CHAPITRE 33 Le camp de concentration .

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           C 'est épuisée par sa grossesse avancée , par la chaleur et par les secousses du car que Mma a atteint le secteur aujourd'hui . J'étais presque toute aussi épuisée qu'elle .
Nos déplacements sont devenus plus pénibles à mesure que le temps passait et que l'été s'installait . La lassitude de l'attente passive de voir mon père libéré ces trois mois , à eu raison de la determination et de la persévérance de ma mère .

       De loin on voit Boufelja arriver les bras ballants et les mains vides .
Le petit baluchon , cet unique indice qui concretiser l'existence de mon père manquait .
Mma s'est accroupi . Surprise par son attitude , je la regarde . Sur son visage subitement blême , se lisait l'effroi . Seules ses lèvres remuaient . Elle implorait Dieu indéfiniment .

_ y'a rabbi ! Y'a rabbi ! Y'a rabbi....

Ma mère s'attendait au pire . Tant qu'il était au secteur nous craignions pour sa vie . Cette crainte hantait l'esprit de toutes les familles des détenus dans cet endroit .
   
      Boufelja s'approchait , ma mère que les jambes avaient lâchée , se relève péniblement . On le voit nettement plus souriant que d'habitude . Après un rapide bonjour , il formule une longue phrase sans s'arrêter .

_  Ça y est , commence par murmurer Boufelja ; Avec un sourire plus probant il continue , il a été transféré cette semaine à Ksar Djedid , ( nouveau ksar ) il reste toujours en prison mais soyez rassurées , c'est nettement mieux qu'ici . Il se tait un court instant .
Devant notre stupefaction et notre effarement je suppose , il ajoute ;
  Renseignez-Vous sur ce qu'il faut faire pour le voir .

  Ksar Djedid est un quartier inhabitée de Laâouina transformé est un camp de concentration , un centre de tri en quelque sorte . Un grand nombre de prisonniers y étaient tassés en attendant d'être jugés .

_ je ne sais pas comment exprimer toute ma gratitude que méritent tes actions . Dis ma mère .
Boufelja ne répond rien . Il nous regarde encore , nous regarde à nouveau ;  Ses yeux traduisaient un net apitoiement à notre égard .

Ma mère le remercie chaleureusement .

Il nous quitte aussitôt . Il se retire rapidemment sans se retourner . Depuis ce jour là nous ne l'avions plus jamais revu .  Nous gardons pour toujours  son image et son nom dans notre mémoire . Ils incarnent le symbole de  bienveillance envers nous . Une bienveillance désintéressée de surcroît .

Soulagée après ce choc , Ma mère a tout de suite réalisé que cette nouvelle situation nécessitait une organisation toute aussi pesante . et réfléchir à ce qu'elle doit faire , Mma n'en était plus capable en ce moment  .
Je reconnais l'agitation mentale de ma mère , non pas à ses propos mais à sa manière de marcher , à l'égarement émis sur ses traits .

        Sitôt arrivées ; comme souvent les casse-croûtes ont remplacé nos repas chauds de midi et pendant qu'ont dejeunait , son visage torturé semble se détendre subitement .

_ Empêchez vos frères de sortir dans la cour , moi je vais voir Malek tout de suite !

     Je ne sait pas comment , mais cette seule pensée lui donne des ailes . En depit de la chaleur de l'après midi de l'été et de la distance qu'elle doit parcourir , elle ne paraissait nullement découragée . 
Quand elle revient , c'est sûr la pointe des pieds qu'elle rentre .

  _ Malika ! Tu es réveillée ?

Je n'ai pas répondu tout de suite .
Je n'ai pas mis beaucoup de temps non plus pour me rendre compte qu'elle avait décidé de repartir pour de vouveaux periples et que je devais l'accompagner .

_ Oui Mma ! Repondis-je .

Elle m'entraîne dans la cuisine pour parler sans déranger les petits qui dormaient .

Le Point qui résiste .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant