui avait supposé que son petit ami serait aussi heureux que lui a l'idée de passer plus de temps ensemble se rend compte qu'il s'est fourvoyé. Est-ce que les deux mois qu'ils ont passé ensemble lui ont suffit ? S'il souhaitait le voir le week-end prochain, c'était pour rompre, en fait ? Et sa sortie en solitaire à Préaulard, que peut-elle bien signifier ? Est-ce qu'il l'aurait déjà remplacé ? Mais quand ? Et avec qui ? Ils ont passé tout leur temps ensemble depuis la Bataille du Ministère...

La voix du professeur McGonagal interrompt le cours de ses pensées, ce dont le jeune homme lui est reconnaissant, car il sait que s'il les laisse continuer ainsi, il fondera en larmes d'ici peu.

— Je vais demander aux elfes de préparer votre chambre, Harry, et demain nous vous expliqueront ce que vous avez besoin de savoir pour enseigner dans les meilleures conditions.

— Ne les dérangez pas pour ça, intervient Severus. Ils ont déjà beaucoup à faire avant l'arrivée des élèves. Il dormira dans mes appartements, ce soir.

Une ombre passe sur le visage de la directrice et un tic nerveux agite sa bouche une fraction de seconde avant qu'elle ne se reprenne.

— Vraiment... Vous êtes sûr ? Harry, ça ne vous dérange pas non plus ?

Raide comme un mort, le jeune homme secoue la tête.

— Ce sera parfait, professeure, ne vous en faites pas.

Si Severus veut dormir avec lui cette nuit, c'est certainement qu'il a mal interprété ce qui vient de se passer. À moins que ce ne soit pour pouvoir le quitter sans témoins et sans risquer un esclandre ?

**

Hey les gens !

Les chapitres sont courts, je sais. À peu près deux fois plus que ceux des larmes du Phénix. Mais ça s'est imposé tout seul et je ne vois pas l'intérêt de les gonfler artificiellement, donc ça restera comme ça, au moins tant que les personnages n'en auront pas décidé autrement.

Des bisous.


La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant