NEREA

43- DIX NEUF

NEREA

1 mois aujourd'hui que Juan est parti.

1 mois que je n'ai plus mes repères.

1 mois que je suis enfermé dans ma chambre.

1 mois que ma vie s'est arrêtée.

Au même moment que son coeur a cessé de battre.

Je n'ai plus la force de rien faire, plus l'envie. Je voudrai qu'on mette un terme à mes souffrances pour ne plus avoir à endurer ce que mon coeur et ma tête me font.

Chaque nuit, je me réveille à cause du même cauchemar.

Chaque nuit, je vois ses yeux me regarder, me donner leurs dernières lueurs de vie.

Chaque nuit je le vois tomber à mes pieds.

Chaque nuit je me rappelle de la sensation de son corps qui se refroidi sous mes mains.

Et à chaque fois je me réveille en ayant l'impression d'avoir son sang sur les mains. Alors comme chaque matin depuis 1 mois, je me lève et me lave les mains une quinzaine de fois pour que ce sang disparaisse.

J'ai l'impression de l'avoir en moi, qu'il s'est imprégné de chaque parcelle de mon corps. Et je me dis que c'est seulement le prix de sa mort.

Je paie aujourd'hui la mort de Juan, parce que si il est mort c'est bien à cause de moi.

Et j'ai vraiment son sang sur les mains, alors peut importe le nombre de fois ou je vais les laver, j'aurai encore cette impression.

Je n'arrive plus à me regarder dans le miroir, j'ai perdu tellement de poids depuis qu'on voit mes os.

Je passe mes journées à m'imaginer ce qu'aurait pu faire Juan aujourd'hui, à quel heure il m'aurait appeler et ce qu'il m'aurait dit. À quel moment il serait sorti voir ses amis et quand il passerai à table.

Je pense aussi au jour où il m'annoncerai que je vais bientôt devenir tata, ou bien inviter à son mariage.

Au jour où il me féliciteras quand sa sera mon tour, et l'idée même qu'il ne puisse pas le faire m'éloigne de l'intérêt à avoir des enfants ou même à me marier.

Qui est ce que je vais rendre fière maintenant ?

Dans quelques jours je fêterai mes 19 ans et ça sera la première fois de toute ma vie que Juan ne sera pas la première personne à me souhaiter mon anniversaire.

J'ai tellement mal, j'ai l'impression que cette douleur ne partira jamais, elle est constante. Je l'a ressens 24 heures sur 24.

Je dors peu, parce que je déteste me réveiller en faisant des crises d'angoisses, alors j'essaye tout les soirs de ne pas m'endormir.

Mais parfois la fatigue a raison de moi, et je me retrouve à me sentir mourir tout en étant impuissante.

Et je me dis que ça serai peut être bien parfois, que ces fichus crises d'angoisses servent à quelque chose et me fasse mourir.

Mais je sais bien que ça n'arrivera pas.

Alors je laisse mes journées passer, être pire les unes après les autres parce que je sais que rien ne pourra calmer ma douleur.

Alana est parti une semaine après. Elle est allée vivre en Californie, je suis contente pour elle, elle a toujours rêvé d'habiter la bas.

Elle m'envoie des messages tout les jours et m'appelle quand elle a le temps. Elle a trouvé un travail dans une entreprise de publicité.