35 - Noël

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Une ambiance de fête régnait dans la maison d'Édith et de Jacques. Un grand sapin trônait loin d'une cheminée qui flambait joyeusement, des jouets étaient éparpillés sur le tapis du salon et des adultes raisonnablement éméchés discutaient gaiement dans la salle à manger.

Assise dans un canapé, Colette cherchait un peu de calme, le petit Clark, cinq ans, blottit confortablement contre son cœur. Le petit garçon, passée la première timidité, avait joué avec elle toute la journée avant de finalement décréter que, plus tard, il l'épouserait. Jamais on n'avait vu, de mémoire de Colette, une mère aussi embarrassée que Juliette, la cousine de Matthieu. Mais la jeune femme en avait rit, trouvant ça adorable, plus encore quand, quelques minutes et une discussion avec sa maman plus tard, le garçon était venu tout penaud la voir en disant :

- Je veux bien que Matthieu soit ton amoureux, si ça veut dire que tu deviens ma tata.

Elle avait bien sûr accepté avec plaisir, légèrement gênée mais secrètement ravie. Matthieu avait rigolé, l'air de dire que c'était bien une idée d'enfant, avant de rejoindre les autres et d'aider pour le repas. Quatre heures plus tard, Clark s'était endormi dans les bras de Colette. Il lui avait fait penser toute la journée à un autre enfant appelé Clark, rencontré au musée il lui semblait des siècles plus tôt. C'était amusant les coïncidences. Des parents trop fan de superman peut-être ?

Elle en était là de ses réflexions quand Juliette et Romain, son mari, vinrent chercher leur fils pour aller le coucher. C'est presque à contrecœur qu'elle rejoignit la salle à manger. Presque.

Elle s'assit à côté de Matthieu qui lui prit immédiatement la main sous la table.

La jeune femme était ravie de rencontrer toute la famille du jeune homme, elle n'avait jamais vu un repas de fête se passer aussi bien ! Tout n'était pas tout rose, elle le savait, Matthieu lui avait raconté quelques anecdotes à ce sujet. Mais c'était comme si la hache de guerre avait été enterrée, et bien enterrée, le temps du réveillon.

- Et donc il a basé toute sa séduction sur le fait de presque s'appeler Roméo, conclut Juliette à l'intention d'une Colette hilare.

- Ça avait le mérite d'être original, sourit Romain en l'attirant pour un baiser.

Aussitôt, Édith sortit le gui, comme par magie.

- Allez, c'est l'heure des bisous !

Tous les couples se passèrent le gui sans se faire prier, les cousines célibataires se faisant la bise et se congratulant d'être encore seules. Puis vint le tour de Matthieu et Colette. Le jeune homme réceptionna la branche mais hésita.

Prise d'un courage qu'elle ne se connaissait pas, qui n'était pas dû à l'alcool puisqu'elle n'en avait pas bu une goutte, Colette la prit et la plaça au-dessus de leurs têtes. Puis elle déposa un long baiser appuyé sur la joue de son ami, y laissant finalement une grosse trace nette et violet foncé de rouge à lèvres.

Les oncles et cousins sifflèrent, Matthieu rougit comme une pivoine. Tout le monde ricanait plus ou moins. La branche de gui reprit son tour de table.

Plus tard dans la nuit, ou plutôt presque au matin, Matthieu regardait la marque dans le miroir. Édith, avisant la lumière dans la salle de bains, vint voir si tout allait bien. Le trouvant perdu dans ses pensées, elle sourit, les yeux pétillants, et lui toucha doucement l'épaule. Son fils releva les yeux et la regarda dans le miroir.

- Ne t'en fais pas, dit-elle doucement en le serrant contre elle, l'an prochain je suis sûre que la marque de rouge sera juste sur tes lèvres.

- Maman ! protesta-t-il.

Elle se contenta de rire avant de lui conseiller de rejoindre Colette. Le sourire aux lèvres et l'espoir au cœur, Matthieu obtempéra.

Dans son ancienne chambre, la jeune femme luttait contre le sommeil en l'attendant. Il se changea, elle détourna pudiquement les yeux, et il se coucha. Elle se répétait en boucle que c'était comme chez eux. Mais plus le temps passait, plus il était difficile pour elle de nier que ça ne l'était pas, pas pour elle.

- Ça va ? demanda-t-il.

- Oui...

- Tu n'en as pas l'air convaincue...

- C'est juste que je me demande comment va Misty...

- Oh, alors ça veut dire qu'il est temps pour moi de t'offrir ton cadeau de Noël !

La jeune femme le regarda, soupçonneuse.

- Tu ne l'as pas enfermée dans une boîte à cadeau au moins ?

- Bien sûr que non ! s'offusqua-t-il. Comment peux-tu même l'imaginer !

Il saisit son portable et l'invita à se rapprocher. Elle se blottit timidement dans ses bras pour regarder l'écran qu'il allumait d'une seule main, l'autre étant bien trop occupée à se demander si elle avait le droit de se poser sur la hanche de Colette.

D'un coup, l'appartement apparut. En quelques glissements de doigts, Matthieu trouva Misty, qui dormait paisiblement sur son plus grand arbre à chat.

- Tu... as installé des caméras ?

- Oui, pour que tu puisses voir Misty tout le temps, ou presque. Je n'en ai pas mis dans la chambre ni la salle de bains quand même...

- Merci Mat, souffla-t-elle.

Elle se cala plus confortablement contre le torse de son ami, qui sourit. Après quelques instants, elle s'endormit paisiblement.

Délicatement, Matthieu posa le téléphone et éteignit la lumière, le cœur battant d'enfin pouvoir dormir en la tenant contre lui.

ColetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant