MAFIA BLOOD - Tome 2 ~ Ichinose

~ Chapitre 64 ~

SARAH

Jiro m'avait emmené dans un petit appartement. L'endroit était très peu meublé et je me demandais si quelqu'un avait déjà dormi ici. Tout le sol était recouvert de tatami et dans la chambre un futon servait de lit. Les placards étaient vides alors il fallait que j'aille faire quelques courses, mais avant ça, je contactai Rina pour la rassurer et savoir comment elle allait de son côté.

Nous avions convenu de nous retrouver dans un café l'après-midi même, pour discuter. Jiro m'accompagna mais resta en retrait pour ne pas attirer de soupçons.

Lorsque j'entrai dans le café, Rina me fit des grands signes. Je m'approchai avec le sourire, mais il se fana lorsque je vis qu'elle était accompagné, et malheureusement pas d'Atsushi.

— Sarah, on était tellement inquiet pour toi ! s'esclaffa-telle en se levant pour m'étreindre. T'étais où ? Pourquoi tu n'as pas donné de nouvelles ? Et avec l'appartement totalement dévasté, j'étais prête à aller voir la police, mais Tomo m'a conseillé d'attendre !

— Ben voyons, lâchai-je en jetant un coup d'œil à l'intéressé qui ne dit pas un mot.

Je pris place à table et commandai une café latte. J'étais tendu et j'aurais préféré parler à Rina seule à seule. Mais savoir que Jiro n'était pas loin me rassurait et me donnait plus d'assurance pour affronter Tomo.

— Qu'est-ce qui s'est passé pour notre appartement, est-ce que tu sais ? demandai-je à Rina.

— Non, c'est arrivé le lendemain où tu m'as envoyé un SMS pour me dire que tu partais quelques jours. Du coup j'ai trouvé ça bizarre et comme tu ne répondais plus ensuite.

— Je suis désolée, j'avais oublié mon chargeur et mon portable n'avait plus de batterie.

— Mais t'étais où ?

— À Okinawa !

Tomo se contentai d'écouter sans prononcer la moindre parole.

— Enfin, tu aurais pu me prévenir quand même que tu comptais aller sur l'île d'Okinawa ! J'étais vraiment inquiète.

— Oui j'ai vu tous tes messages. Je m'excuse vraiment, je ne voulais pas t'inquiéter, répétai-je en lui prenant les mains au-dessus de la table. Tu vis chez Atsushi en ce moment alors ?

— Oui et toi ? Tu as dormi où ?

— À l'hôtel avec mon père !

Rina se leva pour aller aux toilettes. À peine fut-elle hors de vue que Tomo m'agrippa le poignet férocement.

— Aie ! lâchai-je en tentant de me dégager.

— Qu'est-ce que tu as foutu de cette putain de clé ! Sarah, il faut que tu me la redonnes tout de suite.

— C'est toi l'appartement ? répondis-je ?

— Non, ce sont ceux qui veulent récupérer la clé !

— Les triades ?

Il me regarda surpris.

— Fais pas la maligne. Ils ont fouillé ton appartement mais la prochaine fois c'est directement à toi qu'ils vont s'en prendre.

— Je n'ai pas cette putain de clé, bon sang ! Je te l'ai dit. Et lâche-moi, lui ordonnai-je en plantant mes ongles dans sa main pour qu'il me lâche.

— Tu as jusqu'à demain soir pour me la filer ! Après ce ne sera plus mon problème !

— Genre c'était ton problème. Fais pas comme si tu t'inquiétais pour moi.

— T'es en train de te foutre dans une belle merde ! ricana-t-il en se passant une main dans les cheveux. T'aurais vraiment pu t'éviter tout ça si tu avais accepté de sortir avec moi dès le départ. Ichinose c'est une merde qui est partie en vrille quand sa connasse de sœur s'est faite buter ! Tu crois qu'il va te protéger de quoi que ce soit ? Y'a que son clan qui compte et le pouvoir !

Je savais que Ren m'avait dit de ne pas m'en mêler, mais l'occasion était trop bonne pour ne pas tenter d'avoir des informations concernant la mort de sa sœur.

— Ce sont les triades qui ont tué sa sœur ?

Le regard qu'il posa sur moi me fit froid dans le dos et je regrettai d'avoir posé cette question instantanément.

— Tu te mêles de choses qui ne te concernent pas.

— Tu sais quelque chose, n'est-ce pas ?

Son visage se crispa et il serra son poing sur la table.

— La clé ! Je veux cette putain de clé ! Avant demain soir, c'est clair.

Il se leva au moment où Rina revint des toilettes.

— Tomo, tu pars déjà ? demanda-t-elle étonnée.

— Ouais, j'ai un truc important à faire que j'avais complètement oublié. Maintenant que je sais que Sarah chan va bien, j'ai l'esprit tranquille, expliqua-t-il un sourire hypocrite sur les lèvres.

— On se voit bientôt autour d'un yaki-niku tous ensemble, avec Atsu !

— Bon après-midi les filles, nous salua-t-il.

Rina reprit sa place avec le sourire.

— Tomo s'inquiétait beaucoup pour toi, il était le premier à vouloir savoir où est-ce que tu étais et si tu allais bien après l'épisode de l'appartement. Même après que tu l'aies largué, il tient toujours à toi.

Je ne répondis rien. Tomo savait tellement y faire pour cacher son véritable visage. Je me demandais quand le masque allait un jour tomber.

— Il va falloir qu'on remette tout en ordre chez nous, dis-je pour changer de sujet en buvant une gorgé de ma boisson qui avait refroidie.

— Oui, ça ne va pas être une mince affaire. Mais tu ne vas pas rester à l'hôtel pendant tout ce temps si ?

— C'est pour ça qu'il va falloir s'y mettre le plus tôt possible.

— Je m'inquiète, fit-elle en s'adossant à son fauteuil. J'ai jamais vu d'histoire d'appartement mis à sac comme ça dans des immeubles comme le nôtre. Et pourquoi venir jusqu'au 9ème étage ? Aucun autre appart n'a été touché ! Tu crois que c'était un hasard ?

— Des jeunes qui se sont lancé un défi de saccager un lieu d'habitation pour le fun. Et c'est tombé sur nous. Tu sais, en France on entend beaucoup ce genre d'histoire, tentai-je.

[1] Yaki niku : viande grillé sur une sorte de barbecue électrique