𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 20 ☀︎ La cabane

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A𝖚 𝖙𝖊𝖒𝖕𝖘 où Shoresborn était un royaume divisé, l'île — qui est toujours découpée en trois par le fleuve — portait le poids des différences et des batailles entre chaque terre.

La plus grande surface était habitée par les humains au sang rouge qui exploitait le sang de leurs voisins, les guérisseurs. Et sur la dernière terre, celle qui aujourd'hui est la plus belle, décorée de tout type de paysage, on trouvait les guéris. Ils priaient les guérisseurs, et ont été réduits à la poussière, massacrés par les humains car leur choix de vie n'était pas convenable.

- Tourne à droite.

La seule religion possible à ce moment-là était celle de la royauté. On priait seulement la famille royale. D'après la légende, chaque nouvel enfant royal se fait doter d'une aptitude qu'il ne peut utiliser qu'une fois dans sa vie.

Grâce à eux, on aurait découvert le feu, commencé à construire des abris puis des maisons, à construire des bateaux grâce à une reine au pouvoir de l'eau, on aurait commencé à construire des avions grâce à un roi au pouvoir de voler...  

Avant, la famille royale se voyait couverte de cadeaux et de demandes. Au fils des années, seul l'esprit est resté. Inconsciemment, la motivation de croire en la famille royale était donnée aux enfants. On leur fait croire qu'ils sont au-dessus de la race humaine, que s'ils créent quelque chose c'est pour le bien, que chacune de leur parole apporte la science pure. 

- Gauche.

Ismyni a échappé à ces croyances en n'allant pas à l'école pendant près d'un an et demi. Jeune, elle s'était rendu compte que la famille royale n'était pas différente des autres. Elle aussi agit par envie, nécessité. Si elle espérait quelque chose, elle devait se battre pour l'obtenir, voilà ce qu'Ismyni a appris pendant cette année.

Comme aujourd'hui, elle se bat pour de nouveau avoir sa soeur. Comme tous les jours, elle se bat pour garder ses amitiés, ses secrets. Jamais elle n'a cessé de se battre.

- Je n'aime pas cette route, soupira Ismyni en s'approchant de la vitre pour être sûre de rouler sur les cailloux et non l'herbe.

Ils auraient pu arriver en cinq minutes, mais non. Il fallait que ça soit une maison perdue dans la forêt, éloignée du reste du monde depuis ils ne savent combien de temps.

- Normalement se sera sur ta droite quand tu auras tourné, termina Esdras en éteignant le téléphone de la brune.

- On va s'arrêter là dans ce cas, déclara Ismyni en sortant. On dirait la scène parfaite pour un film d'horreur.

- Je ne pensais pas qu'il faisait aussi froid. Ni même qu'un tel froid était possible sur l'île. 

- J'ai déjà envie de rentrer, bordel. Mais aller, il faut un peu de courage dans la vie.

La motivation ne fonctionnait pas pour Ismyni. Elle se mit en marche malgré tout, frissonnante et observatrice. Chaque bruit la mettait en garde. Autour d'eux, seulement la forêt était perceptible. Elle était bien différente de celle qu'Ismyni traversait tous les matins. Celle-ci était parsemée d'arbres de plus de six mètres de hauteur et d'une herbe si haute qu'elle pourrait abriter un rhinocéros. 

- Imagine qu'en entrant, on trouve la dame morte sur le sol.

Il chuchota ces paroles en s'approchant d'Ismyni d'un pas silencieux. Elle sursauta en sentant ses mains se fermer sur ses épaules. Sans réfléchir, elle lui assena un coup en plein milieu des côtes.

- Putain, mais ça va pas ?!

- Normalement, ça allait. Mais là c'est vrai que j'ai un peu mal. Je n'avais jamais réfléchi à ta force mais maintenant que j'y suis, je me dis que tu en as assez pour me briser un os.

Du sang aux larmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant