Colette

45 - Ensemble

Matthieu avait tourné en rond tout l'après-midi. Il n'avait pas osé envoyer de message à Colette sachant qu'elle était avec Johannes. Il savait que c'était important pour elle de tout mettre à plat. Mais il ne pouvait s'empêcher de craindre qu'elle décide de partir avec lui. Qu'il soit venu exprès pour venir la chercher. Après tout, elle était exceptionnelle, comment aurait-il pu en être autrement ?

L'idée qu'elle travaillait dans une école qui lui plaisait énormément et qu'elle aimait chaque minute passée dans sa région ne l'effleura même pas. Et il était à des milliers d'années lumières de croire qu'elle puisse particulièrement aimer être avec lui. Malgré la cohabitation. Malgré la confiance qu'ils se vouaient. Malgré le million de signes qui ne trompaient pas.

Quand elle rentra, il tacha, en vain, de prendre un air détaché. Mais son anxiété et sa curiosité se lisaient sur son visage. Elles frappèrent Colette de plein fouet, en même temps que la réticence cachée qu'avait montrée le jeune homme à la voir aller rencontrer un homme dont elle lui avait parlé en long, en large et en travers.

- Alors, demanda-t-il, ça s'est bien passé ?

Colette eut un large sourire en entendant la pointe de nervosité dans sa voix. Si ça ce n'était pas de la crainte de la voir partir ! Elle n'en revenait pas d'avoir été aveugle à ce point. Comme si s'autoriser elle-même à avouer ses sentiments pour Matthieu avait débloqué tout le reste.

Matthieu cru qu'elle souriait parce qu'elle était retombée amoureuse de Johannes. Son cœur sembla d'un coup lourd comme le plomb et tomber au fond de son estomac. Il tenta tant bien que mal de cacher sa tristesse.

Avisant son dépit, Colette ôta sa veste, posa son sac et, sans cérémonie, lança ses bras autour du cou du jeune homme.

Celui-ci, surpris, senti son cœur battre de plus belle tandis que, par réflexe, il posait ses mains sur sa taille. Pour la rapprocher encore ou la maintenir à une distance suffisamment raisonnable pour qu'il ne l'embrasse pas là, maintenant, tout de suite ? Il n'en était pas certain.

La jeune femme sourit de plus belle, tout le trouble de son ami se voyant dans ses yeux et sur son visage.

- C'était sympa de le rencontrer. On a beaucoup parlé. Il m'a invitée à son mariage.

La surprise se peignit sur les traits de Matthieu sans qu'il puisse l'empêcher.

- Il va se marier ?

- Oui. Sa fiancée à vraiment l'air d'être quelqu'un de bien. J'ai hâte d'y aller.

- Ce n'est pas... pour l'empêcher au moins ?

Colette rit.

- Non ne t'en fait pas. Je ne suis plus amoureuse de lui.

- Oh... d'accord...

- En fait, continua-t-elle doucement, je suis follement... désespérément... éperdument... amoureuse de toi, conclut-elle en souriant un peu plus à chaque mot.

La succession d'émotions sur le visage du jeune homme valait toutes les déclarations du monde. Surprise, doute, hésitation, et enfin joie immense.

- Oh ! Et bien... dit-il lentement. Que te répondre à part que je suis... absolument... définitivement... irrémédiablement... amoureux de toi ?

Avec un grand sourire, il se pencha vers elle et, délicatement, tendrement, posa ses lèvres sur les siennes.

Le cœur battant la chamade à l'unisson, ils se perdirent dans une étreinte sucrée et enivrante.

C'était comme une explosion dans leur poitrine, un essoufflement délicieux qui leur faisait tourner la tête. Matthieu referma ses bras autour de Colette, qui resserra les siens derrière sa nuque. Ainsi collés l'un à l'autre, toute envie de s'arrêter ou de s'éloigner, toute gêne, toute peur, tous les doutes disparurent. Lorsque le baiser s'acheva, ils prirent à peine le temps d'une respiration avant de recommencer. Encore, et encore.

Finalement, sur quelques baisers courts, le souffle coupé, ils se séparèrent à peine, collant leurs fronts l'un à l'autre, elle plongée dans un regard océan et tendre, lui dans des yeux bruns et doux.

Eux qui avaient tant cru que la fin de leur amitié approchait se trouvaient émerveillés de voir, en fait, naître le début de leur vraie vie à deux...