27 - Cohabitation

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En deux semaines à peine, la vie dans l'appartement était devenue routinière, rythmée par les allées et venues de Matthieu pour son travail sur les docks, tantôt en journée, tantôt de nuit.

Lorsqu'il rentra en milieu de matinée, il trouva une douce odeur de quiche qui cuisait et une musique douce s'élevait de la pièce qui leur servait de bureau. Cet endroit s'était transformé durant les dernières semaines alors que Colette l'envahissait pour préparer sa classe. À la grande joie de Matthieu, prise par ses programmations, la jeune femme avait mis en pause sa recherche de logement puisqu'elle avait déjà un toit à disposition et qu'elle partageait les frais équitablement avec son ami.

Le jeune homme se dirigea vers le bureau et, s'appuyant, les mains dans les poches, contre le chambranle de la porte, écouta la voix de Beth Crowley presque couverte par celle de Colette tandis qu'elle entonnait le refrain de Warrior.

You take me by the hand...
I'm sure of who I am !
Teach me how to fight
I'll show you how to win
You're my mortal flow
And I'm your fatal sin
Let me feel the sting, the pain, the burn
Under my skin !
Put me to the test
I'll prove that i am strong
Won't let myself believe
That what we feel is wrong
I finally see what you knew was inside me
All along !
That behind this soft exterior...
Lies a warrior.

Il laissa la chanson s'achever avant de la rejoindre. Il posa ses mains sur ses épaules. Elle sourit en penchant la tête en arrière.

- Ça va ? demanda-t-il. Tu dessine quoi ?

En effet, la jeune femme avait décidé d'évacuer un peu de son stress par l'art. Toujours l'art.

- Ça va. Et toi ? Pas trop fatigué ?
- Ça va. Alors ?
- Qu'est-ce que tu vois ?
- Une vague, dit-il après un instant de réflexion. Une vague bleue et violette avec un ciel rouge et orange.
- Et ça t'inspire quoi ?
- Une forme de violente douceur...

Colette sourit.

- Continue... qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Et bien la vague a l'air d'un rouleau qui s'abat violemment mais les couleurs sont douces. Ça contraste avec le ciel rouge et orange. Comme si c'était un océan de douceur au milieu d'une tempête...
- C'est beau ce que tu dis.
- Merci. J'aime beaucoup ton dessin. Mais je ne sais pas si j'aimerais être la source d'inspiration.

Colette sourit à nouveau.

- Et pourquoi ça ?
- Parce que je ne veux que te susciter des sentiments positifs, dit-il en se penchant et en déposant un baiser au creux du cou de la jeune femme.

Colette rit.

- Et bien, techniquement ce que tu as dit est plutôt positif.
- Hum... grommela-t-il

Il l'entoura de ses bras et enfouit sa tête contre son épaule.

- J'en connais un qui a besoin de sommeil.
- Oui... J'y vais. Dis-moi juste ce qui sent si bon.
- Une quiche brocolis chèvre.
- Ah...
- Avec beaucoup de chèvre.
- T'es la meilleure, conclut-il en déposant un nouveau baiser sur son épaule. Allez, je vais dormir, à tout à l'heure cuisinière de mon cœur.
- À tout à l'heure, rit-elle.

Elle prit ses écouteurs pour continuer ses activités sans déranger le jeune homme. Depuis quelques temps, il était devenu extrêmement tactile. Colette devait se retenir de frissonner à chaque contact, chaque baiser. Elle se demandait si elle devait lui dire d'arrêter finalement... Cette proximité lui plaisait pourtant mais l'ambiguïté de la situation... Et puis non, c'était Matthieu. Elle même était très tactile avec ses amis proches, alors pourquoi pas ? Elle reprit son dessin en pensant à lui, toujours à lui.

Dans la chambre, Matthieu ferma la porte derrière lui et s'y adossa. Depuis quelques temps, il ne pouvait pas s'empêcher de toucher ou d'embrasser Colette. Chaque jour, il se promettait de ne pas le faire. Et chaque jour il échouait. Il devait le reconnaître, il aimait ça. La première fois, il avait demandé pardon à Colette, qui lui avait assuré que ce n'était pas grave et que ça ne la dérangeait pas. Depuis, il devait se retenir quand même. Toute son énergie était dévouée à ne pas l'embrasser pour de bon, pas sans son consentement. Et à ne pas la prendre dans ses bras lorsqu'ils dormaient sur les mêmes horaires...

Il soupira, se changea, ferma les volets et entrouvrit la porte pour que Misty puisse circuler à sa guise. Puis il alla dormir, se promettant à nouveau de se restreindre.

ColetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant