Chapitre 24 - Hibou et vol plané

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Marre de ses poussées de colère. Qu'est-ce qui lui a pris d'envoyer chier Rogue comme ça ? Pour rien, en plus.

Après la scène dont il se serait bien passé, Harry est sorti voler. Il est rassurant de voir que cette activité est à nouveau en mesure de le calmer, mais il serait encore plus agréable de ne plus avoir besoin d'un moyen de se calmer. Surtout pour rien. Il est à espérer que de nouveaux flacons auront fait leur apparition devant sa porte d'ici à demain matin, parce qu'il sent qu'il est susceptible de s'emballer à nouveau à la moindre contrariété.

Tandis qu'il remonte l'allée qui le mène au château, il peut voir, ci et là, les traces laissées par les kneazles dans la neige. Il s'est montré grossier envers les petits félins une heure plus tôt, si bien qu'ils ont tous migré de l'autre côté de l'école. Ou qu'ils ont appris à se faire plus discrets.
Il faut dire que les bestioles se comportaient de la plus suspecte des façons, comme si elles étaient toutes bien décidées à le surveiller. Or, il n'a plus quinze ans et sa vie n'est plus menacée par un mage noir aussi fou que laid, alors Minerva serait bien inspirée de ne pas tenter de s'immiscer trop profondément dans son intimité, ou sinon, il s'arrangera pour qu'elle assiste à un spectacle dont elle ne pourra jamais se remettre.

Harry va contourner la volière quand du mouvement attire son attention. Là, rejoignant le parc par l'escalier couver de fiente, il reconnaît le petit professeur de sortilèges. À deux cents mètres de là, un point brun s'éloigne en battant des ailes, à peine illuminé par un faible rayon de lune. Sans réfléchir, Harry enfourche son balai et part à la poursuite de l'animal. Cette fois il n'y a pas d'erreur possible, ce maudit oiseau vient d'être envoyé par Flitwick et il a enfin une chance de l'intercepter.

Il file, concentré sur sa cible qui aura bientôt atteint la barrière de l'école. Pourvu qu'il l'attrape avant, il est à peu près certain qu'une alarme résonnera dans le bureau de la directrice s'il doit la dépasser. La chouette vole à vive allure, mais face à l'un des meilleurs – si ce n'est LE meilleur - attrapeur que Poudlard ait connu, elle ne fait pas le poids. La distance entre eux s'amenuise si vite qu'Harry est désormais certain qu'il l'atteindra avant qu'elle ne quitte l'école. Le vent siffle à ses oreilles et le monde autour de lui n'est plus qu'un imbroglio de formes floues indéfinies, seule compte encore sa cible, qu'il a verrouillée. Qu'est-ce qu'il aime cette sensation. Il tend la main quand il devient évident qu'il va la rejoindre et, déjà, un sourire s'étire sur son visage. Il compte uniquement lui ravir sa lettre. Après tout, une fois qu'il sera en possession de l'adresse du fournisseur de Flitwick, il pourra le contacter avec un autre oiseau.

Il est sur le point de la toucher, ses doigts tendus en direction de la patte crochue du rapace, quand celui-ci fait volte-face. Accompagné d'un cri perçant où résonne toute sa désapprobation, l'animal frôle sa tête, pique vers le sol puis repart en direction de la barrière.

Une fois sa stupéfaction passée – moins d'une seconde, en fait. On vous a dit qu'Harry était le meilleur joueur de quidditch que la terre ait jamais porté ? - Harry prend le volatile en chasse. Trois loopings, deux piqués en chandelle et une attaque aux yeux évitée de justesse plus tard, il referme enfin le poing sur le plumage brun. L'oiseau crie et se débat, mais l'attrapeur tient bon. Lancé comme il l'est, il ne remarque pas tout de suite que la barrière s'est autant rapprochée. Ce n'est que quand il la dépasse et que l'oiseau se retourne une fois de plus pour le pincer, qu'il réalise qu'il ne se trouve plus dans l'enceinte de l'école.

À peine a-t-il le temps de conscientiser l'information, qu'il se sent tiré par le nombril et qu'il se met à tomber dans un abysse de tourbillons et de terreur. Un instant plus tard, il se réceptionne sur l'épaule et roule sur lui-même pour se protéger de chocs encore à venir. L'oiseau lui échappe et s'envole, laissant dans son sillage une poignée de plumes froissées.

La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant