Omertà

Lucia

Marignan, 20h54

Les larmes me viennent mais je ne veux pas, je ne veux pas pleurer devant lui. J'accepte son geste et lui sourit. Depuis ce jour mon monde s'est écroulé, ma mère a sombré dans l'alcool alors j'essaye de la faire sortir de ce cercle vicieux mais en vain. Elle a quitté le manoir et elle a déménagé dans la capitale. Mon grand frère lui, a fuit le pays, il doit être au Brésil ou bien en Argentine je n'en sais rien. J'ai été livrée à moi même. Et tout ça, c'est à cause de lui, mon cœur est plein de rancoeur mais je sais aussi que je ne peux pas lui en vouloir toute ma vie, il s'en veut déjà assez pour ça. J'aimerai lui faire comprendre à quelle point j'ai su me reconstruire après ça, que je suis devenue une femme forte à présent.
- Mais aujourd'hui j'aime ce que je fais, même si parfois j'ai l'envie de retourner en médecine, je le ferais peut-être quand ça sera le moment, mais je n'abandonnerais pas ton père. C'est lui qui m'a épaulé, je lui redois ça. Tu dois accepter Marco, je t'en supplie.
Je dois le supplier, je ne veux pas que Tomaso prennes la place de leur père, ça sera la fin de notre alliance. Et je sais qu'il en ait capable. Il a peur, c'est tout.
- Ah ouais, tu me supplies carrément.
Je retire ma main de la sienne et le fixe.
- Tu nous dois bien ca.
- Et pourquoi donc ?
Je commence à bouillir, j'ai envie d'envoyer mon point dans sa gueule mais je ne ferai pas ça, il n'en vaut pas la peine.
- Tu nous as trahi en trahissant l'Omertà.
Son regard est noir. Je sais que je le touche, que je l'agace. Mais ce n'est pas comme si je mentais après tout, il n'a ce qu'il mérite.

Après le décès de mon père, non seulement il m'a abandonné, mais en plus de ça il a balancé l'une de nos magouilles aux Borowski car son papa cheri lui avait coupé ses vivres. Mais Corelli veut lui donner une seconde chance, moi par contre, il va devoir me prouver que je peux lui faire confiance.

Marignan, Fin du repas, 22h22

Le dîner s'est tout de même bien déroulé, malgré 3 querelles et 2 lancés de torchons, nous avons bien discuté. Je lui demande de conduire étant donné que j'ai bu presque l'intégralité de la bouteille de vin blanc, je ne suis pas en état de conduire.
- Mais nan ! Sérieux ?! Je peux conduire ton bolide ?!
- Elle s'appelle Esmée pour les intimes mais toi tu peux l'appeler voiture de Lucia.
- Pouah le rêve !!
Il sautille comme un gamin ce qui me fait pouffer de rire. Il me sourit, ce qui le rend encore plus craquant, et c'est presque agaçant. Le trajet se fait en musique, on enchaîne plusieurs albums de nos groupes préférés, de Artic Monkeys à Maneskin. J'adore ce moment, je le savoure, j'ai de nouveau l'impression de redevenir jeune, quand nous étions encore amis, même si je sais très bien que cette relation, c'est lui qui l'a détruite.