𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 11 ☀︎ Le coffret

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𝕰𝖓 𝖕𝖊𝖚 𝖉𝖊 𝖙𝖊𝖒𝖕𝖘, elle fut séchée. Revenir chez elle était maintenant la dernière étape. Son moral, qui s'était clairement amélioré, semblait dépérir à chaque pas en direction de la porte d'entrée. Le destin est vraiment bien fait. Quelles étaient les chances pour que ceux qui tombent sur le corps soient une partie de sa famille ? De plus, sur la plage, à un lieu où ils n'allaient que par une soirée exceptionnelle. Ce n'était pas habituel. Et cela le deviendra encore moins.

- Ça va, ma chérie ? Où étais-tu passée ? 

A peine la porte s'ouvrit que sa mère s'était levée de son siège. Et le soulagement prit possession de son visage alors qu'elle s'approcha pour serrer sa fille dans ses bras. Et Ismyni remarqua que c'était ce qui lui manquait. Le câlin de quelqu'un qui porte la même souffrance.

Pour Feyre, le père d'Ismyni était seulement son premier beau-père. Elle ne l'avait pas accepté et ne l'avait pas non plus connu longtemps.

Pour sa mère, Sebastian Zoya était son premier mari, le premier homme qui lui a redonné espoir en le sexe opposé. Lui ne s'était pas enfui à l'annonce d'une grossesse.

- Surfer. J'avais besoin de... De surfer.

Si Feyre l'avait fait, elle se serait inquiétée. Tellement plus. Mais Feyre se serait prise bien plus de parole, de discours.  S'il y a bien une chose qu'Ismyni apprécie dans cette inégalité entre soeurs, c'est bien la liberté qu'offre le fait d'être en le second plan. 

- Je ne comprends pas trop cet amour pour ce sport, mais tant mieux. Si ça t'aide, c'est le principal, ajouta-t-elle par la suite en la lâchant.

En montant les premières marches de l'escalier, le regard teinté de vert de la brune se posa sur le salon. Il était plus en désordre que la normale. Comme si quelqu'un s'était préparé à y passer la nuit. 

- Ejder voulait aussi t'attendre, mais il a un rendez-vous tôt demain, avant d'aller à l'orphelinat. Alors je l'ai un peu... Obligée à se coucher. Il me semble que tu vas avec lui ?

- Oui. La soirée d'anniversaire de Cyrus a été déplacée à demain soir, alors je suis disponible.

- C'est très gentil ma chérie. 

Ismyni acquiesça sans un mot et recommença à monter malgré la question qui s'accrochait longuement dans sa tête. Alors à mi-chemin dans le couloir, elle osa et redescendit de quelques marches pour apercevoir sa mère encore dans le salon. Au point où elle en est aujourd'hui, autant continuer à user de ce courage qui partira dès l'instant où elle s'assoupira. 

- Maman... Tu aurais des photos de papa ? S'il te plait. 

Un fin sourire apparut sur ses lèvres et un reniflement résonna dans le silence avant qu'elle n'acquiesce. 

- Oui, bien sûr. 

Elle la croyait invisible, mais une larme solitaire dévala la joue de la mère de famille. Elles s'étaient toutes deux promis de ne plus le pleurer. Et pourtant. Voilà les larmes où le reflet des bons souvenirs est visible. Où la douleur se comprend et s'apprend. Car en parallèle, une larme s'échappa de l'oeil d'ismyni. Comme si en voyant celle qui reflète le même passé, elle n'avait pu s'empêcher de s'échapper. 

Des objets furent déplacés dans un bruit assez silencieux avant que des pas ne résonnent et que sa mère apparaisse devant elle.

- Je savais qu'un jour tu en aurais besoin. J'ai... j'ai une boite si tu veux. Je te laisse découvrir tout ce qu'il y a dedans, seule. Comme tu aimes. 

Un "merci" fut la seule chose qu'elle parvint à sortir de sa gorge. « comme tu aimes » Elle n'aime pas forcément être seule. Elle a juste appris jeune à ne pas pleurer devant les gens. Alors souffrir en silence était devenu la seule solution. Elle était vue comme la jeune fille mature, timide et sérieuse. Celle qui est tellement forte que plus tard elle se sent obligée de continuer sur cette lignée. Celle qui maintenant a totalement changé. 

Du sang aux larmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant