Chapitre 14 - Fuite et objectif

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Pendant les quinze jours qui suivent, Harry évite Severus comme la dragoncelle. Le moindre mot qui sort de sa bouche l'énerve. Le simple fait de penser à son compagnon le met hors de lui.

Il se rappelle toutes les épreuves qu'ils ont endurées avant de se trouver, toutes ces années de haine mutuelle. Toutes ces retenues, sans oublier les cris, les insultes, le meurtre de Dumbledore... Tout ça pour qu'il finisse par tomber amoureux de cette foutue chauve souris et qu'elle l'envoie balader. Merci bien. Ça en valait vachement la peine.

Le regard perdu dans les paysages enneigés du dehors, il rumine comme il en a pris l'habitude. De ses pas pressés il arpente les couloirs semi-déserts, à la recherche d'un endroit où on ne viendra pas le déranger jusqu'à l'heure de son prochain cours. Ainsi distrait, Harry ne remarque pas la silhouette qui se dresse devant lui et qui l'observe depuis de longues secondes, déjà. Quand il la percute, il grogne sans détourner la tête.

— Faites attention, un peu...

Il va contourner l'intrus, quand deux mains aussi larges que brusques l'agrippent par les épaules.

— Professeur Potter, vous auriez deux minutes à m'accorder ?

Sans attendre de réponse, l'ombre à la forte ossature l'entraîne à sa suite jusqu'à une salle de classe plongée dans la pénombre. Harry a juste le temps de croiser le regard surpris de deux de ses élèves avant que la porte se referme entre eux. Il n'a même pas eu le temps de leur faire signe d'aller chercher du renfort.

— On doit parler, énonce la voix dans son dos et Harry fait volte-face.

— Je ne vois pas ce qu'on pourrait avoir à se dire, Professeur Pikines.

— Vraiment ? fait mine de s'étonner la sorcière. Ça fait deux semaines entières que vous prenez vos repas seul dans votre chambre et que vous n'adressez la parole à personne, et vous allez essayer de me faire croire que tout va pour le mieux ?

Le visage plongé dans l'ombre, Harry grimace.

— Qu'est-ce que ça peut vous foutre ? Vous avez été nommée directrice ?

— Je vous en prie, vous savez que Minerva a déjà tenté à trois reprises au moins d'avoir cette conversation avec vous, mais que vous avez fuit comme un lâche à chaque fois.

Piqué dans son orgueil, Harry bondit dans sa direction, les joues aussi rouges que les veines qui strient ses yeux jadis d'un si beau vert.

— Un lâche, moi ? Vous avez entendu parler de mon rôle dans la guerre contre Voldemort ?

Nullement impressionnée, Pikines se contente de hausser les sourcils avant de croiser les bras sur sa poitrine.

— J'ai entendu parler d'un jeune homme au destin trop lourd. Un jeune homme humble qui ne se serait pas vanté de ce rôle qui lui a été imposé. Et c'est encore ce que vous étiez quand je vous ai rencontré. Mais à en croire le melon que vous avez pris, il semble ne rien en rester. Vous avez un problème, Harry. Je le vois, tous vos collègues le voient. Vos élèves le voient et ils seront bientôt en vacances. Vous avez vraiment envie de voir vos sautes d'humeur faire la une des journaux, une fois encore ?

Harry a un mouvement de recul teinté d'une grimace. Ce qu'il peut détester cette foutue bonne-femme.

— Vous comptez les contacter ?

— Ne m'insultez pas ! gronde Orlanda. J'ai en horreur ces charognards qui composent l'entièreté de la presse sorcière d'Angleterre, mais nos élèves n'auront pas tous cette retenue. Alors, maintenant, expliquez-vous.

La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant