Chapitre 23 - Rentrée et buffet

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C'est l'odeur du buffet de pré-rentrée, porté magiquement jusqu'à sa chambre, qui réveille Harry. Il est vaseux et son épaule droite l'élance. Le bras qui tenait sa baguette quand il a... Quand il a perdu la tête. Il ne peut pas vraiment appeler ça autrement. Son appartement est totalement dévasté par sa faute. Mais qu'est-ce qui lui a pris ? Il a dû boire trop de bierreaubeure hier soir avec Severus parce que ça ne peut pas être l'absence de potion qui l'aurait poussé à faire une chose pareille. Cette potion l'aide à se concentrer et lui donne l'énergie dont il a besoin pour mener de front aussi bien ses journées de cours et d'entraînements que sa vie personnelle. Et à propos de vie personnelle, il ferait bien de rejoindre les autres professeurs au plus vite s'il ne veut pas que Severus vienne le chercher et découvre l'état dans lequel se trouve son logement.

Avec des mouvements mesurés, parce qu'il craint une nouvelle poussée de douleur, Harry se redresse et s'assied au bord de son lit. Comme il y passe au final assez peu de temps, il tâtonne un moment avant de mettre la main sur ses lunettes sur la table de chevet. Quand il referme enfin les doigts dessus, son poignet heurte un autre objet qui chute et roule jusqu'au sol avant de s'arrêter contre son pied.

Intrigué, il chausse ses binocles et découvre le flacon vide qui gît contre ses orteils. Un flacon familier mais qu'il n'aurait jamais dû trouver à côté de son oreiller. Quand il le repose sur la petite table, il avise le papier d'emballage qui le recouvrait certainement et un mot griffonné à la va-vite.

Vous devez en avoir besoin. La prochaine livraison aura lieu demain.

Harry n'a même pas le temps de relire le message une seconde fois que le morceau de parchemin prend feu dans sa main. Les flammes dorées ne le brûlent pas, ont au contraire presque quelque chose de réconfortant. Comme les draps qu'il vient de quitter.

Ses neurones, qui se remettent en marche malgré quelques difficultés, le mettent soudain en alerte et il bondit sur ses pieds. Il vacille, mais moins que la dernière fois qu'il a été conscient. C'était quand, déjà ? Hier ? Non, ce matin plutôt. Ce matin, quand il s'est évanoui après qu'une grande silhouette encapuchonnée se soit introduite chez lui et ait bloqué son sort d'attaque. Ce matin, après qu'il ait ravagé son propre salon.

Sur la table de chevet, il trouve sa baguette, rangée là comme il l'a lui-même été dans son lit. Qui que soit cette personne, elle a pris soin de lui. Grimaçant, il souhaite de toutes ses forces qu'il ne s'agisse pas de Severus, sinon il devra lui expliquer le carnage qui l'attend à côté. Résolu à découvrir lui-même ce qu'il reste de la pièce qu'il a vandalisée, Harry pousse la porte et allume les torches d'un coup de baguette.

Le spectacle le laisse sans voix. Le fauteuil, les cadres, les vêtements déchirés, et même la flaque de vomi qu'il est sûr d'avoir laissée là, à deux mètres de la porte d'entrée, tout a été nettoyé, remit à sa place, réparé.

Plus vraiment certain de ne pas avoir tout rêvé, il s'effondre dans le fauteuil. Ça ne se peut pas. Le goût âcre dans sa gorge, son cœur qui bat toujours un peu trop vite, ses souvenirs si nets et précis... Enfin, nets et précis. Autant qu'il est possible qu'ils le soient après avoir été vécus dans un état de paranoïa et d'angoisse absolue. Il se souvient de sa vision floue, de ses membres tremblants, de cette impression d'être sur le point de mourir. Ça pourrait parfaitement venir d'un rêve. Il en a fait des pires. Le problème qui reste, en revanche, c'est qu'il n'a aucun souvenir de s'être couché.


Quand il arrive dans la grande salle, dix minutes plus tard, une seule table a été dressée. Alors, le cœur serré et une grimace d'appréhension qu'il a du mal à camoufler coincée au bord des lèvres, Harry la remarque immédiatement, la femme assise à côte de Pikines. Bibine. Son regard passe de la coach au professeur de défenses, avec qui elle discute, et son cœur se serre encore davantage. Est-ce déjà la fin de sa brillante carrière d'enseignant ? Et les équipes B, survivront-elles sans lui ? Il tarde à se remettre en route quand une voix, sur sa gauche, le sort de sa torpeur.

La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant