Pour ce que la nuit fut aussi douce que folle, le réveil, lui, est lourd et douloureux. L'effet de la potion dissipé, Harry se lève courbaturé, le corps bouillant, le cerveau en ébullition. Il doit s'y reprendre à trois fois avant de parvenir à s'extirper du lit et titube jusqu'à la cuisine où se trouve Severus, affairé devant un nouveau chaudron.
— Bien dormi ? s'enquiert celui-ci sans relever la tête, juste conscient de l'arrivée de son amant grâce au son de ses pieds frottant contre le plancher.
Au vu de leurs acrobaties de la nuit, il se serait attendu à un débordement d'énergie dont le jeune Griffondor est désormais coutumier. Ou peut-être à un bâillement sonore, témoin d'une fatigue plus que légitime. Devant le peu de réaction suscitée par sa question, pourtant, il relève les yeux de son chaudron. Harry est arrêté au milieu de la pièce, les yeux cernés et injectés de sang, il vacille sur ses jambes dénudées. Il n'a pas un regard pour Severus, ne semble même pas avoir conscience de sa présence.
Alors, sur le sol de la cuisine, la fiole que l'homme tenait entre ses doigts s'écrase sans un bruit. Les morceaux de verre se répandent dans toutes les directions et le liquide opalescent qu'elle contenait s'évapore comme au ralenti, en de denses volutes irisées. Sous le regard médusé d'un Rogue qui a perdu le peu de couleur qu'il possède, Harry vient de s'évanouir.
Les trois jours qui suivent, le jeune entraîneur délire, alité à l'infirmerie. Severus vient le voir entre chacun de ses cours, mais son état, loin de s'améliorer, semble au contraire empirer à chacune de ses visites. Alors, le matin du quatrième jour, il est décidé de l'envoyer à Sainte Mangouste. La cheminée de l'infirmerie est raccordée au réseau et le lit du patient y est installé sous les regards inquiets de Madame Pomfresh ainsi que des professeurs McGonagal, Rogue, Pikines et Flitwick.— Son état m'inquiète, avoue la professeure de défense.
— C'est arrivé si soudainement, embraie Minerva.
— C'est peut-être une maladie moldue, propose Filius. Leur santé est si fragile. Peut-être que le fait qu'Harry soit un sang-mêlé...
— Ne soyez pas ridicule ! gronde la voix de Rogue alors qu'il s'avance dans l'âtre avec son compagnon.
Appuyée à la tête d'un lit inoccupé, Pikines secoue la tête.
— Je ne pensais pas à ça, Filius, plutôt au fait que ce soit arrivé juste après le match de dimanche.
La poudre de cheminette s'écoule à travers ses doigts pourtant serrés aussi fort que possible de Severus et il la dévisage d'une mine approbative.
— Ça vous a marqué aussi ?
— Il aurait été difficile de faire autrement.
Le pot de poudre de cheminette encore dans les mains, Pompom les toise tout deux et soupire.
— Vous discuterez de ça plus tard ! Severus, dépêchez-vous, ce pauvre garçon est sur le point de reprendre conscience. Ses divagations pourraient renseigner les médicomages. Tenez, reprenez un peu de...
Avant qu'elle n'ait pu terminer sa phrase, une explosion retenti et la pièce est plongée dans le noir le plus total. Le professeur Flitwick émet un petit cri de surprise, tout comme le directrice. Un juron agacé résonne dans le conduit de cheminée et le pot de poudre de cheminette échappe à Mme Pomfresh tandis qu'elle s'écrie qu'on vient de la bousculer.
Il ne faut que quelques secondes pour que l'épaisse fumée magique se dissipe, mais le spectacle que découvrent les quatre sorciers alors qu'elle s'estompe juste assez pour leur permettre de le deviner, les rend tous muets.
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La complainte de la Vouivre (Snarry)
Fanfiction/!\ Ce livre est la suite des larmes du Phénix. Ne le commencez pas sans avoir lu le premier tome, au risque de ne rien comprendre /!\ Le résumé comporte des spoilers sur les larmes du Phénix. Vous voilà prévenus, les gens. Après la Bataille du M...