Tristan

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Tristan m'avait installé confortablement sur le siège passager de sa voiture, une couverture sur les genoux.

- Je crois que je t'ai mal jugé, dis-je. Je t'ai pris pour un Genevois coincé et arrogant.

Il me considéra avec cette moue qui m'était si désagréable autrefois. Ce soir, à la lumière des récents événements, elle m'apparaissait comme la marque d'un individu timide et sensible.

- Tu es sûr que c'est bien toi qu'on m'a présenté il y a un an? insistais-je. Tristan a peut-être un frère jumeau ?

Il souri, visiblement gêné.

- Tu me vois comme un type coincé et tu as raison. Je suis extrêmement mal à l'aise avec mes sentiments, dont je n'ai pas le mode d'emploi. Et j'ai tous les défauts du Genevois. Je suis trop propre, trop lisse et prévisible, et peut-être aussi un peu fermé d'esprit.

Il me regarda et haussa les épaules, comme pour s'excuser.

- Mais je possède une qualité que Léo n'a pas, ajouta-t-il, énigmatique.

J'haussais les sourcils, curieuse. Comme il gardait son sérieux impénétrable, je finis par demander:

- C'est quoi, cette mystérieuse qualité ?

- Genevois que toi.

Je l'avais cru factice et frivole. Il était profond et spirituel.


Jeune EveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant