43 - Johannes

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Deux semaines plus tard, Matthieu et Colette attendaient sur le quai de la gare que Johannes arrive. Il ne pourrait rester que quelques heures mais la jeune femme était touchée qu'il fasse le déplacement pour lui parler. Inquiète aussi.

Sentant sa nervosité alors que le train entrait en gare, Matthieu entrelaça leurs doigts. Elle serra sa main très fort.

Quelques minutes plus tard, Johannes était là. Les salutations furent gênées, Matthieu se présenta. Ils se serrèrent la main. Le jeune homme un peu plus fort qu'il n'aurait dû. Les yeux de Johannes pétillèrent d'amusement alors qu'il comprenait soudain le véritable enjeu de cette rencontre pour Matthieu.

Après quelques minutes un peu gênantes de prises de nouvelles maladroites, le téléphone de Colette sonna miraculeusement.

- Excusez-moi, c'est le travail j'attendais cet appel...

Sans dire un mot de plus et un peu soulagée, bien que sachant qu'il faudrait crever l'abcès à un moment ou un autre, Colette s'éloigna.

Dès qu'elle fut assez loin, Johannes prit les choses en main.

- Tu l'aimes n'est-ce pas ?

- Quoi ?

- Tu es amoureux d'elle, ça se voit.

Matthieu écarquilla les yeux, bouche bée. Il tourna la tête vers la jeune femme, suffisamment éloignée pour ne pas les entendre. Il soupira.

- Oui, je l'aime.

- Bien. Dis le lui.

- Non. Elle ne me voit pas comme ça.

- Tu crois ça ?

- J'en suis sûr.

- Pas moi.

Un petit blanc.

- Comment la perçois-tu toi ?

- Comment ça ?

- Comment te la représentes-tu ? Si j'ai bonne mémoire c'est une question importante pour elle.

- Oh et bien elle est gentille et...

- Non, l'interrompit-il. Dis ce que tu as vraiment sur le cœur.

Matthieu réfléchit un instant.

- Elle est... comme l'océan. Tantôt calme, tantôt agitée... Parfois tempêtueuse. Mais indispensable à l'équilibre naturel des choses. Et elle recèle un nombre incalculable de trésors. Malheureusement, ajouta-t-il amèrement, la plupart des gens ne prennent pas suffisamment soin d'elle...

Il marqua une pause avant de reprendre.

- Elle décrit l'océan comme apaisant, angoissant et envoûtant. C'est exactement elle. Sa présence, sa douceur, son sourire m'apaisent instantanément. Son absence et l'idée qu'un jour elle se rende compte que je ne suis pas suffisant pour elle m'angoissent au plus au point. Et son esprit... Son rire... Sa bienveillance... Elle m'envoûte plus sûrement que les vagues ne m'hypnotisent. Elle est constamment dans mon esprit, il faut que je dorme pour ne plus penser à elle et encore ! Je rêve d'elle si souvent...

Il baissa la tête et marqua une longue pause. Johannes respecta son silence.

- Je veux qu'elle remplisse ma vie jusqu'à la fin, souffla-t-il finalement. Et j'ai peur qu'elle reparte avec toi. Tu lui corresponds beaucoup mieux, à tous points de vue.

Le silence s'installa un instant de plus, laissant Johannes songeur. Il allait rassurer le jeune homme lorsque Colette revint.

- Voilà, désolée. Il y a un petit café pas loin on y va ?

ColetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant