Épilogue.

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Le soleil n'est pas encore réellement debout, les premières lueurs se font voir à l'horizon. Mais dans la pénombre, une silhouette se dessine, les mains dans les poches d'un jean élimé, un chapeau sur la tête et un bras en écharpe. Aucun t-shirt n'orne son torse, si bien qu'une légère chair de poule le parcourt dès que le vent se lève. Les épaules détendues, il observe la vaste étendue désertique qui se dresse devant lui. Les rayons du soleil finissent par s'étirer paresseusement dans le ciel, annonçant les prémices d'une nouvelle journée.

Alors il respire. Il laisse entrer l'air dans ses poumons, se rend compte petit à petit de la chance qu'il a d'être encore en vie.

Lorsque deux bras viennent doucement entourer sa taille et qu'un menton se pose sur son épaule, il se laisse aller en arrière, blottissant son dos contre son compagnon. Et le silence s'étire encore, profitant de la faible chaleur émise par le soleil.

— Tu n'arrivais pas à dormir ?
— Non, j'ai l'impression de ne faire que ça depuis des semaines.
— Tu as besoin de repos.
— J'ai besoin de bouger.

L'impatience se lit sur ses traits. Aujourd'hui, on lui retire son plâtre. Il aura de la rééducation à faire pour muscler à nouveau le bras touché, mais il s'en sort bien. Lorsqu'il a vu l'état de sa voiture bien-aimée, il s'est même demandé comment ça se faisait qu'il soit toujours en vie. Alors, chaque jour, il est reconnaissant.

Reconnaissant de voir le soleil se lever sur les plaines d'Arizona.
Reconnaissant d'avoir une famille aimante qui fait bloc derrière lui.
Reconnaissant d'avoir un petit-ami qui a tout plaqué pour rester près de lui.
Reconnaissant de pouvoir compter sur une petite poignée de personnes alors que le cyclone emporte tout sur son passage.

Parce que les dernières semaines n'ont pas été si reposantes que ça. Le bras de fer avec son ancien agent continue, ses avocats ont des difficultés à le faire plier mais Bree ne s'en fait pas : il y arrivera. Et même s'il doit lui verser une folle somme d'argent, il sera capable de faire sa vie sans lui. En parallèle, l'histoire de son coming-out forcé à fait la une encore quelques temps avant qu'un autre scandale n'emporte cette histoire. De son côté, il préfère garder les multiples preuves de soutien apportées par ses fans et d'illustres inconnus plutôt que de se concentrer sur le négatif. C'est plus difficile pour Kieran, depuis que son nom a été livré à la presse, ils ont creusé le moindre petit détail le concernant. Les commentaires grossophobes et homophobes sont légion, c'est pour ça qu'Aubrey a décidé de prendre la parole quelques jours après avoir retrouvé sa mémoire.

On lui avait enlevé son droit à sa vie privée, il voulait au moins afficher publiquement son soutien et son amour pour l'homme qu'il avait choisi. Ça n'a pas tout régler, mais ça a beaucoup rassuré le britannique qui, à la fin de sa période de congé, a pris la décision de démissionner. Graham, conscient de sa nouvelle position auprès d'un acteur à succès, à tout fait pour l'en dissuader. Il lui a proposé un salaire trois fois supérieur au sien, une possibilité de travailler à distance et d'être leur relais sur place. Et si Kieran aurait pu refuser tout net, son amour pour l'événement pour lequel il travaillait était sincère. Alors il accepta, rajouta quelques conditions et pu ainsi faire évoluer également les salaires de ses collègues. Il n'était pas sûr que ce soit le meilleur plan pour Graham, mais il savait qu'il en avait les moyens.

— Qu'est-ce que vous faites dehors, les garçons ? S'étonna une voix féminine derrière eux.
— On regarde le lever de soleil.

Shannon fit quelques pas pour venir s'installer à ses côtés. Elle fut la première à se confondre en excuse dans les bras de Kieran et à le remercier d'être resté malgré tout ce qu'ils lui avaient fait subir. Il n'était pas rancunier, alors il accepta ses excuses sans difficulté. Celles de Bailey et Madeline aussi. Seule sa relation avec Coleman était encore tendue, mais Kieran ne forcerait pas, il était intimement convaincu qu'il se rendrait compte seul qu'il n'était pas là pour nuire à son frère.

— Aubie, pourquoi portes-tu le chapeau de ton père ? Il fait encore nuit.
— Ca me donne un style de cowboy solitaire, tu trouves pas ?
— Tu as surtout l'air ridicule, Love, souffla Kieran contre son oreille.

Les rires emplirent soudain la vallée et ils rentrèrent finalement tous à l'intérieur. La relation de Bree avec son père s'était grandement améliorée depuis son réveil. Owen avait assuré à son fils qu'il était désolé de la situation qu'il avait instaurée entre eux. Il avait d'abord eu beaucoup de craintes que sa carrière ne décolle pas, puis du ressentiment alors qu'il gâchait ses talents de basketteur. Et puis, le fossé s'était creusé par le temps et l'espace et il n'avait pas su comment reconstruire le pont pour le rejoindre. Risquer de le perdre avait remis tout en perspective, et il avait tout de suite commencé à reprendre sa place auprès de son fils, pour le plus grand bonheur de toute la famille.

Lorsque, quelques jours plus tard, ils reprennent la route de Los Angeles avec l'accord des médecins, c'est Kieran qui conduit. Il maugréer une partie du voyage sur "ces gens qui ne conduisent pas dans le bon sens", une technique qu'il a mit en place pour tenter de faire sourire son petit-ami, crispé dans le siège proche du sien. Bree ne cesse d'observer les alentours dès qu'ils changent de voie, sursautant à chaque dos d'âne et à chaque virage. Alors, pour le ménager, Kieran s'arrête souvent. Les aires de repos américaines ont tout de petites villes : diners, supermarchés, hôtels, restaurants en tout genre, il est possible de rester des heures sans s'ennuyer. C'est lors de l'une de leurs escales que le britannique se met en tête de faire une surprise à son cher et tendre.

Quelques centaines de kilomètres plus tard, alors que Bree a finalement réussi à s'assoupir dans la voiture, Kieran quitte l'autoroute pour conduire sur une route beaucoup plus petite. Bree ne s'éveille que lorsqu'il approche de l'hôtel qu'il a réservé. Le rouquin bat des paupières pour se réhabituer à la lumière. L'hôtel est loin d'être très luxueux et n'a pas pignon sur rue, mais il semble cosy et l'emplacement leur permettra d'aller se balader seuls au milieu de nulle part dans Joshua Tree le lendemain matin avant de rejoindre Los Angeles dans l'après-midi.

— Pourquoi ?
— Ça coupe le trajet en deux. Et ça nous donne l'occasion de nous retrouver seuls avant de nous replonger dans un quotidien qu'on va devoir apprivoiser. Je me suis dit que ce serait bien.
— T'es niais.
— C'est ça, allez sors tes fesses de là et allons manger un morceau.

Au loin, le soleil se couchait déjà. L'hôtel était installé sur des sources chaudes, si bien qu'ils profitèrent de la soirée pour délasser leurs muscles rendus raides par la route, par profiter l'un de l'autre plus intimement qu'ils n'avaient pu le faire depuis la sortie de l'hôpital de l'américain.

Après avoir bien profité, ils se lovèrent dans les bras l'un de l'autre dans un lit qui faisait facilement la taille du salon londonien de Kieran. Ils commandèrent un plateau de finger food à partager au room service qu'ils dégustèrent en regardant un vieil épisode de Bones.

— La police a fini par te dire s'ils avaient trouvé quelque chose par rapport à l'accident ? Demanda Kieran en croquant dans un bâtonnet de mozzarella frit.
— Non, ils ont dit à Cole que c'était probablement juste un délit de fuite et que sans la plaque on ne retrouverait jamais les coupables.
— Tu y crois ?
— J'ai envie ? Je n'ai pas envie de croire qu'on veuille ma mort à ce point-là.
— Tu penses qu'Aldo aurait pu en arriver là ?
— Non. Il n'avait aucun intérêt à me voir mort. Il n'était sur aucun document en cas d'accident. Ma famille aurait tout récupéré, donc ça ne peut pas être lui. Et j'espère qu'il ne me détestait pas autant que ça...

Kieran hocha brièvement la tête et le sujet se clôtura de lui-même. Arrivés dans la cité des anges, ils mettraient tout ça derrière eux. Ils commenceraient une nouvelle vie loin de cet accident. Une vie qu'ils partageraient tous les deux, avec les hauts et les bas que ça impliquera. Mais si, aujourd'hui, Kieran avait bien une certitude, c'est que c'était cette vie qu'il attendait depuis toujours : aux côtés de la personne qui était faite pour lui.

FIN.

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Et c'est fini pour ce premier tome !
Merci à celleux qui sont arrivés jusqu'ici, j'espère que l'histoire de Kieran et de Bree vous a plu et que j'ai réussi à faire passer des émotions à travers ces mots. N'hésitez pas à me donner un avis que je puisse m'améliorer puisque je suis présentement en pleine réécriture de cette histoire, tout commentaire constructif est bon à prendre ♥
On se retrouve bientôt pour le tome 2 qui abordera la vie de Cat, car j'aime ce personnage et j'espère que vous l'aimerez autant que moi ♥

LoveCon - T1 - Kieran [Premier Jet] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant