Chapitre 27 - Kieran.

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L'hôtel que nous avons choisi avec Oakley est une chaîne bien connue dans laquelle notre entreprise à un compte client. C'est la seule raison qui nous a permis d'avoir un accès à ce niveau de confort. Ou alors je suis mauvaise langue, mais j'imagine mal Graham nous offrir autre chose qu'un motel miteux à l'extérieur de la ville s'il n'a pas d'avantages.

La première journée de convention terminée, nous avons regagné notre logement et nous sommes mis d'accord pour aller dîner à l'extérieur. Oakley a repéré un restaurant chinois qui lui semblait authentique et dont les avis sur Google donnaient l'eau à la bouche.

La douche d'après salon est toujours bienvenue. Ça chasse les particules de poussières et j'ai constamment l'impression de changer de peau lorsque je fais ça. Au vu des événements de la journée, j'ai besoin de me sentir bien et je sors une des tenues que j'ai emportées pour pouvoir m'habiller de manière un peu sexy. Je veux simplement être bien dans ma peau ce soir, et c'est tout ce dont j'ai besoin.

J'enfile ce chino beige qui me fait un cul parfait et je l'accompagne d'une simple chemisette blanche à manches courtes. J'assortis les bonnes chaussures et prends même une veste de blazer bleu claire pour compléter le look. Je m'observe dans un miroir et je souris, c'était ça qu'il me fallait. Je passe une main dans mes cheveux pour les ordonner comme j'aime qu'ils le soient et je rejoins mon collègue au bar à l'heure convenue.

Le restaurant était génial, le personnel était très accueillant et la nourriture était à tomber par terre. Malgré mon manque d'appétit du jour, je me suis régalé en goûtant plusieurs saveurs différentes. La conversation n'était pas désagréable non plus, nous avons évoqué des sujets qui n'avaient aucun rapport avec le travail et j'ai pu en apprendre plus sur la personne qu'il était, ses goûts et ses convictions. Et j'apprécie découvrir mes collègues en dehors du cadre de nos missions, c'est souvent très intéressant et je ne le regrette jamais. J'ai cependant abandonné Oakley au bar de l'hôtel après ça, parce que finalement se sentir sexy ne résout pas tout et que j'ai juste envie d'aller me rouler sous ma couette pour le reste de la soirée.

Je monte dans l'ascenseur, appuie sur le bouton pour monter, et attends que les portes se ferment. À peine sont-elles fermées qu'elles se rouvrent, dévoilant devant moi ces yeux si particuliers que je ne pensais pas voir là. Je me fige à nouveau, lui aussi. Il jette un œil à l'extérieur et fini par soupirer et entrer dans la cabine qui se met enfin en marche. Le silence qui règne dans l'habitacle semble durer des heures, mais Bree décide de le briser.

— C'est agréable de voir que tu es toujours en vie.

Abasourdi, je ne réponds pas tout de suite, avant de tourner la tête vers lui, les sourcils froncés et le regard noir.

— Tu l'aurais sû si tu avais pris la peine de me parler.
— Elle bien bonne celle-là, je t'ai laissé une chance et tu m'as refait le même coup.

Je sens un frisson de colère remonter le long de mon échine et j'avance pour enfoncer le bouton d'arrêt manuel de l'ascenseur.

— Qu'est-ce que tu fous.
— Oh non, tu vas pas me faire ce coup-là. Tu t'es foutu de ma gueule, t'as joué avec moi pour te venger, et tu me fais encore passer pour le méchant ? J'ai commis une erreur à l'époque qui était honnête, toi tu as volontairement décidé de me faire du mal.
— Te faire du mal ? Oh excuse moi je croyais que tu étais d'accord pour m'embrasser !
— Je ne vois pas ce que ça vient faire dans cette discussion.
— C'est toi qui dit que j'ai volontairement décidé de te faire du mal !
— Oui, tu t'es vengé en ne répondant jamais à mon message !
— Encore aurait-il fallu que tu m'envoies un message.

Je cligne des yeux et je penche la tête, perdu. Je l'observe, les sourcils froncés par l'incompréhension.

— Je t'ai envoyé un message.
— Oh c'est bon hein, pas à moi.
— Bree, je t'ai envoyé un message que tu as lu et auquel tu n'as jamais répondu. Jamais.

C'est à lui de se taire, je sors mon téléphone pour ouvrir notre conversation WhatsApp, celle dans laquelle trône seulement le message que je lui ai envoyé des mois auparavant. Il observe mon appareil sans un mot et je peux voir des dizaines de pensées passer à travers son esprit. Il sort son téléphone et fait défiler plusieurs fois ses conversations dans l'application et me montre qu'il n'a rien reçu. Je ne comprends pas pourquoi. Son numéro, c'est lui qui l'a entré dans mon téléphone. Il n'y a pas d'erreur possible.

— Pourquoi n'as-tu pas insisté ? Un seul message, Kieran...
— Parce que j'ai commencé par me dire que tu étais occupé, que tu avais autre chose à faire. Parce que je me suis dit que je ne devais pas te harceler, que j'avais fait le premier pas, que j'avais tenu ma promesse. Et puis parce que j'ai fini par me dire que tu te vengeais, et que je n'avais pas envie de me rendre encore plus ridicule.
— Comment as-tu pu croire un truc pareil ?
— Tu ne répondais pas, Bree, soufflai-je en tentant de dissimuler les tremblements dans ma voix. Vu notre passif à ce sujet, la manière dont tu m'avais traité au début du week-end, ouais, j'ai peut-être extrapolé et compris de travers. Mais tu ne peux pas me tenir responsable pour ça.

Je le sens hésitant, mais il finit par approcher doucement et glisser une main sur ma joue. Je frissonne légèrement à son contact et ferme les yeux, blottissant mon visage contre sa paume.

— J'aurais jamais fait une chose pareille. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé...
— Pourquoi tu n'as pas écrit, toi ?
— Parce que mon ego m'a dit que ça n'était pas à moi de faire ce premier pas, que cette fois c'était ton tour... Je suis désolé Kieran.

Je finis par rouvrir les yeux et je plonge mon regard dans le sien, à deux doigts de pleurer. Je maudis intérieurement le décalage horaire et les journées de salon qui mettent à rude épreuve mon émotivité.

— Tu me jures que ça n'était pas une ruse pour te venger ?
— Je te le jure.
— Comment ça se fait qu'il ne soit jamais arrivé jusqu'à toi, Bree ?
— J'en sais rien, j'y connais pas plus de choses que toi avec la technologie. Mais je t'assure que je n'ai pas agi sur ce message de mon côté.

J'ai envie de le croire, parce que je lis dans ses yeux autant de peine que j'en ressens, comme s'il était le miroir de mes propres émotions. Je prends sa main dans la mienne, lui faisant relâcher ma joue, et je sens petit à petit un poids quitter mes épaules.

— Est-ce que je peux t'embrasser ?

Il sourit doucement et s'empare de mes lèvres avant même que je n'aie le temps de m'en rendre compte. Mes bras s'enroulent instinctivement autour de sa nuque, glissant mes doigts dans sa fine chevelure rousse, alors que son corps se blottit contre le mien parfaitement. L'échange est doux, je prends le temps de m'imprégner de l'odeur de son après-rasage, de la douceur des mèches sous mes mains, du goût que ses lèvres apporte sur les miennes, du son de mon cœur qui bat la chamade dans ma cage thoracique, tout ça en m'abandonnant complètement dans ses bras, les yeux clos pour profiter de chaque instant. Et puis, l'échange s'emballe. Sa langue glisse contre la mienne pour venir à nouveau la découvrir. J'ai l'impression de respirer à nouveau, que la boule qui s'était installée dans ma poitrine depuis des mois s'est enfin envolée pour m'autoriser à reprendre le cours de ma vie. L'une de ses mains glisse sous ma chemise, effleurant la peau tendre de mes hanches et me faisant frissonner de toute part, alors qu'une de ses jambes se glisse entre les miennes. Cette promiscuité me fait doucement perdre la tête et je ne parviens plus à réfléchir à quoi que ce soit. Je me sens à l'étroit dans ce pantalon à force de sentir son corps contre le mien, de sentir cette chaleur et cette passion émaner de lui.

Nous ne nous séparons que lorsque nous sommes à cours d'air, et son corps reste fermement accroché au mien. Ses lèvres fines sont gonflées et rouges, ses yeux brillent de désir et sa coiffure est complètement désordonnée par l'action de mes doigts. Il est à tomber par terre et je sens un feu ravageur brûler dans mon estomac.

— J'ai envie de toi, murmure-t-il contre mes lèvres, son souffle se mêlant au mien.

Je frissonne une nouvelle fois en entendant ses mots, et je glisse un doigt le long de sa mâchoire, effleurant sa peau avant de venir le poser sur ses lèvres pour les caresser également.

— Moi aussi, lui confiai-je à court de souffle.

Je m'étonne que ces mots quittent mes lèvres, ça n'est pas vraiment dans mes habitudes. Il réactive l'ascenseur, se détachant de moi. La fraîcheur qui remplace son corps m'arrache une plainte alors que nous arrivons à mon étage. Nous quittons la cabine, nous précipitant jusqu'à la porte de ma chambre. On ne se touche pas, mais l'électricité présente dans l'air est palpable. Je sors la carte magnétique de ma poche, la main tremblante, et la glisse dans la fente pour ouvrir la porte.

Je suis content de n'être ici que depuis la veille, ma chambre n'a pas encore eu le temps de ressembler à un champ de bataille. Mes vêtements de la veille sont pliés sur une chaise, ma valise est fermée sous la même chaise, et même mes produits de beauté sont ordonnés correctement dans la salle de bains. Mais Bree ne s'intéresse pas à tout ça, non. Parce qu'à peine la porte se referme-t-elle derrière moi que je le sens revenir contre moi, comme s'il était attiré à moi comme un aimant. Il reprend sa place, ses mains s'enroulant autour de mon corps tandis que sa jambe se glisse entre les miennes, m'emprisonnant contre la porte sans que ça ne me pose de problème. Mais ses lèvres glissent bien vite de mes lèvres à ma mâchoire, embrassant chaque centimètre carré de ma peau, découvrant petit à petit mon corps et les points sensibles qui me font fondre contre lui. Je ne suis pas en reste dans cette découverte puisque je repousse l'épaisse veste en jean qui recouvre ses épaules, la laissant tomber au sol pour avoir un meilleur accès à sa nuque et ses épaules.

LoveCon - T1 - Kieran [Premier Jet] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant