~ Chapitre 71 ~

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SARAH

— Ren, REN, l'appelai-je désespérée.

L'arme encore dans la main, je le secouai pour tenter de le faire bouger, mais il ne réagissait pas. Je sentais les larmes couler le long de mes joues, puis dans un éclair de lucidité je soulevai ses cheveux pour accéder à son cou. Je pris son pouls et un soulagement de courte durée m'envahit lorsque je pu constater qu'il était encore en vie, mais pour combien de temps. En état de choc, je me mis à sangloter et à crier. Avec beaucoup d'efforts, je me mus comme un vers pour réussir à m'extirper tant bien que mal du dessous de son corps. Une fois libérée, j'observai l'homme que j'aimais sous toutes les coutures pour vérifier son état. C'était critique. Entre son coup de couteau sur le côté et deux balles dans le corps... Je m'approchai rapidement des autres, qui eux, semblaient bien morts ou en tout cas proche de l'être ! Je revins vers Ren, me mettant à genoux devant lui, caressant doucement son visage avec ma main.

— Ren, réveille-toi je t'en prie. Réveille-toi, sanglotai-je. Je ne sais pas du tout ce que je dois faire.

Je ne pouvais bien sûr pas appeler la police, je ne pouvais pas appeler les secours non plus et je n'avais aucun numéro des membres du clan Ichinose.

« Les numéros de téléphone, mais oui ! », pensai-je.

Je déposai le pistolet précautionneusement à côté de moi et je fouillai dans sa poche de pantalon pour y trouver son smartphone. Je le portai ensuite à son pouce pour le déverrouiller avec son empreinte digitale. Tremblante je me mis à fouiller dans ses contacts, mais comme je ne n'étais pas capable de lire tous les kanjis, je me retrouvai perdu dans la liste interminable de noms. En continuant de les faire défiler, j'aperçu le mot « Oyaji » qui était une manière pas très sympa d'appeler son propre père, ce qui correspondait bien à la manière de parler de Ren. Dans d'autres circonstances, cela m'aurait fait sourire. J'appuyai sur le nom en espérant ne pas faire erreur quand soudain j'entendis le cliquetis caractéristique d'une arme dont on enlève la sécurité, résonner juste derrière mon crâne. Je me figeai instantanément, m'arrêtant même de respirer.

L'homme derrière moi m'attrapa le téléphone que j'avais entre mes mains tremblantes.

Oyabun ? Le Boss est touché, on l'emmène ! Protocole d'urgence.

Incapable de faire le moindre geste je me laissai faire telle une poupée de chiffon lorsque l'homme derrière-moi glissa ses mains en dessous de mes aisselles pour me soulever. Je n'arrivais pas à détacher mon regard du corps de Ren gisant sur le sol maculé de sang. Des hommes en costumes noirs s'affairaient autour de lui. Les larmes coulaient abondamment sur mes joues et je ne pouvais sortir aucun son. L'adrénaline était retombée et je me sentais totalement déconnectée de la réalité.

— Elle est en état de choc ! j'entendis derrière moi. Je m'occupe d'elle. Soulevez le Boss avec précaution placez-le dans la première voiture, il faut qu'on s'occupe de lui d'urgence, vous savez où aller !

Il me maintint fermement contre lui pour me guider vers une voiture.

— Kaz, tu me retrouve Kuma, Jiro et Akira ! ordonna avec autorité celui dont je n'avais pas encore vu le visage. Et il faut me nettoyer la rue avant que la flicaille débarque.

On m'installa sur la banquette arrière et la porte se claqua me faisant sursauter.

— Démarre ! On rentre tout de suite.

Je sentais le poids du regard du mafieux à mes côtés quand la voiture démarra en trombe mais j'étais incapable de me tourner vers lui. Mes yeux se perdaient dans le vide et je ne cessais de revoir en boucle toute la scène. Je baissai soudain mon visage vers mes mains et ma robe... J'étais couverte de sang. Je me mis à trembler comme une feuille en ne pensant qu'à une seule et unique chose...

MAFIA BLOOD - Tome 2 ~ IchinoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant