Chapitre 19 : Glace et feu

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Harry ne parvient pas à se retrouver seul avec Ron avant de repartir pour le loch. Tout l'avant-midi, il tente de le faire parler, mais la présence de sa famille empêche le rouquin de lui livrer les dernières informations en sa possession.

— Je passerai chez toi dans un jour ou deux, lui glisse-t-il juste avant qu'Harry ne transplane, après le copieux déjeuner de Mrs Weasley.

— Et si tu m'envoyais un hibou, plutôt ?

Ron secoue la tête, désolé.

— Je ne peux pas mettre ça par écrit, c'est trop grave. Et Andrés m'a demandé de ne pas le faire. Si le hibou se faisait intercepter... Non, on ne peut pas prendre ce risque. Trop d'ex-mangemorts seraient ravis d'apprendre l'existence de ce truc.

Harry grogne de frustration et coule un regard en direction de Severus. L'homme, droit comme un I, échange quelques mots avec Molly, mais Harry sait qu'il n'attend que lui pour fuir le bruit et l'animation du Terrier.

— Traîne pas trop, alors, marmonne-t-il. Ce suspense me tue.


Ils ont à peine déposé leurs légers bagages dans leur chambre que Severus propose une sortie à Préaulard pour se ravitailler. C'est qu'ils ont terminé leurs provisions le jour précédent, et malgré le festin qu'il ont ingurgité au Terrier, ils ne tiendront pas sur son souvenir jusqu'à la rentrée.

— J'ai envie de voler un peu, prétend Harry, mais vas-y, toi. De toute façon, on sait tous les deux que tu vas traîner des heures à la librairie et que je vais m'y ennuyer.

Il est devenu si doué en mensonges que s'en est inquiétant. Enfin, que ça pourrait en devenir inquiétant. Si ça devenait une habitude. Ce qui n'est nullement le cas. Là, tout ce qu'il veut, c'est deux minutes hors de toute supervision. Juste deux minutes pour tenir le reste de la journée.

Cinq minutes après le départ de Severus, Harry enfourche son balai l'esprit plus léger. Le loch gelé lui donne l'impression d'une immense toile vierge, et pendant près d'une heure, il l'effleure de son fagot, y dessinant des sentiers et autres arabesques alors que son esprit, qu'il tache de vider, est bien vite occupé par des considérations à mille lieux du présupposé zen de l'activité.

Il s'est contenté d'un quart de fiole, il y a une heure, il en a de toute façon pris une entière ce matin même, pourtant le manque se fait déjà ressentir. Il est tenté de rejoindre la maison pour en descendre une de plus, mais il craint de voir son stock diminuer trop vite. Il en a déjà abusé ces derniers jours et il ne faudrait pas qu'il tombe à court avant leur retour à Poudlard.

Il va prendre un peu de hauteur, lassé par son atelier mandala, quand il remarque que le manche de son balai oscille rapidement de gauche à droite. Craignant une panne, il resserre sa prise, mais au lieu de calmer le mouvement, il le voit s'intensifier. Inquiet, cette fois, il veut rejoindre la berge, mais n'en a pas le temps. Sans qu'il n'y soit pour rien, le balai vire de bord. Il zigzague un instant, jusqu'à forcer Harry à lâcher le manche. Le jeune homme pense pouvoir rester en place sans les mains, après tout, il l'a déjà fait plus d'une fois, mais alors qu'il anticipe un virage sur la droite, il sent le balai vibrer plus fort entre ses cuisses et choisir l'autre côté. La chute est si rapide qu'il n'a même pas le temps de se rouler en boule. Son dos cogne fort contre la couche de glace au moment de l'impact et ses yeux se voilent quand son crâne en fait autant. Et alors qu'il n'est plus en contact avec son balai, ses membres tremblent toujours. Pire, tandis qu'il essaie de se relever, l'intérieur de son crâne se transforme en coton et, lentement, Harry se sent sombrer dans l'inconscience. Son corps est pris de spasmes et la mousse qui s'écoule de sa bouche entrouverte vient se mêler au givre du sol glacé.

La complainte de la Vouivre (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant