23 - Appartement

15 2 0
                                    

Le dimanche qui marquait la fin du festival, Colette se rendit chez les parents de Matthieu pour le déjeuner.

- Bonjour Edith ! lança-t-elle en pénétrant dans la maison.

Celle-ci lui avait dit d'entrer directement sans sonner, Matthieu avait travaillé toute la nuit et dormirait encore.

- Colette, bonjour ma belle !

- Ça sent merveilleusement bon !

- Merci ! C'est Jacques qui en a fait la majorité, moi je ne m'occupe que du dessert.

- Gros travail d'équipe alors, dit-elle en essuyant le bord du plat de pâte pour en récupérer un peu. Délicieux !

- Attends donc le repas, tu n'auras plus faim ensuite, lui reprocha-t-elle gentiment.

- Avec une odeur pareille, aucune chance que je n'ai pas faim !

- Jacques sera ravi. Tu veux bien aller réveiller Matthieu s'il-te-plaît ? Je dois surveiller la cuisson du gâteau.

- Pas de soucis.

- Au fond du couloir.

- D'accord.

Colette se dirigea discrètement vers la pièce désignée, ne voulant pas le réveiller en sursaut. Connaissant le jeune homme, elle s'attendait à une pièce plus ou moins rangée. Mais certainement pas à ce qu'elle trouva derrière la porte.

La lumière du soleil filtrait à travers les volets clos dévoilant une chambre de taille moyenne. Le lit était collé au mur du fond et elle entendait un souffle régulier venir de sous le drap. Elle sourit et entra. Ce faisant, elle cogna son bras gauche dans un pile de cartons. Surprise, elle regarda de plus près et vit une dizaine de cartons empilés les uns sur les autres. Elle plissa les yeux et déchiffra "livres". Étonnée, elle se dirigea vers le couchage et s'assit sur le bord.

Les cheveux de Matthieu émergeaient à peine des draps. Avec douceur, Colette posa sa main sur son épaule pour le réveiller.

Il eut un léger sursaut avant d'ouvrir les yeux et de tourner la tête vers elle. Dès qu'il la vit, il lui fit un grand sourire, s'étira et se redressa, induisant une proximité qui permit à Colette de résister à l'envie de baisser les yeux sur son torse nu.

- Salut.

- Salut Mat, le repas va être prêt.

- D'accord, je m'habille et j'arrive.

- Super...

Elle marqua une hésitation.

- Dis Mat...

- Hum ?

- Pourquoi tu as tous ces cartons de livres dans ta chambre ? Tu n'as pas de bibliothèque ?

Matthieu eut soudain l'air embarrassé.

- En fait, si... Chez moi...

- Chez toi ? Je croyais que tu vivais encore ici ?

- Oui, en fait c'est parce que...

Il s'interrompit, passa une main nerveuse dans ses cheveux. Humidifia ses lèvres.

- En fait, je voulais vraiment que tu viennes cet été alors...

- Alors ? l'encouragea-t-elle.

- Je... t'ai menti...

- Oh.

Elle ne sut qu'ajouter d'autre, détourna les yeux. Matthieu caressa sa joue brièvement pour la faire le regarder à nouveau.

- Je ne voulais pas te blesser. Tout était déjà loué... Alors je t'ai prêté mon appartement. J'ai remis mes affaires dans mon ancienne chambre pour que tu puisses en profiter pleinement.

- Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ? J'aurais pu venir ici moi...

Le jeune homme secoua la tête.

- Pas pour Misty... Ici les portes sont toujours ouvertes, tu aurais passé ton temps à t'inquiéter pour elle...

Colette ne pouvait pas le nier.

- Tu m'en veux ?

- Un peu... On aurait pu trouver une solution tous les deux.

- Je suis désolé.

Il avait l'air triste et désolé. Il évitait son regard, la tête baissée. Incapable de vraiment se fâcher, Colette tendit la main et repoussa les cheveux de son front, lui faisant redresser la tête.

- Je ne t'en veux pas. Promets-moi seulement de ne plus me mentir d'accord ?

- Promis, dit-il en lui prenant la main

- Et reviens dans ton appartement.

Il y eut comme un blanc alors que les deux se rendaient compte de ce qu'elle venait de dire. Une impulsion, qu'elle aurait pu retirer immédiatement. Elle préféra ajouter :

- Je trouverai un autre endroit pour emménager d'ici la rentrée. Et j'irai à l'hôtel. En attendant, tu pourrais prendre soin de Misty...

- Non, réagit-il immédiatement. Je reviens mais tu reste jusqu'à ce que tu trouves ton chez toi.

Elle hésita.

- Tu es sûr ? J'ai beaucoup d'affaires...

- Et l'appartement est plutôt grand, ne t'en fais pas. On peut largement y vivre à deux et demi.

Elle sourit.

- D'accord, alors, merci. On partagera le loyer.

- Ça me va.

Edith entra soudain.

- Désolée de vous interrompre, quoi que vous fassiez, c'est prêt.

- On arrive maman, répondit Matthieu.

Lorsqu'elle ressortit, Matthieu souffla en riant :

- Ça ne va pas me manquer ça, ma mère qui entre dans ma chambre sans frapper comme si j'étais encore adolescent.

Colette sourit.

- Allez, habille-toi, on t'attend.

- J'arrive.

Il déposa un baiser sur sa main avant de la relâcher alors qu'elle se levait. Elle sortit. Matthieu s'écroula sur le dos, un grand sourire aux lèvres.

ColetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant