~ Chapitre 8 ~

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Ils me transpercent encore-

Les yeux que le serpent

A laissés dans l'herbe !

Takahama Kyoshi

SARAH

     Ce soir nous fêtions l'anniversaire de Rina et nous avions prévu une longue soirée. Nous attendions toutes les trois avec Emi devant un des multiples Karaoke de Nagoya en plein cœur de Sakae qu'Atsushi et Tomohisa arrivent. C'était mon premier karaoke depuis mon arrivée alors que c'était la sortie principale de tous japonais qui se respectent. Tous les jeunes et même les moins jeunes venaient chanter et s'y amuser. Bien que piètre chanteuse, j'étais surexcitée. À l'arrivée des garçons, nous entrâmes et nous prîmes une salle pour six personnes. On commanda de la bière et on s'installa sur des canapés, devant une immense télé. Un catalogue était posé sur la table avec les différentes chansons et les codes pour y accéder. Les chansons étaient organisées par genre. Il y avait quelques chansons étrangères, mais c'était relativement anodin. Je trouvai une ou deux chansons françaises, anciennes, comme La vie en Rose d'Edith Piaf ou encore Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy et l'indémodable Champs Elysée de Joe Dassin, ce qui me fit sourire. On était en 2022, il serait temps que les japonais se mettent un peu à la page sur la musique française. Quasi tout était écrit en Kanjis. Bien que parlant bien le japonais courant, j'étais loin de connaître la totalité des kanjis requis pour lire absolument tout, surtout les prénoms ou noms de familles. Rina choisit les premières, après tout, c'était son anniversaire et elle se mit à chanter à tue-tête. Chacun notre tour, nous prîmes le micro et quand ce fut mon tour, je choisis une chanson plutôt facile à chanter d'Iruka : Nagori yuki, mais je me sentais un peu honteuse de passer derrière eux qui semblaient tous avoir un don pour le chant. Voyant mon désarroi, Tomohisa me rejoignit au chant pour m'aider, passant son bras autour de mes épaules. Je fus surprise par ce geste, car je savais les japonais peu tactiles et très peu démonstratifs. Il semblait passer à la vitesse supérieure. La chanson se termina sur nous tous en train de chanter en même temps n'importe comment en rigolant et s'amusant. 

     Au bout des deux heures de locations, nous sortîmes du karaoké, la voix complétement cassée pour ma part, en direction d'un Izakaya, le Kangoku Izakaya. Ce bar était entièrement décoré sur le thème de la prison de l'horreur. Nous avions donc réservés une table dans une cellule pour boire de l'alcool et manger. C'est Atsushi qui avait choisi l'endroit, connaissant le goût de Rina pour les films d'horreur. Elle était d'ailleurs intenable tout le long du chemin à l'idée d'y aller. L'endroit était sombre et au premier abord, on aurait pu se croire dans un vieux film glauque. L'ambiance était très dépaysante et vraiment originale, décorée de prisonniers pendus dans leurs cellules ou d'autres ressemblant à des zombies accrochés aux barreaux ou semblant ramper sous les tables. Tomo prit une place à côté de moi et nous commandâmes nos boissons avec différentes choses à manger que l'on comptait partager. Nous étions enfermés comme dans une prison derrière des barreaux. On s'amusait plutôt bien, même si je commençais à me sentir oppressée aux côtés de Tomo qui était un peu trop proche de moi à mon goût. Je décidai de m'éclipser quelques minutes aux toilettes qui se trouvaient à l'étage. Je me lavai les mains en me contemplant dans le miroir. Il fallait que je lui dise d'arrêter ça et qu'il n'y avait rien à espérer... mais comment lui dire sans le froisser. J'étais là depuis à peine deux mois, je ne voulais pas jeter un froid au sein du petit groupe d'ami de Rina. Je sortis des toilettes, perdue dans mes pensées et je bousculai quelqu'un.

Gomen na...(je m'excu...), stoppai-je en levant les yeux sur la personne que je venais de bousculer.

Il planta ses yeux dans les miens et on se jaugea un moment sans rien dire.

MAFIA BLOOD - Tome 2 ~ IchinoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant