Dans la pièce aux murs blancs, le temps s'est arrêté. S'il n'y avait cette douleur constante dans son épaule, Severus commencerait à envisager qu'il n'est peut-être plus sur le même plan d'existence que le reste de l'Humanité. Mais la douleur qui le maintient éveillé et ses chaînes qui cliquettent à chacun de ses mouvements ont un goût trop réel pour qu'il les confonde avec un rêve. La luminosité n'a pas changé d'un iota depuis qu'il est enfermé dans cet enfer blanc. Agressive, elle lui use les rétines, transperce ses paupières, même quand il les ferme brièvement, à la recherche d'un peu de repos.
La fatigue a creusé de sombres cernes sous ses yeux et il craint que la pression qu'il sent croître dans sa vessie depuis de trop nombreuses heures ne finissent par avoir raison de sa parfaite maîtrise corporelle. Plusieurs fois, il a tenté de se libérer grâce à la magie, mais les protections dans lesquelles il est prisonnier n'ont pas faibli. Alors, il attend, et il espère que son idiot de petit ami, tout boudeur qu'il soit, finisse par remarquer son absence.
Quand la porte s'ouvre enfin, c'est avec une violence qui dénote de l'extrême mauvaise humeur de la personne qui l'a poussée. Au-delà de l'encadrement, il n'y a qu'un abîme d'obscurité d'où provient un tumulte de voix mêlées d'insultes et de cris. Severus ignore s'il peut attendre de l'aide de l'une de celles-ci, jusqu'à ce qu'une exclamation de surprise perce le brouhaha ambiant.
— Professeur Rogue ! Nous sommes venus dès qu'on a compris...
La jeune sorcière qui se précipite pour le libérer porte un tailleur et un chignon strict, si bien qu'il ne la reconnaît pas tout de suite. Elle a le temps de faire disparaître les chaînes et de lancer un sort de diagnostique sur son bras avant qu'il ne comprenne qui il a en face de lui.
— Granger ? Par Salazar, quel jour sommes-nous ? J'ai l'impression d'être resté ici une semaine et demie.
Les yeux rivés sur le parchemin qui vient d'apparaître entre ses mains, elle secoue imperceptiblement la tête.
— Mardi soir, professeur.
Un jour et demi. C'est moins qu'il ne l'a craint, mais c'est tout de même très long. Pourquoi est-ce que ça a pris tant de temps ?
— C'est Harry qui a donné l'alerte, je suppose ? grogne-t-il, vexé qu'il ait attendu si longtemps pour le faire.
Mais la sorcière secoue la tête, l'air surpris, puis désolé.
— Le professeur McGonagall. Votre épaule vous fait mal ? Ne bougez pas, s'il vous plaît.
Il n'a même pas le temps de répondre, qu'elle lance un sort dans sa direction. Il ne faut qu'une poignée de secondes pour que la douleur dans son épaule recule et trois de plus pour qu'il se retrouve avec le bras en écharpe.
— Je n'ai pas encore eu le temps de passer mon brevet de premiers soins magiques, s'excuse-t-elle, mais ce bandage devrait vous aider à tenir jusqu'à ce que vous voyiez un médicomage
Severus la remercie d'un grognement absent. Alors Harry n'a pas remarqué son absence. À moins qu'il l'ait remarquée et n'en ait rien eu à faire. Ce gamin va le rendre dingue. Quelle foutue tête de Gryffondor.
Dans le couloir, la voix énervée que Severus a entendue à l'ouverture de la porte s'est refait entendre et il comprend que s'il ne l'a pas reconnue tout de suite, c'est parce qu'il n'avait encore jamais entendu cette voix crier. Ainsi, quand le sorcier qui en est à l'origine passe à son tour la porte Severus est surpris de voir les muscles de sa mâchoire contractés et ses poings serrés.
— Severus ! C'est inacceptable ! Je viens seulement d'être mis au courant de tout ce qui s'est passé et je te dois des excuses.
Severus l'arrête d'un mouvement de la main. Il y a plus urgent que des excuses, viennent-elles du premier ministre en personne. Sortir de cette pièce pour vider sa vessie, par exemple.

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La complainte de la Vouivre (Snarry)
Fanfic/!\ Ce livre est la suite des larmes du Phénix. Ne le commencez pas sans avoir lu le premier tome, au risque de ne rien comprendre /!\ Le résumé comporte des spoilers sur les larmes du Phénix. Vous voilà prévenus, les gens. Après la Bataille du M...