comment traverser cette semaine . Son danger est plus que probable Le problème reste posé et surtout obscur pour moi .
Il nous était interdit de poser des questions et même d'en parler . Je crois qu'en effet , je n'ai jamais dû dire à d'autres , le moindre fait qui concerne cette grève car je ne me rapelle pas avoir eu l'envie d'en discuter avec quelqu'un .
Je n'avais pas , non plus eu envie de parler de ces visites secrètes qui se sont succedées durant cette semaine , tant elles m'étaient insupportables . J'avais encore moins l'envie de me remémorer la terreur de mes parents avant de prendre connaissance du contenu de ces foutues enveloppes qu'ils trouvaient de plus en plus souvent sous la porte .Ma mère se préparait à l'éventuel déménagement tout en espérant secrètement que cette grève soit annulée .
Tout le temps angoissée, elle ne cessait de poser des questions dès que mon père rentrait ._ Tu as vu , l' hélicoptère n'arrêtait pas de tournoyer .
_ J'ai entendu , il volait très bas . Qu'y a-t-il encore ? dit ma mère . Encore des tracs ? Qu'est ce qu'ils racontent ?
Mon père ne l'a pas regardé . Il tenait deux bouts de papier entre les mains . il lisait le visage fermé . D'un mouvement naturel , il les a posés sur l'armoire et a dit .
_ Rien de nouveau ! Comme à la radio , ils mettent en garde , tous ceux qui décident de faire la grève.
_ Tant mieux à répondu ma mère, cette histoire ne me dit rien de bon ! Il va y avoir des représailles !
_ Qu'est ce que tu racontes ? Tu es du côté de la révolution où de l'autre ? Il ajoute . Leur foutue mise en garde ne va servir à rien ! Tout le monde va se mobiliser . Tu as compris ?
Ma mère ne l'interrompt pas . D'une voix lisse elle a conclu !
_ C'est dans pas longtemps , on va voir . Peut être vont-ils l'annuler . Que Dieu nous protège !
Son espoir s'effondre , lorsque le samedi en rentrant du travail , mon père a sorti de la poche de son pantalon une grosse clé noire façonnée grossièrement qu'il a déposée en évidence à côté du réveil dans la petite case de l'armoire blanche de la cuisine .
_ Sert moi un verre de thé ! Dit il calmement trop calmement . Il avale une gorgée . Il continue , d'un ton fluide et prévenant , comme pour atténuer la gravité de ce qu'il allait dire .
_ Zohra ! Tu as tout préparé pour notre séjour là-bas ?
_ Là-bas ? Pourquoi tu ne dis pas dans l'autre maison ! Réplique ma mère pour l'attaquer . Déçue et depitée elle vient de perdre l'illusion de l'anullation de ce déplacement qu'elle redoutait .
Mon père décide de ne pas répondre . La dernière chose dont il avait envie en ce moment , c'était de se disputer avec elle .
_ Tout est prêt sauf moi ! Que Dieu nous protège ! Elle ajoute , la grève débute lundi , je suppose qu'on va partir demain ?
_ Messaoud va venir le matin , il s'occupera de transporter les bagages lourds . Nous , nous n'irons que tard dans l'après midi !
la maison qu'on devait occuper se situait dans la zaouia au fond du ksar. Pour y accéder il fallait seulement traverser la placette nue et vide en cet après-midi du mois de janvier . Ce qui était moins agréable ce fut de traverser les dédales sombres et étroits des ruelles , avant d'aboutir à un passage plus large
c'est Ainsi qu'on se retrouve devant de hautes facades blanches face à la zaouia avec ses nombreuses habitations aux portes imposantes toutes en bois clouées de cuivre . Elles n'étaient occupées que par les membres de la famille très proche de l'actuel cheikh de la ville , petit fils du grand cheikh fondateur . Certaines sont fermées .
Les fidèles et les serviteurs eux , habitaient non loin de là au vieux ksar dans des maisons exiguës et précaires .
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Le Point qui résiste .
Fiksi SejarahC'est l'itinéraire à la fois mouvementé et émouvant , d'une enfance vulnérable et tourmentée , dans une petite bourgade du sud de l'Algérie . Une paisible oasis transformée en une exploitation minière vers le début de l'années 1920 . Cotoy...