Chapitre 10 - Hiboux et suspicion

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Bien qu'il ait passé la totalité de son dimanche à dormir, Harry met au final quatre jours de plus à se remettre de ses deux journées d'hyper-activité. L'envie de reprendre de la potion pour gommer son état de molitude absolue le travaille, mais quand il interroge Flitwick à son sujet, le petit professeur refuse de lui en donner la composition exacte.

— C'est une potion compliquée à brasser, Harry. Je me la procure par correspondance et le potioniste qui les vend n'a jamais accepté d'en révéler la composition. Il n'accepte pas non plus de nouveaux clients. Je suis désolé, ajoute-t-il avant de s'enfuir quand il voit qu'Harry s'apprête à lui poser d'autres questions.

C'est extrêmement suspect, mais son état encore vaseux le dissuade de le pourchasser ou d'insister d'une quelque façon que ce soit. Pendant les jours et les semaines qui suivent, pourtant, Harry se met à surveiller de plus près les actions du professeur de sortilèges, en particulier les allées et venues d'un gros hibou brun reconnaissable par les trois plumes blanches qui entourent son œil droit.

L'animal apparaît environ une fois par semaine, toujours avec un petit colis accroché à l'une de ses pattes griffues. Il le dépose devant Flitwick et repart sans rien emporter, ce qui signifie que Filius envoie son paiement avec un autre oiseau. Et effectivement, il ne faut que quelques jours supplémentaires à Harry pour repérer le moment – très tôt le matin – où le petit homme se rend à la volière avec un paquet bien plus petit à la main.

Désireux d'en apprendre plus, car il soupçonne désormais que ce trafic n'est pas des plus légaux, Harry profite d'une de ses matinées d'observation pour rejoindre Flitwick dans la volière, avec lui aussi une lettre soit disant urgente à envoyer.

— Professeur, s'annonce-t-il en pénétrant dans la tour malodorante car recouverte de fiente. C'est rare de vous croiser ici, surtout si tôt. Il ne s'est rien passé de grave, j'espère.

Le petit homme, surpris, sursaute et laisse tomber sa précieuse lettre par terre.

— Harry ! Par Merlin, vous m'avez fait peur !

Il tente bien de camoufler sa nervosité sous quelques rires, mais déjà, Harry s'est baissé devant lui et se redresse, la missive entre les mains. Il a à peine le temps de déchiffrer les deux dernières lignes que Filius la lui arrache des mains. Des grosses gouttes de sueur perlent sur son large front et il peine à contrôler les tremblements de ses mains noueuses.

— Merci, le congédie-t-il d'un ton sec qui ne lui ressemble pas. Rien de grave, non, ne vous en faites pas. Juste une petite commande pour la fête qui se prépare.

— La fête ?

— Mais oui. Le premier match de l'année. Votre maison contre la mienne. Vous n'avez pas pu oublier, pas alors que vous êtes celui qui les a tous entraînés et qui arbitrera.

Harry se ressaisit aussitôt. Bien sûr, le premier match. Celui des équipes officielles, pas des remplaçants. Il ne l'avait pas oublié, bien entendu – surtout qu'il s'agit du premier match de sa vie qu'il aura à arbitrer – mais le morceau d'adresse qu'il a pu lire sur le parchemin, occupe toute sa capacité d'attention.

Le Chemin de Traverse. Peut-être qu'il s'est monté la tête pour rien et que cette potion n'a rien d'illégal. Si au moins il s'était agi de l'Allée des Embrumes, mais même pas. Le Chemin de Traverse. Qui irait faire du trafic illégal sur le Chemin de Traverse, par Merlin ?

— Harry, vous allez bien ?

Le temps qu'il y réfléchisse, le professeur a eu le temps d'envoyer son hibou. Harry n'a même pas vu à quoi l'animal ressemblait. Pas qu'il envisage de le capturer pour s'emparer de sa lettre, cela dit. Pas vraiment. Mais du bas de la tour, il n'a jamais été en mesure de s'assurer que le petit professeur utilisait toujours le même oiseau.

— Tout va bien. Excusez-moi, je crois que je suis encore un peu fatigué.

— C'est vrai qu'on ne vous voit jamais aussi tôt en dehors de vos appartements.

Ou de ceux de Severus. Bien que le professeur ne prononce pas ses mots, ils semblent flotter autour d'eux, accusateurs et un peu dégoûtés.

— C'est vrai, se force à sourire Harry. J'ai un faible pour les grasses matinées. Mais j'en déduis que vous êtes plutôt du genre lève tôt, alors ?

— Tout à fait, s'enorgueillit Flitwick, flatté. Et c'est même préférable quand on souhaite enseigner. Vous devriez vous en souvenir.

Et sur cette critique à peine voilée, il s'éclipse, laissant le jeune entraîneur désorienté au centre de la volière, sa propre lettre à la main.

Il faut quelques secondes à Harry pour revenir à l'instant présent. Est-ce que les effets de cette potion ne se dissiperont jamais totalement ?

Appelant à lui un grand hibou entièrement noir, il fixe la lettre à sa patte et le porte jusqu'à une fenêtre pour qu'il puisse prendre son envol. Avec un peu de chance, Ron a enfin commencé son module de potions avancées, et il pourra le mettre en contact avec une personne susceptible de répondre à ses questions.

Il sait qu'il devrait en parler à Severus, mais il a conscience que son compagnon estime beaucoup le professeur Flitwick et il s'en voudrait de le rabaisser à ses yeux si celui-ci a bel et bien un problème d'addiction ou de trafics illégaux.

Mieux vaut qu'il se renseigne auprès d'une source neutre.
Tant qu'à faire, il va aussi contacter les boutiques de potions du Chemin de Traverse. Si cette potion provient bien de l'une d'entre elles il ne devrait avoir aucune difficulté à s'en procurer, aussi compliquée soit-elle à brasser.

**

Woah !

Désolé, les gens, ce chapitre est ultra court et en plus il arrive en retard. Il se peut que je n'ai pas vu passer le week-end...

Aussi, j'ai eu une idée d'OS d'été (Snarry, bien sûr, sinon je ne vous en parlerais pas), mais ça m'embête un peu de le commencer alors que je n'ai pas terminé cette histoire (et que je dois finir ma réécriture de Manoir Wand avant le 9 août...) Du coup, je ne sais pas si je vais me laisser tenter ou pas.

Ça vous intéresserait ? Dites-moi ce que vous en pensez.
Ça devrait être aussi court qu'Avant que le moment ne soit passé.

Des bisous.


La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant