La Guerre Des Clans - Cycle Boréal Livre I - Nuit D'Orage

Chapitre 16

LES JOURS PASSAIENT, ÉTONNEMENT CALMES. Enfin, Douce Pluie, Nuage de Lune et Nuage Marin étaient partis à la Pierre de Lune. Nuage de Braise et Nuage Boréal les guettaient du haut du rocher de la vigie. Ils avaient eu l'autorisation exceptionnelle d'y passer la nuit, à condition qu'ils montent bien la garde. C'était très irritant pour Nuage Boréal de devoir attendre, ne sachant pas ce qui se passe chez les guérisseurs, s'ils arriveraient à parler à Une-Moustache et Nuage de Châtaigne. Et encore, si Nuage de Châtaigne était acquise à leur cause, Une-Moustache et Nuage de Lierre étaient une toute autre affaire. En plus ils n'avaient pas vraiment de plan préparé pour les convaincre. Nuage Boréal s'appliqua pourtant à réfléchir jour et une nuit à un stratagème qui pouvait fonctionner, mais il avait été si occupé ces derniers jours que le temps commençait à manquer. Le Clan de la Rivière avait redoublé leurs patrouilles et le Clan de l'Ombre n'était pas revenu mais son odeur était elle aussi très forte. La prochaine attaque semblait proche, il fallait faire vite.
Le jeune chat faisait les cent pas sur le rocher. La demi-lune éclairait de sa couleur pâle et froide la roche grisâtre et les hautes herbes de la lande.
« Tu vas arrêter ? Tu me rends malade à tourner en rond comme un poisson dans l'eau ! taquina Nuage de Braise.
— Désolé, marmonna le félin, je m'inquiète.
— Oui, ça je le vois bien. Assieds-toi un instant et essayes de te calmer, tu réfléchiras mieux tu verras.
— C'est toi qui dis ça ? C'est le chaton qui se moque du vieux chat !
— Eh, ça m'arrive aussi, d'être calme et réfléchie, crois-le ou non. Allez viens là. »
Nuage Boréal s'exécuta, il s'assit à côté de la chatte rousse et guetta l'arrivée de ses camarades. Il prit une grande inspiration en fermant les yeux, tentant de se remémorer ses rêves avec Œil du Soleil. Il sentit alors une langue chaude et râpeuse sur sa joue.

« Là, ça va mieux ? Demanda Nuage de Braise en ronronnant.
— Oui, merci. Je suis content que tu sois là.
— Bon alors, dis-moi, c'est quoi ton super plan ? Tu as bien un début de plan non ?
— Oui, je vous le partagerai en temps voulu, j'attends d'être sûr de pouvoir compter sur tout le monde.
— Je te fais confiance, tu nous as bien amené jusqu'ici. Mais attention moi je veux le rôle principal ! » fanfaronna Nuage de Braise.

Il tourna la tête pour regarder la jeune chatte. Son pelage roux et tigré semblait brun à la lueur de la lune, mais ses yeux ambrés brillaient d'intensité. Il admirait sa ténacité, elle avait parcouru beaucoup de chemin depuis le jour de leur rencontre, blessée, épuisée avec son frère. Ce dernier était si différent d'elle : lui très réservé, aimant la nature, la tranquillité, le mysticisme et elle au tempérament de feu et aux grands talents guerriers, peu croyante mais adorant être entourée des siens. Elle est très audacieuse, volontaire et a une loyauté sans conteste : d'abord envers son frère, et maintenant envers son clan. Nuage Boréal réfléchit à sa propre relation avec sa sœur : tous deux étaient des guerriers, mais elle s'intéressait plus à la chasse et l'exploration qu'aux techniques de combat. Elle avait surtout une qualité que Nuage Boréal enviait : la capacité de se détacher de certains sujets. Bien sûr elle était aussi déterminée que lui à découvrir la vérité autour de Croc Noir, mais s'il n'avait pas été là, aurait elle fait tout ce que lui avait fait ?
Il secoua sa tête. Tous les chats avaient leur propre personnalité et c'est tous ensemble qu'ils y arriveront. S'il n'avait pas sa sœur, il serait peut-être même toujours prisonnier du Clan de l'Ombre !
« Nuage Boréal ? Tu rêvasses encore ! »
Son attention revint sur la jeune chatte qui lui souriait. Il ressentit une petite gêne en la regardant, sentant sa douce odeur et son corps contre le sien, se gonflant au rythme de sa respiration. Depuis quelque temps elle semblait bien plus présente dans sa vie, à jouer au chat et à la souris à longueur de journée. Il s'étonnait à la chercher quand il ne le voyait pas, à négocier des patrouilles et de parties de chasse pour partir avec elle. C'était devenu un automatisme qu'il n'avait pas vraiment réalisé auparavant.
« Alors ? insista-t-elle, J'aurais bien le rôle principal n'est-ce pas ? Je suis la meilleure guerrière j'en suis certaine !
— Tu as le rôle principal dans tous mes rêves. »
Elle regarda ses pattes en ronronnant, gênée, avant d'être sauvée par ses camarades :