Obéron
— Ce fourbe, je vais l'anéantir ! m'époumonai-je en abattant mes poings sur un pauvre mannequin de bois au travers de ma route. Je le jure devant la Déesse, je vais-
— Ferme-là, benêt ! grogna Dorkas en m'assenant une violente tape derrière la tête.
Le coup porté me purgea de cette rage explosive, déterminée à accomplir ces paroles assassines. Dorkas referma la porte de l'étroite pièce poussiéreuse de notre première rencontre et s'installa derrière son bureau, puis me pria d'en faire autant.
— Cette promesse scellerait ton Destin.
L'ancien chef des Cuirassés massait ses paupières, assimilant lui aussi ce qu'il venait de se passer.
— Ne les prononce pas si tu n'es pas certain de pouvoir les tenir, grogna-t-il.
Ses paroles me réveillèrent tel un seau d'eau glacé.
— Oh croyez-moi ! insistai-je d'un sourire camouflant mon énervement. S'il y a bien une promesse que je compte tenir, c'est celle-ci.
— Et comment comptes-tu y arriver ? Il est conseiller royal et tu n'es même pas garde, c'est un puissant thaumaturge et tu n'es qu'un..., s'interrompit-il.
— Qu'un leanaidroch ? Ce que je suis n'est pas une insulte, Capitaine.
Son regard perçant et la pointe de sa défense dégonflèrent subitement la pression de notre conversation.
— Obéron, trancha Dorkas de sa voix caverneuse et électrisante. Algraâd a le pouvoir de te bannir, de t'emprisonner et même de t'exterminer s'il en a le désir. Agir comme tu le fais lui donnera une raison suffisante pour décider d'en finir.
— Si c'est ce qu'il voulait, il l'aurait déjà fait au moment même où je l'ai menacé.
— Il aurait eu trop à perdre.
— Que voulez-vous dire ?
Dorkas réitéra l'ordre de m'installer, que cette fois, j'exécutai.
— Ce jour-là, en décidant de me parler de cette conversation, tu nous as permis d'anticiper ces agissements et de mettre en place des mesures avant qu'il ne puisse agir à sa guise. Grâce à ton sang-froid, il n'a pas pu discréditer la princesse, voire pire. Alors en retour et pour m'assurer qu'il ne te fasse rien, je t'ai pris officiellement sous mon aile, ainsi, en t'exposant à la lumière, il n'aurait pu t'attaquer sans m'attaquer en retour.
Je revécus en un furtif instant, ces trois cycles de saisons, à endurer souffrance et incapacité, et assimiler les raisons l'ayant poussé à m'entrainer en dépit de sa réputation ternie par ma seule nature.
— Pourquoi ne pas en avoir parlé à la Reine Kayrinthia de tout ça ? Vous êtes Dorkas l'Invaincu, elle vous écoutera vous !
— Ce Goupil est son amant, son bras droit et le père de la princesse Lythia. Sans preuve irréfutable, la prévenir ne fera que relever ce que nous savons de lui, et compromettra la sécurité de notre organisation, et donc de la Princesse.
Je grimaçai en détournant le regard.
— Écoute Obéron. La décision de ce conseil a clairement été manipulée par Algraâd, tu m'as prouvé tes compétences aussi bien aux combats qu'à être loyal et fidèle à tes convictions. Si ça ne tenait qu'à moi, tu aurais déjà rejoint nos rangs depuis longtemps. Mais, grâce à son excès de zèle en te dévoilant ce qu'il savait, Algraâd a renoncé à t'utiliser contre la Princesse. Ça signifie qu'il ne te considère plus comme une menace, on peut donc utiliser ça à notre avantage.
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L'ombre d'un loup
FantasyUn conflit millénaire déchire les royaumes et ses populations. Celui des humains, et des faes. Lexa est une fae née sur la terre des Hommes. Soumise au destin réservé à son peuple, elle n'a d'autres choix que d'y vivre cachée avec sa mère. Lorsqu'un...