CHAPITRE 10 . Larrivée du bébé .

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        Une belle journée de printemps s'annonçait . Le soleil illuminait le ciel clair immaculé . Ma mère était plus active que de coutume . Elle s'était changée de bonne heure ce matin , chose inhabituelle , en général elle le faisait après avoir terminé le ménage quotidien ou l'après midi . Le regard fuyant , elle circulait nerveuseument dans la maison rangeait le linge , mettait de l'ordre partout . De temps en temps elle portait ses mains sur le bas de son dos . Elle cachait ses grimaces en détournant la tête et en serrant ses lèvres .
Je sentais qu'elle avait mal . Je la regardais . Alternativement ses yeux s'agrandissaient puis se rétrécissement . De temps en temps elle laissait echapper un gémissement étouffé , une véritable lamentation s'en suivait . Elle se machouillait les lèvres .
J'ai senti qu'elle souffrait vraiment . J'ose lui demander ;

_ Mma ! tu es malade ?

_ Oui . va appeler ton père ! Me souffle-t-elle en me regardant droit dans les yeux cette fois . Dans les siens je lisais de l'insistance soulignée de supplication .

       Cette fois je savais que c'était sérieux et qu'il fallait faire vite . Je reviens rapidemment seule . La réaction de mon père m'a parue bizarre il ne m'a pas accompagné .
Un bon moment s'écoule , je ne vois toujours pas venir mon père . J'étais hors de moi . Pour moins que ça il rappliquait sur le champs , pourquoi tardait-il à venir ?

_ Mma ! Je vais le rappeler il a sûrement oublié !

_ Non ! Il va venir , il doit etre occupé .

Il arrive enfin , accompagné de Madame Monacyl sa collègue . Une sage femme francaise , aux cheveux mi-courts noirs bouclés . Des lunettes aux verres épais et transparents laissaient voir de petits yeux bleus . Légèrement courbée , bien que relativement jeune , elle se deplaçait à petits pas rapides . Elle parlait très vite aussi avec une voix légèrement enrouée mais pas rauque . Elle portait une blouse blanche suffisamment longue pour ne laisser dépasser aucun vêtement.

Après avoir ausculté ma mère elle est repartie en promettant de revenir .

_ je reviendrais l'après-midi ! D'ici là tu me tiens au courant Abdelkader ! Dit-elle en repartant sans traîner .

_ D'accord répond mon père ! En l'accompagnant j'usqu'à la porte .

Puis s'adressant à ma mère il ajoute . Mama va venir d'un instant à l'autre, J'ai envoyé Ahmed à Béchar pour la rammener .
"Mama" c'est ma grand mère il l'appelait tout simplement comme les intimes . Ahmed c'est le chauffeur de taxi habituel de la famille .

Des sillons se creusent sur son front . Son visage tout à l'heure impassible exprime de l'inquiétude . Il discute un instant avec ma mère avant d'aller chercher un verre d'eau auquel il a ajouté quelques gouttes prises dans un petit flacon . Il le lui tend avant de se retirer .

je me faisais aussi discrète que possible tout en suivant leurs faits et gestes . D'ailleurs ma mère ne me prêtait pas une attention particulaire , elle me chargeait de lui apporter tel ou tel objet comme d'habitude .
Bachir et Nora rentrent de l'école . Leurs voix rompent le silence de la maison et leur présence m'aide à gérer mon inquiétude .
Je m'empresse de faire le compte rendu sur ce qui se passait , Nora confortait mon idée , le bébé allait venir enfin .

_ Tu vas voir ! dit-elle en me rassurant, ça va être une petite soeur ou un petit frère tout mignon !

La sirène de midi retentit.
Le déjeuner n'était pas prêt  . Ma mère prend trois morceaux de pain les fourre avec de la tomate grossièrement coupée  . C'était notre déjeuner. Tant mieux je commençais à avoir faim ! Et il était bientôt l'heure pour Nora et Bachir de retourner à l'école .
          Une fois partis , je plonge à nouveau dans mon malaise . j'éprouvais le besoin de poser des questions , je m'impatientais , mais tous ces sentiments se transformaient en une seule exigence envers moi même , etre discrète et éviter de me faire remarquer .
Ma mère continuait d'aller et venir de la cuisine au salon , du salon à la chambre elle ne s'arrêtait pas . Ses grimaces montraient qu'elle souffrait de plus en plus . J'étais petite , plus encore minuscule face à cette situation .
Submergée par le bonheur de pouvoir enfin voir ce bébé tant attendu et tiraillée entre mon impuissance et mes limites , je me sentais seule . Je fini par aller rejoindre Boby . Biquette avait grandi , elle ne gambadait plus et n'était pas aussi attachante qu'avant .
Je ne sais combiens de temps je suis restée assise dans la cour . Une main sous le menton , les yeux perdus dans le vague , du bout du doigt je gribouillais sur le sol en ciment recouvert d'une bonne couche de sable déposée par le vent .
Plus tard dans l'après midi , lorsque la sage-femme arrive , ma grand-mère était déjà là depuis un certain temps . Elle avait installé ma mère dans le salon et s'employait à présent à déballer le grand couffin qu'elle avait apporté avec son sac à linge habituel .
Affairée loin du salon et n'ayant pas vu l'infirmière arriver , elle commencait à s'impatienter .

Le Point qui résiste .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant