Chapitre 18 : Précipice

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PDV Nezuko

Que penses-tu faire, Zenitsu ? pensais-je sans le dire clairement. Laisse-moi juste me dessécher au fur et à mesure du temps. C'est comme ça que les choses marchent avec ceux qui n'ont pas le droit au bonheur.

Pourquoi espères tu me tirer de ses griffes ? Tu ne ferais qu'aggraver la situation. Je ne veux pas qu'il te fasse du mal à toi aussi. Je veux que tu continues à vivre dans la paix et la joie, sans ses peurs qui te poursuivent sans cesse.

Ne te préoccupes pas de moi ! Pars ! Laisse-moi mourir ! Laisse-moi vivre dans ma douleur sans en faire part ! Laisse-moi crier au monde qu'il n'a pas besoin d'une pauvre petite figurante comme moi pour fonctionner comme il l'a toujours fait !

Les hommes sont si idiots, des fois. Plutôt que de laisser la souffrance et la douleur à une seule personne, ils préfèrent se la partager entre eux. C'est fou à quel point l'être humain est capable de se faire du mal tout seul.

Et d'ailleurs, pourquoi est-ce que tu me touches ? Pourquoi tes bras encerclent le maigre tas d'os qui me sert de corps ? Je suis sale, Zenitsu. Peu importe le nombre de fois où je me suis lavée, peu importe le nombre de fois où mon sang a coulé tant je frottais fort le savon contre ma peau, peu importe le nombre de fois où j'ai essayé de me débarrasser de ces regards qui se tournent sans cesse vers moi pour voir la poussière qui recouvre mon visage, je suis toujours aussi sale.

Que voulais-tu que je fasse ? Le ciel ne m'a pas donné la possibilité de crier à l'aide. Mon handicap m'a dit dès ma naissance ce que je devais faire dans n'importe quelle situation : rester dans le silence, telle la muette que j'étais, et laisser les autres crier leurs émotions à ma place. Alors pourquoi aujourd'hui serait différent ?

Encore maintenant, j'aimerais pouvoir te crier tout ça. Mais je ne le pouvais pas. Je pouvais juste pleurer, pleurer mon désespoir, pleurer mon existence, pleurer le fait d'être moi, pleurer encore et encore.


PDV Zenitsu


Rien.

C'était exactement ce qu'il y avait actuellement dans mon esprit. Derrière moi ? Rien. A ma gauche ? Rien. A ma droite ? Rien. Et devant moi ? Un énorme précipice. Un trou béant rempli uniquement de vide, mais au bout duquel vous savez ce qui vous attend.

La mort, pure, simple, radicale.

Mon regard, dénué de toute émotion, fixait ce gouffre immense qui s'étendait à mes pieds, avec une peur traversée par un soupçon de folie.

-Zenitsu ! me coupa soudainement une voix dans ma contemplation.

Mes pupilles se redressèrent alors, voyant arriver, de l'autre côté du précipice, une grande silhouette au large épaules et a la tignasse ébouriffée. Au fur et à mesure qu'elle avançait, je pu mieux la distinguer : cheveux bordeaux redressés en pics, grandes iris pivoine, sourire éclatant. Cette apparition me fit alors sourire à mon tour.

-Tanjiro...

Il était bel et bien là, tout près, quelques mètres seulement nous séparant. Je pouvais sentir son aura lumineuse caresser délicatement ma peau, comme une main bienveillante, quand soudain, une chose miraculeuse se produisit : un pont de bois commença à se former aux pieds de Tanjiro, avant de venir rejoindre les liens, à l'opposé du gouffre. Je pouvais maintenant aller le rejoindre !

Je m'engageai alors sur le pont, un sourire étiré jusqu'aux oreilles, et une hâte sans pareille de le prendre dans mes bras. Je pouvais sentir sa présence se rapprocher de plus en plus de moi, au fur et à mesure que mes pas s'enfonçaient dans le bois clair.

Papier à musique_/Tanzen/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant