J'observe la bruine tombée sur la ville au travers des vitres teintées du van qui nous conduira partout tout le week-end. Si ça n'avait tenu qu'à moi, on aurait fait un partenariat avec des loueurs de véhicules électriques pour sillonner la ville. Malheureusement, les célébrités américaines aiment rouler en van. Ne me demandez pas pourquoi, on m'a toujours imposé ce choix, alors j'exécute.
Le temps ne va pas être clément aujourd'hui, mais je ne suis pas réellement surpris. Et puis, j'aime la pluie. J'ai toujours eu une affection particulière pour l'automne et l'hiver. J'aime les étendues de campagne pleines de neige, j'aime rester sous la pluie pour la laisser s'imprégner en moi. Je suis bizarre, je sais. On me l'a dit, souvent. Et je ne laisse plus vraiment le terme m'atteindre : j'aime ce que j'aime et si ça n'est pas du goût des autres alors qu'ils aillent se faire voir. Voilà.
Mon regard se perd un instant sur les chevilles d'Aubrey, observant sa posture détendue. Mon regard passe de ses jambes fines à son visage. Ses yeux sont clos et je me demande à quoi il pense. Il ne dort pas, on vient à peine de partir. Il doit sentir mon regard car il ouvre les paupières et ses pupilles s'ancrent dans les miennes. Je détourne le regard et je me replonge dans mes notes, je les connais par cœur mais ça me semble plus juste. Je sens ses yeux sur moi encore quelques secondes et j'attends le commentaire tranchant.
Ça me fait mal au cœur de constater de mes propres yeux que les rumeurs sont vraies, qu'il est imbuvable et qu'il a pris la grosse tête. C'est douloureux pour moi mais je m'y étais préparé. Et puis, il n'a plus rien à voir avec la personne que je côtoyais sur les réseaux sociaux. Alors, je me plonge dans mes feuillets pour les quelques minutes restantes qui nous séparent du centre de convention. Quand on arrive, le chauffeur contourne le bâtiment pour passer par l'entrée dédiée aux artistes, celle qu'on a créée afin qu'ils évitent à la fois la foule mais aussi la pluie. Quand le véhicule s'immobilise, je m'avance pour ouvrir la porte et descend le premier, laissant le passage libre à Aubrey.
— Nous sommes arrivés, suivez-moi je vais vous guider jusqu'à la green room.
Je referme la portière derrière lui et me mets en marche jusqu'à l'espace VIP dédiée aux acteurs, une pièce construite entièrement pour être insonorisée et agréable. Un catering les attends, composé des meilleures pâtisseries sucrées et snacks salés qu'on a pu trouver. Je sais qu'ils sont toujours très sensibles à ce genre d'attention, même si la plupart du temps les acteurs n'y touchent pas, ce sont les agents qui dévorent les différentes pâtisseries.
— Et voilà, vous avez une interview dans 20 minutes donc vous avez le temps de vous installer avant que nous nous rendions en salle de presse.
Je vois son regard se lever vers moi. Ses yeux me sondent et il finit par observer avec une moue de dégoût la table où sont disposés les différents choix pour grignoter.
— J'ai besoin d'un Starbucks.
— Pardon ?
— Avant l'interview, je veux un Latte Macchiato au lait d'avoine avec deux shots de vanille.
— Je suis navré mais nous n'avons pas de Starbucks, je peux vous proposer du café, du thé, des jus de fruits ou...Je ne finis pas ma phrase parce que je suis interrompu par un profond soupir alors qu'il lève les yeux au ciel. Il enfouit les mains dans les poches de son jean et finit par s'avancer, il est si près que je peux sentir son parfum et son souffle sur mon visage.
— Dépêchez vous, je pense qu'il ne vous reste que 18 minutes avant l'interview, et je ne la ferai pas si je n'ai pas eu mon Latte Macchiato au lait d'avoine avec deux shots de vanille.
Un frisson me parcourt l'échine. Je dépose ma sacoche dans un coin de la pièce avant d'en sortir, le nez sur mon téléphone. Je parcours google Maps à la recherche du coffee shop le plus proche, qui est à sept minutes de voiture. Quel enfer. J'attrape à la volée le chauffeur qui nous est dédié, il m'observe d'un air désolé.
VOUS LISEZ
LoveCon - T1 - Kieran [Premier Jet]
RomanceKieran Parker travaille en tant que chargé de projet événementiel dans une convention londonienne spécialisée dans la pop-culture. Il adore son métier et ferait n'importe quoi pour gravir les échelons, ce que son boss a très bien compris. C'est ains...