Chapitre 22 : Retour et manque

109 8 2
                                    

Le début du mois de janvier signe la fin des vacances et c'est avec un mélange d'excitation et d'appréhension qu'Harry réintègre ses appartements au château. Sa consommation de potion a été très inégale au cours de quinze derniers jours et cette situation a eu un effet délétère dans ses réactions et ses interactions. Quand il a compris que Severus ne comptait pas rentrer à l'école en avance, il s'est efforcé de diminuer la dose, mais certains matins, lassé de son comportement instable de la veille, il n'a pu se retenir d'en boire une entière.

Au rythme d'une à trois fioles par jour, ses réserves se sont épuisées, et c'est donc en sevrage forcé depuis près de vingt-quatre huit heures qu'il vient déposer sa malle chez lui. Les elfes auraient pu le faire, mais il a prétendu vouloir installer immédiatement son nouveau tapis acheté sur le Chemin de Traverse quatre jours plus tôt pour pouvoir se retrouver enfin un peu seul.

Ses bagages abandonnés dans l'entrée, il se laisse tomber dans un fauteuil. La tête lui tourne, ses mains tremblent et sa poitrine, qui s'élève et s'abaisse à toute vitesse, lui fait mal. Même du temps où il avait arrêté le quidditch, il n'a jamais été dans une condition physique si misérable que le simple fait de monter les escaliers lui apparaisse comme une épreuve. Pour tenter de calmer son cœur affolé, il inspire profondément. Les mains posées à plat sur le torse et les yeux fermés, il se force à l'apaisement. Quand il les rouvre, la respiration à peine plus maîtrisée, il se rend compte que ses yeux ne parviennent plus à faire la moindre mise au point malgré les lunettes qu'il porte sur le nez.

Il a besoin de sa potion ou il va retourner faire un tour à l'infirmerie. Peut-être qu'il lui en reste quelque part ? Après tout, il en a caché partout au début des vacances, il en a peut-être oublié une fiole quelque part. Prenant appui sur ses bras rendus malhabiles par les tremblements, Harry se relève et se met à tituber dans le salon minimaliste. Ses tiroirs sont vidés, son armoire fouillée, jusqu'aux poches de ses quelques capes qui sont retournées.

Rien.

Nulle part.

Il n'est pas plus avancé. Sauf que maintenant, on jurerait qu'il a été cambriolé.

En plus, son cœur ne s'est pas calmé. Pire, ce semblant d'activité l'a rendu erratique. Désormais nauséeux, Harry prend appui sur le dossier du fauteuil. L'intérieur de son cerveau pulse contre les os de son crâne et il se demande : est-ce que les escaliers sont vraiment responsables de son état ? Est-ce qu'il n'est pas comme ça depuis hier, déjà ? Il secoue la tête et le regrette aussitôt quand un haut-le-cœur lui fait courber l'échine un peu plus. Non, pas à ce point-là, il n'aurait pas pu le cacher.

Depuis que la potion est venue à lui manquer, il se tâte à en parler à Severus. L'homme désapprouvera, ça ne fait pas l'ombre d'un doute, mais s'il voit son désespoir, il lui en brassera forcément. Parce qu'il doit savoir de quoi il s'agit et comment on en fait. Seul un génie peut la reproduire, a dit Ron, mais c'est justement ce qu'est Severus, un génie des potions.

La tête qui lui tourne le force à se plier en deux contre le dossier du fauteuil. Un génie ? Oui, c'est ça, un génie. Mais pour réaliser quelle potion, déjà ? Celle dont il a besoin, vraiment ? Non. Ron a parlé d'une drogue étrange et dangereuse. Rien à voir avec sa potion.

Harry est très fatigué, tout d'un coup. Ses mains tremblent plus fort qu'après sa chute sur le loch gelé. Il voudrait fermer les yeux et dormir un peu, mais ses paupières papillonnent, refusent de rester fermées malgré leur lourdeur. Les alternances ombre/lumière que ça occasionne ne font qu'aggraver sa nausée et le rebord du dossier qui lui compresse l'estomac ne fait rien pour le soulager.

Il faut qu'il dorme un peu. Oui, c'est ça. Il va aller se coucher. Tant pis s'il n'est pas encore midi. Réunissant ses dernières forces, il s'écarte du fauteuil et vacille sur quelques mètres avant de tomber à genoux. Sur son front, d'énormes gouttes de sueur se sont formées. Elles glissent jusqu'à ses yeux, rendent sa vision plus trouble encore. Un ultime haut le cœur lui fait rendre son petit-déjeuner et une pensée stupide s'impose à lui. Heureusement qu'il n'a pas encore installé son nouveau tapis. Ça évitera aux elfes d'avoir à les détacher.

Vautré bien plus qu'assis devant ce désastre, il se sent épuisé. Ses jambes se sont jointes à ses mains et tremblent à leur tour. S'il ne s'est pas encore évanoui, ce n'est que parce qu'il a sucé jusqu'à la dernière goutte de chaque fiole en sa possession ce matin même. Quinze fonds de bouteilles. Ça n'a pas dû être très discret. Si seulement Severus l'avait surpris, peut-être qu'il n'en serait pas là, en cet instant. Sur ses joues, les larmes se mêlent à la sueur. De frustration, de rage, de manque. Il a besoin de cette foutue potion ou il va crever là, comme un junkie en manque.

Animé de cette nouvelle résolution – celle de courir à travers tout le château à la recherche d'un dernier flacon, de retourner voir Severus pour qu'il lui en brasse une sur le champ, ou peut-être juste de survivre malgré tout – il se met en devoir de se remettre debout. Ses membres tremblotants n'y mettent à aucun moment du leur et il échoue à quatre reprises avant de parvenir à se hisser sur ses guibolles. Maladroit, il fait un pas, puis un autre, puis s'effondre à nouveau. À deux mètres à peine de la porte, il sent une rage nouvelle l'envahir. Depuis quand n'est-il même plus capable de se déplacer ? Qui lui a jeté un sort ? Qu'il se dénonce, le lâche !

Sa main va chercher sa baguette qu'il commence à agiter en tous sens, inconscient du foutoir qu'il met tout autour de lui. Les cadres au mur se décrochent et chutent. Certains se brisent sous le choc, occasionnant pléthore de cris et de plaintes de la part de leurs résidents. Les vêtements qu'il a dispersés lors de sa recherche s'envolent en tourbillons bariolés qui viennent fouetter les murs, s'accrochent aux clous orphelins et se déchirent en lambeaux de plus en plus longs.

Sa magie, retournée à l'état sauvage, lui échappe. Elle se déverse à travers sa baguette, ne laisse que chaos et dévastation sur son passage. Le vacarme dans ses oreilles est tel, qu'il n'entend pas les coups frappés à la porte. Quand une haute silhouette encapuchonnée fait son entrée dans son champ de vision, son premier réflexe est de l'attaquer, mais avant d'en avoir eu l'occasion, une chaude lumière dorée recouvre tout son champ de vision et il tombe dans l'inconscience.

**

Hey les gens !

Les derniers chapitres étaient plutôt courts, mais les suivants devraient être plus longs.

Aussi, tant qu'on y est, petit point écriture.

Les chapitres 23 à 31 sont écrits (mais pas corrigés), et lors de mon heure de jogging d'il y a deux ou trois jours, j'ai débloqué les six ou sept suivants.
On est encore ensemble pour un moment, j'en ai peur ^^"


La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant