Lexa - Chapitre 2

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LEXA

Empire de Solis

Ce que je redoutais de pire se produisait, ma mère allait mourir. Tel était le sort des Fæs sur la terre des Hommes. Pourtant, j'étais déterminée à contrer le Destin tragique qui s'abattait sur elle.

Un combat contre la Mort s'était déroulé durant cette sombre nuit, mon corps comme mon esprit n'avaient quitté son chevet. Alternant entre la compréhension de son mal et la stabilisation de son état ; sa température corporelle abaissée, ses convulsions se calmèrent. Impossible, toutefois, de crier victoire alors que ses jours étaient comptés.

Au prix de nombreuses expériences, sa souffrance s'en trouva diminuée, pourtant, ce mal inconnu demeurait épris de son corps, dont la vitalité s'éteignait inéluctablement.

Ma mère soignait les autres et non l'inverse. J'aurais aimé être comme elle, une vraie guérisseuse, mais le Destin s'avérait bien parieur avec la vie des mortels. Mes quelques connaissances ne suffisaient pas à la tirer de ce mauvais pas. Je compris que la solution ne figurait pas dans nos livres, je devais donc joindre, celle qui m'aiderait à retrouver espoir.

Une fois encore, la thaumaturgie me fournissait le camouflage idéal, comme nos sorties l'imposèrent. J'ensorcelai chaque détail de mon apparence, afin de dissimulait mes origines aux autres voyageurs trop curieux croisant mon chemin. Une chevelure brune, une carnation dorée et des iris clairs, l'illusion créée me permit de ressembler à n'importe quelle habitante de Solis. M'armant de ma fidèle cape et de mon vieil arc de chasse, je verrouillai la porte en espérant pouvoir revenir à temps. À contrecœur, je laissai mon unique parent, aux bons soins de la Déesse, dans un sommeil troublé.

J'entamai à pied ce voyage qui durerait plus de deux heures, au côté de mon fidèle frère canidé. Ce loup gris me faisait office d'accompagnateur silencieux et rassurant. En dépit de ma fatigue, mes jambes continuèrent d'avancer sans trop que je sache comment. Ni ces paysages colorés et familiers ni la terre molle qui collait un peu plus à mes semelles à chaque pas ne me sortaient de ma réflexion. Je ressassais en boucle ces derniers jours, puis ces dernières semaines. Mais mon esprit était embrumé par mon désespoir et m'empêchait de voir clair parmi toutes ces questions qui grouillaient dans ma tête, comme prisonnière de cette tourmente maladive. Et quand bien même avais-je manqué plusieurs fois de tomber, rester concentrée sur les obstacles naturels que me tendait ce chemin de forêt me semblait impossible. L'épuisement me gagnait, mais l'inquiétude qui nouait mes tripes surplombait le reste. Une douleur vive se forma à travers mon front, rendant la tâche plus pénible encore.

- Je vois de la fumée, grogna Troipate en brisant le silence.

Je tressaillis en entendant sa voix rauque. Battant des cils pour assimiler ce qu'il venait de dire et tenter de me sortir de ma somnolence, je redressai mon menton. À quelques mètres devant nous, un grand arbre trônait au milieu de la forêt. Le tronc, si large, aurait pu contenir une modeste maison. Enfant, l'imaginaire aidant, je rêvais d'y vivre. Quelle majestueuse demeure cela nous aurait faite à Mysti, maman et moi, y songeai-je autrefois. Il dépassait de deux fois les autres arbres des environs. Si épais qu'il aurait été bien impossible de l'abattre même avec cent hommes. Ses aiguilles jaunies dansaient, guidées par la brise fraîche du nord. L'odeur de bois humide s'y dégageant contrebalançait celle de la fumée. Ce roi couvert d'or, veillait sur sa forêt aux couleurs chatoyantes, se préparant pour leur hibernation.

Derrière, nous pouvions apercevoir ladite fumée s'échapper de la cheminée d'un foyer réconfortant et chaleureux. Elle s'envolait, grise et légère, jusqu'à ne faire plus qu'un avec ce ciel, parsemé des nuages d'automne.

L'ombre d'un loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant