Obéron - Chapitre 17

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Obéron

Deux cycles après l'intégration

Je brassais l'air, sans volonté particulière hormis celle de m'occuper les mains et l'esprit. Ces mouvements, inscrits dans mes veines relevaient de deux cycles entiers de formation. Je patientai dans la Cour, voyant mes camarades être appelés chacun leur tour.

Un garde sylvestre, au feuillage cuivré comme les arbres environnants, me demanda enfin de rejoindre la Grande Salle. Je me hâtais, sans prêter attention à la décoration des longs couloirs du Palais. Une fois arrêté devant une grande porte en bois brun massif, je prie conscience des battements de mon cœur anxieux, en ce jour si particulier. A l'annonce de mon nom étouffé, j'entrai dans l'immense pièce plus calme qu'à l'accoutumé, changeant de l'animation désinvolte des bals.

Les imposants troncs écorchés des Glycines traversant le Palais et toutes les pièces juxtaposées en un entremêlement majestueux, qui habillaient murs comme plafond. Cette coexistence parfaite me divertit en soulevant cette question : qui de l'arbre ou du Palais existait en premier ? Ses bougeons mauves m'évoquaient les yeux de ma douce Princesse, attendant le printemps pour fleurir dans cette Grande Salle.

— Obéron, garde-à-vous, annonça le chef des armées assis à la table ovale.

Je m'exécutai le cœur tambourinant dans la poitrine.

— Bien repos. 

Dorkas ainsi que deux autres seelies m'annoncerait d'une minute à l'autre s'ils me considéraient comme adapte à intégrer l'ordre des gardes royaux. J'avais passé haut la main toutes les évaluations précédentes : mes capacités physiques, mon comportement et mes connaissances avaient eu l'air de satisfaire le jury. Dorkas demeurait certain que ce jour ne serait qu'une formalité, car j'avais acquis un niveau bien supérieur à celui demandé pour le poste.

Ce moment représentait l'accomplissement d'un dur labeur et moultes souffrances. Derrière le jury, les portraits des plus jeunes descendants de ce siècle habillaient les murs. Ma Princesse, face à moi, me souriait de sa tendresse habituelle. Une lueur de bienveillance brillait dans son regard, comme pour me dire que nous serions à nouveau réuni.

Une dernière œillade confiante de mon maitre d'armes, gonfla mes poumons d'une énergie revigorante. Je méritais ma place plus que quiconque, j'étais là où je devais être et je n'avais aucune raison d'en douter.

— Au regard du bilan de cette formation, nous confirmons les aptitudes du candidat, à œuvrer pour la sécurité de son royaume, confirma l'Animae au visage félin, chef de la garde armée du Palais.

Mes lèvres se fendirent d'un rictus.

— Cependant, poursuivit-il, Obéron présente un trop grand risque.

Dorkas réagit à ses mots, alors que j'en comprenais seulement la signification.

— Comment vous pouvez dire ça ! Il est la plus talentueuse de mes recrues, c'est un atout loyal et compétent ! rugit l'Ogre.

— Le talent ne fait pas tout Dorkas, trancha l'elfe. La Garde Royale représente le Palais et les Protectrices. Quel crédit accorder à un leanaidroch craint par ses camarades et taché par de nombreuses rumeurs ?

— C'est une blague, grogna l'ogre.

— Les membres de la Cour Lumineuse refuseraient sa protection. Il est tout de même suspecté d'avoir un lien avec la disparation d'un elfe noble ! s'emporta le bras droit elfique dont la neutralité laissait à désirer.

L'ombre d'un loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant