Lexa - Chapitre 24

8 1 15
                                    


Lexa 


L'air manquait entre ces étroits couloirs ardents, les murs de ce manoir formaient un véritable labyrinthe. Toiles d'araignée et poussière s'accrochèrent à mes cheveux lors de mon enfilade, tandis que les émanations m'irritaient la gorge. Je me faufilais le plus loin possible de la source de chaleur, guettant par les grilles d'aération une issue viable. Nombre de pièces détenaient ces portes de la taille d'un enfant, dissimulées derrière un rideau ou des meubles légers, un passage secret en cas d'attaques ou d'envies lubriques au milieu de la nuit.

Après avoir vérifié l'état de l'une d'entre elles, je tentai de l'ouvrir.

— Allez ! toussai-je.

Je m'accroupis et la poussai de toutes mes forces, la trappe céda sous l'impulsion. Je me rattrapai à son encadrement au dernier moment, m'évitant ainsi de finir sous une armure en métal décorative. Cette partie du manoir accueillait ses premières fumées, le personnel dévalait l'escalier pour fuir vers l'arrière-cour. L'incendie se répandait comme une trainée de poudre, j' interpelai une femme au visage charbonneux.

— Le feu a déjà atteint l'étage ?

— Nos chambres, oui ! Vaut mieux ne pas rester là, tout va s'effondrer !

Le temps jouait en notre défaveur, bientôt, il engloutirait tel un géant affamé et ne laisserait que cendres et désolation sur son passage. Je fis volteface, le garde solisien me barra la route.

— Vous...

Mes paroles déclenchèrent une réaction à vif, il m'attrapa la main et me tira vers la porte d'extérieur. Je freinais des talons pour l'arrêter dans sa manœuvre.

— Qu'est-ce que vous faites ! m'écriai-je dans ma langue natale. Y a encore des gens à l'intérieur, ils ont besoin d'aide !

Il me dévisagea un long moment, perplexe, puis m'entraina à nouveau vers la sortie.

— Argh, mais lâchez-moi ! me débattis-je de son emprise jusqu'à y parvenir.

L'homme me saisit les épaules, les faisant disparaitre sous ses grandes mains rugueuses, et m'obligea à me plonger dans ses yeux vert-de-gris, intense et triste. Je fus comme pétrifiée par cette familiarité envoutante.

— Lexa...souffla-t-il.

Sa voix se brisa de frustration, je tressaillis lorsqu'il abaissa son masque. Cette illusion était-elle due à ces fumées toxiques que j'inhalais avidement ? Quel genre de rêve était-ce là ? Le temps se figea, une bulle intime nous protégeait de ces conséquences. J'effleurai sa joue mouchetée glissant jusqu'à ses lèvres charnues, je détaillais chacun de ses traits changeant au fil des années. Ses expressions s'étaient endurcies, quelque chose avait évolué en lui. Des sanglots m'étranglèrent, j'oubliais comment respirer dans ces conditions.

— Après ce qu'ils t'ont fait...pourquoi tu ne les abandonnes pas à leur sort, Lexa ?

Mon dos se raidit, je le dévisageais avec incrédulité.

— Léoviel...

— C'est l'occasion ou jamais de fuir.

— Pas sans eux, pas sans les miens.

— Ils ne sont pas ta famille...ils te trahiront le moment venu pour leur propre survie.

Je me sentis concernée par ses paroles, le meurtre de son père en échange de ma vie.

L'ombre d'un loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant