CHAPITRE 17 . la peur incomprise .

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        En dehors des week-ends , les moments  où je rentrais à la maison après l'école , étaient mes préférés . Et dire qu'il y a peu de temps je m'ennnuyais . Aussi petite soit-t-elle , cette maison où j'évoluais à ma guise , est devenue mon espace de liberté . je n'étais plus cette petite fille sage , constamment assise les bras croisés  en face d'un tableau , d'une ardoise ou d'un cahier . Les matinées me semblaient interminables surtout lorsqu'on étaient privées de récréation . Cette contrainte me pesait .
      Travailler ne m'a jamais dérangé . En plus je m'étais habituée à bien des choses depuis . A fixer la maîtresse dans les yeux sans fuir son regard , à  participer en classe , à rire à haute voix lorsqu'une réponse impromptue  provoquait l'effet d'hilarité chez mes camarades . Néanmoins rester assise sans bouger sur un banc me fatiguait .  je me sentais soudain toute petite au milieu de l'agitation de la classe ou l'espace semblait  subitement réduit et la masse des élèves plus dense . Sage et disciplinée je levais simplement le doigt sans quitter mon banc pendant que mes camarades , debouts et les bras tendues s'égosillaient . Certaines osaient même quitter leurs places pour avancer dans le rang .

_ moi ! moi ! moi Melle!

         Provoquant un grand boucan , les bancs à charnières intégrés aux tables se relevaient dès que les élèves se levaient , ils claquaient de toutes parts . La sanction tombait bien sûr ! Stoïque la colère retenue et le visage écarlate . La maîtresse dit :

_ vous êtes tout simplement  privées de récréation ! Cela vous apprendra à vous comporter correctement !

Encore une fois ma bonne conduite n'a pas servi à grand chose . Si ça se trouve la maîtresse ne l'a même pas remarquée .
Malheureuse et triste je sentais mes jambes s'engourdir . Et plus j'y pensais plus je me sentais muselée , enserrée , enchaînée.
 je tenais le coup . le silence n'a pas mis longtemps à se rétablir , je me prenais à rêver à ce que je ferais sitôt rentrée de l'école dans la chambre de mes parents que j'affectionnais tout particulièrement . Toujours bien rangée elle restait ma retraite favorite pour fuir un instant  l'accueil fougueux et les cris de mes petits frères .
Chez Hamid et Rachid mon apparition déclenchait  la course . A qui arrivera le premier pour m'enlasser . Devenu un jeu pour eux ils attendaient mon retour . J'arrivais à le éviter quelques fois .
La pénombre qui régnait dans cette pièce soulignait la paix et la paisibilité dont j'avais besoin . Il existait presque toujours un dernier rayon de soleil qui filtrrait à travers les deux pans du rideaux . Tel un mince faisceau il éclairait le coin du bas de la grande glace qui demeurait la seule tache brillante au milieu des pénombres . J'y coller mon nez  remuer la tête fesait des grimaces sans être dérangée . Pendant les grandes chaleurs  j'allais m'asseoir à même le sol devant une bassine remplie d'eau , poursuivant des poissons imaginaires que j'effarouchais avec le doigt . Cette fois , sous les yeux rayonnant des petits , je faisais voler les avions en papier . Mes créations  les fascinnaient comme le faisait Bachir pour moi jadis . Ces toutes petites choses engendraient mon bonheur . Ce contraste avec l'ambiance de l'école me détendait .  

_ Malika ! Distribue les cahiers !

Cet ordre résonnait toujours comme une délivrance et me donnait des ailes . Même si cela ne se produisait que très rarement . Il m'arrivait d'être sollicitée pour distribuer ou ramasser les livres et les cahiers . A grande vitesse je courrais vers le fond de la classe les récupérer . Tous soigneusement couverts d'un même et joli papier bleu uni . Comme chaque fois tandis que mes mains saisissaient la pile , d'un regard furtif , mes yeux parcouraient le contenu de l'armoire bien rangé .
        Malheureusement cette fois , le pied engourdi , je me suis levé péniblement , en passant devant Melle Lebian , elle bouge , fait mine de s'écarter un peu . Je me redresse rapidemment !

Le Point qui résiste .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant