Les mois passent . Le rituel reste immuable .
La constance invariable qui s'installe nous effraie d'avantage , nous persuade d'inespérer la libération immédiate de mon père.
On ne sait pas si il va supporter cette situation si dure et si sa santé fragilisée tiendra le coup . On sait seulement que s'il résiste à ces conditions de détention , il sera libéré un jour comme tous ceux qui sont passés dans ce camp , mais on ignore quand . Le plus terrible était qu'il se pourrait que cette détention dure longtemps .Les mois qui passaient me laissent le souvenir de ma mère évoquant un nombre incalculable de fois avec tristesse ses jours heureux .
Elle radotait de vieilles histoires . Nous connaissions d'avance la fin de chaqu'une d'elles , ainsi que le dénouement de toutes celles dont elle faisait des énigmes . Elle les embellissaient à chaque fois avec ses propres inventions . Ma mémoire ne se trompait jamais mais je n'avais pas le droit de corriger quoi que ce soit .La guerre se jouait sur la fréquence des hélicoptères au dessus de nos têtes . Sur les fouilles periodiques et sur les nuits cauchemardesques des brasiers sinistres des boutiques qui brûlaient à tour de rôle .
Certains événements constants qui ne cessent de se multiplier sont devenus presque ordinaires chez moi . J'essayais de vivre aussi normalement que possible . Cependant , je n'arrive pas à m'expliquer ce phénomène aussi saugnenu soit-il ;
De toutes les horreurs de la guerre , mes terribles cauchemars étaient les incendies .
Un effroi m'électrisait et me glaçait spécialement lorsqu'un incendie se déclarait . Le réveil en plein sommeil . La sirène, l'appel au secours , les clameurs de voix déclenchaient en moi une attaque de panique . Une envie de fuir . Pendant ce temps j'étais incapable de maîtriser cette terreur intense que je ne pouvais gérer . L'angoisse qui me saisissait me donnait cette sensation de folie . Cela ne durait que quelques minutes heureusement car c'était insoutenable . Elle se dissiper avec le lever du jour .Le lendemain je me pressais de sortir pour constater les dégâts . Le propriétaire se rend sur les lieux tôt avant les autres . Il regarde ce qui reste de sa boutique de fortune . C'est à dire rien . Il demeure longtemps penché sur les débris , sur l'amoncellement de bric-à-brac calcinés qu'il soulève délicatement .
Je restais un moment debout . Je me demandais ce qu'il cherchait . Il n'y avait rien à sauver .Ces agissements avaient des suites du côté francais bien sûr . A peine quelques jours plus tard les représailles se traduisaient par des fouilles fracassantes générales de tous les foyers .
Le souvenir se précise dans mon esprit au point d'avoir la sensation de revivre les prémices de ces fouilles .
La veille , au milieu de la nuit , Ma mère passait d'un lit à l'autre , mettait d'abord sa main sur notre bouche avant de nous secouer un par un alors qu'on dormait . Sonnés , on suivait du regard ses index . L'un pointé sur la porte d'entrée . L'autre sur son oreille nous signalait d'écouter.
Il ne nous fallait pas attendre longtemps pour entendre des bruits sourds contre la porte . Le moment de frayeur était au comble .
En effet une sentinelle se trouvait assise sur la marche , appuyée contre la porte . Son séant obstrue la brèche au bas de la porte et nous empêchait de voir la rue et ce qui s'y passait .Je jettais un coup d'oeil ! Je ressentais une sensasion d'étouffement et l'écrasement dans cette petite pièce plongée dans le noir .
Habituellement avant de dormir , discrètement je me mettais à plat ventre pour entrevoir la lumière que dispense le réverbère . Même livide , dans la rue déserte elle m'inspirait le calme et l'apaisement .On quitte immédiatement cette pièce pour nous rendre dans la cuisine . Rester cantonnés dans la sécurité de l'ombre et du noir , ne faire aucun bruit , ne laisser aucune clarté filtrer et attendre le lever du jour . Tels étaient les mots d'ordre .
Sans lumière difficile d'évaluer le temps . Le reste de la nuit se déroulait dans une atmosphère de crispation et d'effroi . A chaque chuchotement ma mère réagissait par un pincement . Elle serrait la peau juste assez pour rappelér à l'ordre sans provoquer de douleur laquelle déclencherait un cri au risque de se faire entendre par les gardes .
Au lever du jour , croyant ce bloc isolé vide , prenant notre maison pour un centre de santé à cause de la croix rouge sur le fronton de la façade , c'est carrément sur le toit que les sentinelles se postaient . Au dessus de nos têtes , le vieux plafond bas vibrait sous leurs pas lourds .
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Le Point qui résiste .
Historical FictionC'est l'itinéraire à la fois mouvementé et émouvant , d'une enfance vulnérable et tourmentée , dans une petite bourgade du sud de l'Algérie . Une paisible oasis transformée en une exploitation minière vers le début de l'années 1920 . Cotoy...