~ Chapitre 20 ~

716 76 17
                                    

SARAH

     La salle de bain était immense avec une baignoire à remous où l'on pouvait se tenir à deux sans problème. Dans d'autres circonstances, j'aurais aimé me glisser dedans avec de l'eau bien chaude. Je retirai ma robe mouillée, m'essorai les cheveux et enfilai un peignoir... léopard. Mon dieu la honte. J'allais vraiment sortir de cette salle de bain comme ça ? Je m'observai dans le miroir un moment, l'inquiétude balayant mon visage. Comment ça allait se finir cette histoire ? J'étais terrorisée mais en même temps, je devais bien avouer que je ressentais également une pointe d'excitation. Après tout, il n'avait pas été méchant jusqu'à maintenant, et si il avait voulu me tuer, il l'aurait déjà fait... Pourquoi s'embêter à m'emmener ici, faire attention que je ne prenne pas froid... peut-être que je pouvais lui faire confiance après tout. Je sortis de la salle de bain, un peu gênée. Il était dos à moi. Je l'observai fumer, un bras tendu sur le montant de la fenêtre ouverte. Il regardait à l'extérieur pensif, ses longs cheveux noirs détachés qui retombaient en cascade sur ses épaules recouvertes de sa chemise blanche immaculée.

Je me raclai légèrement la gorge pour signaler ma présence. Il se retourna alors sur moi et me détailla de la tête aux pieds sans aucune gêne en esquissant un léger sourire.

— Assieds-toi ! souffla-t-il en écrasant sa cigarette sur le rebord de fenêtre avant de jeter le mégot dans la poubelle métallique.

Je posai mes fesses sur le rebord du lit en serrant mes cuisses l'une contre l'autre. Je me sentais vulnérable, trop.

— Quand je t'ai demandé de me redonner la clé, tu m'as dit ne pas avoir lu son contenu.

Je hochai la tête en guise de oui.

— Tu m'as menti ?

Je triturai mon peignoir avec mes doigts nerveusement, le visage baissé.

— Oui.

— Pourquoi ?

Je me retournai sur lui qui avait pris place à côté de moi sur le lit.

— Tu me demandes vraiment pourquoi ?

— Je t'ai dit que je ne te ferais rien.

— Et je suis censée te croire sur parole ? Désolée de te l'apprendre mais tu fais flipper !

Il souffla en passant sa main dans ses cheveux. Sa tête partit légèrement en arrière et je restai bloquée sur sa pomme d'Adam qui se mit en mouvement lorsqu'il déglutit.

— Je te fais flipper et t'es dans une chambre d'hôtel avec moi, en peignoir, en train de me mater... Désolé de te le l'apprendre, mais c'est un peu contradictoire ton discours, Naruto !

Un point pour lui. Je tournai la tête rapidement, prise la main sans le sac. Même moi je n'arrivais pas à comprendre ce que je faisais ici.

— Je ne m'appelle pas Naruto ! m'offusquai-je.

— Je sais Fleury Sarah ! ricana-t-il. Mais ça te va bien Naruto !

Le silence s'installa. Je ne savais pas quoi répliquer à ça.

— Qu'est-ce que tu as lu sur la clé ? Tout ? me demanda-t-il très sérieux en se redressant.

— Non, je n'ai pas tout lu. Il y avait des dossiers en japonais et les kanjis étaient trop compliqués pour moi. J'ai ouvert des dossiers écrits en romanji, expliquai-je en baissant la tête.

— Liste moi de manière très précise ce que tu as vu, c'est important.

Je sentais qu'il faisait des efforts pour parler de manière plus calme et posée, sans doute pour éviter de me braquer. Je pris une grande respiration puis je lui avouai tout ce que j'avais vu, les dossiers que j'avais ouverts et les fiches que j'avais consultées en triturant nerveusement la cordelette qui refermait mon peignoir.

— Tu n'as pas ouvert le dossier au nom de ma famille ?

— Non, j'ai cliqué sur le premier et quand j'ai vu le contenu, j'ai commencé à avoir peur et je me suis dit que ce n'était pas une bonne idée de regarder, alors j'ai retiré la clé.

— Les visages que tu as vu sur les fiches... si tu les croisais dans la rue, tu les reconnaitrais ?

— Honnêtement, non, je n'ai pas regardé assez longtemps pour me souvenir des visages.

— Il va me falloir ton PC.

— Pourquoi ? demandai-je en relevant le visage.

— La clé est équipée d'un système de traçage. On a retrouvé dessus différentes adresses IP et je voudrais vérifier avec la tienne.

— Je n'ai pas branché la clé sur mon PC. Comme... comme je ne connaissais pas la provenance de ce truc, je ne voulais pas me choper un virus ou je ne sais quoi alors je suis allée dans un Cybercafé avec et c'est là-bas que j'ai consulté le contenu.

— Bien joué, c'est plutôt malin. Aucun moyen de remonter jusqu'à toi. Tu as payé en liquide au Cybercafé ?

— Euh, oui.

— Parfait !

— Tu y es restée longtemps ?

— Je ne sais pas du tout. J'ai vite paniqué et je suis rentrée.

— Tu n'en as vraiment parlé à personne ? me demanda-t-il en me fixant si intensément que j'avais l'impression qu'il sondait mon âme.

Je me mordis l'intérieur de la joue essayant autant que faire se peut de contrôler mon stress.

— Naruto ! tonna-t-il soudainement, ce qui me fit sursauter.

— J'en ai parlé à mon père, avouai-je penaude.

— Putain ! Où et quand ? jura-t-il en se levant.

— Après le Cybercafé quand je suis rentrée chez moi. Il vit en France, je l'ai appelé pour avoir son avis sur la situation. J'étais paniquée et je ne savais pas quoi faire avec cette clé. Je me suis dit que mon père serait de bon conseil.

— Apparemment non ! Si j'avais été lui, je t'aurais fait sauter dans le premier avion pour rentrer en France...

— C'est ce qu'il voulait que je fasse, mais je n'ai pas voulu rentrer.

— Un homme à moi va te suivre quelque temps, histoire de s'assurer que personne ne vienne te réclamer cette clé !

— Tu penses que quelqu'un va vouloir le faire ?

— Le type qui t'a bousculée s'est fait descendre avant qu'on ait pu avoir plus d'infos. Ça veut dire qu'il était surveillé.

— Donc ceux qui le surveillaient peuvent l'avoir vu mettre la clé dans mon sac... murmurai-je plus pour moi qu'autre chose.

— Ça reste une possibilité. Même si je pense qu'ils seraient déjà venus te voir si c'était vraiment le cas !

— Pourquoi tu fais ça ?

— Fais quoi ?

— Tu as récupéré la clé, tu t'en fous non, de ce qui peut m'arriver ?

— Faut croire que non, lança-t-il sèchement en me tournant le dos pour récupérer sa veste et la mettre sur ses épaules.

Il attrapa également son paquet de cigarettes posé sur la commode près de l'entrée en le broyant légèrement et le glissa dans sa poche.

— Je rentre. La chambre est payé pour la nuit donc tu peux rester. Profites-en.

— Euh... Merci.

Je n'eus pas le temps de dire autre chose qu'il avait déjà claqué la porte. Je restai un moment dans la même position, l'esprit ailleurs. Je me demandai tout à coup si j'allais le revoir. Je crois que j'avais envie de le revoir...

MAFIA BLOOD - Tome 2 ~ IchinoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant