Chapitre 27 - Sous-sol net prises de têtes

95 10 4
                                    

S'il n'avait pas déjà vécu beaucoup de situations anxiogènes dans sa courte existence, Harry aurait crié. Il aurait peut-être même attaqué sans réfléchir. Mais si ces années de conflits lui ont appris une chose, c'est à rester calme, même dans les pires moments. Alors, au lieu de ça, il fait briller sa baguette plus fort et envoie sa boule de lumière jusqu'à l'inconnu. Celui-ci, hélas, lui tourne le dos. Il est mince, presque maigre, ses épaules sont voûtées et ses cheveux mi-longs et sales semblent avoir été blonds un jour.

— Qui êtes-vous ? demande Harry, sur ses gardes. Que me voulez-vous ?

Le rire qui lui répond fait se dresser tous les poils de son dos.

— Je suis vexé que tu ne m'aies pas reconnu, s'amuse son hôte.

Mais ce n'est plus vrai, car il l'a enfin reconnu. Ce rire pincé et nasillard qui vous donne l'impression d'être un cancrelat sur le point de se faire écraser, c'est lui qu'il n'a que trop bien reconnu.

— Malfoy...

Dans la lumière de son lumos, le jeune homme se retourne et Harry peut voir son feu se refléter dans les yeux gris. Son visage émacié est sale, ses cheveux aussi, et il n'y a pas si longtemps, il n'aurait laissé personne le voir dans des vêtements aussi mal ajustés, tachés et déchirés. Aujourd'hui pourtant, rien de tout ça ne semble l'inquiéter. Quand il marche vers lui, Malfoy redresse les épaules et Harry reconnaît son port altier et arrogant. Même dans des loques de paysans ce petit con reste princier. Quelle injustice.

En fait, même diminué comme il l'est, le Malfoy qu'il a sous les yeux lui semble en bien meilleure santé que l'ombre de lui-même qu'il était il y a quelques mois, lors de l'attaque du ministère. Et d'ailleurs, en parlant du ministère...

— Mais... tu n'es pas à Sainte Mangouste ?

Drago soupire en levant les yeux au ciel et Harry se renfrogne. Qu'on l'excuse de ne pas être au courant de tout ce qui se passe dans le monde.

— C'est pour ça qu'ils empêchent quiconque de te voir ? insiste-t-il. Parce que tu leur a échappé ?

Le sourire en coin qui lui répond agace Harry plus encore que la simple présence de Drago. Ce petit con ne changera jamais. Au contraire, il prend à malin plaisir à enfoncer le clou.

— Toujours aussi lent à la détente, Potter.

Mais avant qu'Harry n'ait pu répondre, Drago continue.

— Je vais pas te bouffer, et je te jetterai pas de sort non plus, alors vient te mettre au sec, pour l'amour de Merlin. Tu es ridicule à rester là.

En toute autre circonstance, le coup d'œil dégoûté qu'il jette à son pantalon couvert de boue aurait suffi à Harry pour faire demi-tour, repasser à travers le trou dans le plancher et disparaître. Après tout, si Malfoy est heureux de patauger dans une cave inondée, à bouffer des rats, qui est-il pour tacher de l'en dissuader ? Seulement il n'est pas arrivé ici par hasard, il s'est donné une mission. Et si cette rencontre imprévue a failli la lui faire oublier, les tremblements dans ses mains suffisent à le remettre sur les rails. Alors il piétine, éclabousse un peu plus son pantalon et ses chaussures de moins en moins étanches de boue répugnante. La main agrippée à sa baguette, il l'interroge.

— C'est toi qui fournis ces potions à Flitwick ?

Drago s'est reculé pour le laisser passer, mais voyant qu'il ne quitte pas son marais, il revient se poster sous l'arche de pierre qui mène aux espaces plus secs et habitables.

— Je n'ai pas la moindre idée de ce dont tu parles, nie-t-il en enfonçant les mains dans ses poches.

— La chouette m'a amené ici, explique Harry. Alors ne me mens pas ! Si ce n'est pas toi, c'est la personne qui vit ici avec toi.

La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant