𝕷𝖆 𝖗𝖔𝖚𝖙𝖊 était étendue, compacte et goudronnée. Les gouttes de pluie dévalaient l'air pour s'éterniser sur le sol dans un geste fluide et vigoureux. Leur odeur humide s'éternisait dans les narines d'Ismyni qui écoutait cette harmonie de sons.
Etrangement, elle s'habituait aisément à ce climat et à ces paysages citadins. Les espaces de végétation étaient si compressés et peu existant que pour remédier à ce fléau, des arbres étaient installés dans chaque rue. Leurs fines branches s'agrippaient aux fenêtres, et leurs feuilles de couleur claire s'épanouissait sur les trottoirs.
Le ciel grisâtre était parsemé de nuages noirs aux larmes aussi lourdes que la peine des habitants. L'eau frappait le vent dénué de fraicheur, et se cognait contre les corps des passants. Sa main était posée sur son front pendant qu'Ismyni lisait les noms inscrits d'une écriture simpliste sur les boites aux lettres.
Rinster. Oprah. Selking. Ses bras s'échouèrent contre son corps lorsqu'elle trouva la maison, laissant contre son visage la sensation d'une protection de sa vision.
- Ici ! indiqua-t-elle aux trois adolescents qui cherchaient eux aussi le bon domicile.
En rouspétant, Ioan se dandina jusqu'à elle. Ses cheveux se secouèrent tels des poils de chiens après une promenade et Ismyni n'oublia pas de lui faire la remarque.
En gardant un oeil derrière elle, la brune toqua à la porte. Sans attendre, elle descendit les trois marches devant la porte pour laisser de la place à son interlocuteur.
De l'extérieur, cette maison semble intime et confortable. Construite avec des briques rouges, elle s'accroche fièrement au sol comme si elle y était fixée depuis sa naissance. De petites fenêtres arrondies ont été ajoutées de manière symétrique à la devanture.
- J'ai dit que je ne sais pas où mes voisins sont partis ! zézaya une voix rauque de l'autre côté de la porte.
D'un geste symboliquement protecteur, Esdras la tira à leurs côtés lorsqu'un homme sortit après avoir compris qu'ils n'étaient pas ses ennemis. Ils formèrent une ligne face à l'entrée comme s'ils s'apprêtaient à l'attaquer.
- Tu as la même couleur de cheveux que lui, se moqua Ioan à l'oreille de Lune qui l'ignora.
- Qui êtes-vous ?
Le dos courbé, le vieil homme fut pris d'une crise de toux qui ne s'arrêta que lorsqu'il se tapa avec de gros coups de poing. Son ventre et sa colonne vertébrale y passèrent.
- Vous êtes bien le frère de Madame Selking ? entama Lune d'une voix peu sûre d'elle.
De son regard jaune, le vieil homme les observa chacun de la tête aux pieds avec un sourcil haussé. D'un signe de main lent, comme si chaque effort lui coutait des doses énormissimes d'énergie, il décréta qu'ils pouvaient entrer.
- Ne restez pas sous la pluie.
Son accent ajoutait de la difficulté à la compréhension de ses paroles. Il articulait mal et mélangeait certains sons.
L'appréhension serpentait leur corps avec rythme, le même que celui que créaient leurs pas contre le sol flexueux. Ismyni ne stressait pas autant que pour les autres étapes de cette chasse au trésor, à force, elle se disait que quelque chose courra mal peu importe ce qu'ils font.
Ces meurtriers sont maintenant derrière eux, presque à chaque seconde. Ismyni se sentait surveillée parfois. Chaque voiture qui passait près d'elle, elle se sentait obligée de vérifier si des masques blancs n'étaient pas visibles à l'intérieur. Ils pourraient changer de voitures. Ou même les suivre sans porter leur combinaison pour plus de discrétion.
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Du sang aux larmes
FantasíaNe jamais rien accepter d'un inconnu. Cette phrase résonne encore dans la tête d'Ismyni Zoya, et fut un temps où elle aurait obéi. Mais aujourd'hui, si quelqu'un venait à lui promettre une vie normale, Ismyni sait déjà qu'elle sauterait. Non sur le...