« LA GUERRE DU RENOUVEAU »
« Il y a longtemps, si longtemps que même les arbres sénescents ne s'en souviennent pas. Deux peuples, pourtant voisins, vivaient avec respect des frontières naturelles établies entre eux. Montagne, forêt et rivière remplaçaient les remparts et les douves de notre époque moderne. Les premiers écrits les nommèrent et décrivirent de telle sorte qu'on ne puisse jamais les mélanger : les humains et les fæs.
Les Hommes, bien que frêles de prime abord s'avéraient être des mammifères ingénieux et adaptatifs. Une évolution démographique si fulgurante que trois siècles leur avaient été nécessaires pour conquérir toutes ces terres fertiles à porter de main. A contrario, les fæs englobaient une multitude de peuples à la longévité incroyable et aux caractéristiques surnaturelles redoutées. Ces êtres pacifistes, pour la plupart, ne pouvaient pas être approchés sans crainte.
Crédule, celui qui affirmait qu'aucun conflit ne pointerait le bout de son nez ; l'avidité anéantit cette fébrile harmonie. Bientôt fût chantonné à travers chaque contrée, que « L'herbe était toujours plus verte de l'autre côté ». Les humains franchisèrent cette limite jamais atteinte auparavant. Des assauts imprévisibles et sauvages furent menés par Berdea, le plus puissant et ancien royaume. Bien qu'écrasés, ces derniers parurent se renouveler à l'infini, tandis que les fæs couraient à leur extinction, à chaque attaque.
Les Hauts-faes, d'éminents thaumaturges placèrent un voile de protection invisible, empêchant toute personne d'y pénétrer, sans être accompagné par l'un d'entre eux. Aux yeux de tous, cette barrière enchantée prenait l'apparence d'une forêt, dense et maudite, recouvrant leur territoire. Cet événement nous octroya de nombreuses légendes morbides et farfelues. On prêtait à l'une d'elles une forme de menace, dissuadant les sots et valeureux de s'y essayer. Contraindre un être magique d'ouvrir le portail attirerait la colère céleste et rendrait infertiles des générations entières.
Quelques siècles retardèrent l'inévitable trahison, un pacte fut conclu entre un fæ assoiffé et le souverain berdin tout aussi cupide. En échange de son aide pour traverser cette forteresse longtemps infranchissable, le fae exigea un sacrifice chimérique au roi, dédié à l'une des divinités païennes. Cent hommes et femmes périrent en martyr, marquant le commencement d'une ère de souffrance et destruction pour le peuple déchu.
Cette fois, l'invasion berdine balaya leur ennemi, l'annonce de leur chute imminente poussa les trois monarchies juvéniles à rejoindre la bataille. Cette lutte acharnée et sanglante fut vaine, Berdea réduisit en esclavage les êtres féeriques soumis et tua les autres. À la mort des mages à l'origine du voile, celui-ci disparut. Les humains découvrirent ce qui se dissimulait au-delà de l'illusion : Un lieu où une faune et une flore exotique prospéraient, où des montagnes regorgeaient de ressources à n'en plus finir, où des pierres précieuses n'attendaient qu'à être récoltées. Si ces richesses paraissaient nouvelles aux Hommes, il n'en était rien. Préservées, au lieu d'être consommées, elles avaient subsisté pendant des siècles.
Quelques fæs réussirent à se cacher dans les forêts et les marais inhospitaliers, d'autres dans les monts et sous terrains de leur royaume perdu. Certains usèrent de sorts pour créer des abris invisibles en pensant que la guerre ne durerait pas, mais leur magie s'épuisa avant d'être sauvés. Seules les plus sauvages et malveillantes espèces résistèrent à l'anéantissement.
Après des siècles d'esclavage, leur pouvoir s'évanouir inéluctablement, mutilés pour la plupart et affamés jusqu'à une totale résilience. Beaucoup de leurs prières envers leurs divinités ancestrales s'envolèrent dans leurs derniers souffles.
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L'ombre d'un loup
FantasyUn conflit millénaire déchire les royaumes et ses populations. Celui des humains, et des faes. Lexa est une fae née sur la terre des Hommes. Soumise au destin réservé à son peuple, elle n'a d'autres choix que d'y vivre cachée avec sa mère. Lorsqu'un...