CHAPITRE 27

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A : « Et donc, qu'en dites-vous, Doct.... ? Allez-vous de terminer cette autopsie ou êtes-vous trop occupé à  vous inquiéter pour votre belle capitaine ? »

Balthazar leva lentement les yeux du corps nu et meurtri qui gisait sur la table de la salle d'autopsie et le pointa sur le joli visage de la jeune fille qui était assise à côté de lui et qui l'observait avec un petit sourire moqueur.

B : « Oui, tu as raison. Pardonne-moi si je t'ai négligée, Aurore...»

Aurore Marquand.

C'était le nom du cadavre féminin retrouvé dans le labyrinthe souterrain.

Balthazar avait passé les deux dernières heures devant ce cadavre, l'inspectant et le vivisectant centimètre par centimètre, à la recherche de tout élément utile pour l'identifier.

Ce qui, pour la jeune fille, avait dû être le pire moment de sa jeune vie, était devenu pour Raphaël une bouée de sauvetage.

Après qu'Hélène, Camille et les autres soient partis pour atteindre le parc d'attractions où probablement se cachait son frère tueur fou, lui et Olivia étaient rentrés à l'IML, et Balthazar s'était lancé à corps perdu dans le travail.

Il avait sorti le corps de la jeune femme de la chambre froide, s'était pratiquement barricadé dans la salle d'autopsie et avait commencé à réexaminer compulsivement chaque détail de ce cadavre meurtri.

Il savait que c'était la seule façon de résister à l'envie de monter dans sa voiture très chère, de la conduire à toute allure et de rejoindre Hélène où qu'elle se trouve à ce moment-là.

Il avait fait un effort surhumain pour la laisser partir, après leur étrange conversation dans la cour de la prison et ce moment d'intimité physique et émotionnelle si intense qu'il l'avait laissé presque étourdi...Mais surtout, après qu'elle lui ait si franchement ouvert son cœur et qu'il n'était pratiquement plus qu'à un pas d'en faire de même.

Et maintenant... maintenant il était envahi par une peur folle et irrationnelle de ne plus avoir le temps de le faire....

Exactement comme c'était arrivé il y a deux ans...

Le temps avait passé, les scénarios avaient changé, et pourtant il continuait à revivre toujours la même scène et répéter les mêmes erreurs, comme dans une sorte de rewind qui s'éternisait sans fin .

La première et unique fois qu'Hélène lui avait dit qu'elle l'aimait, Raphaël avait ressenti un bonheur indescriptible.

Il était en train de mourir, mais son cœur débordait de joie.

Une joie qui s'est vite mêlée à d'autres sentiments amers : le regret de ne plus avoir de temps pour cet amour et le remords de ne plus avoir le courage de se battre pour lui.

Avec les dernières forces qu'il lui restait, il avait laborieusement ouvert les yeux et essayé de réparer son erreur.

Mon amour.....je t'aime....

C'étaient les derniers mots qu'il avait réussi à chuchoter avant de tomber dans l'oubli de l'inconscience.

Qui sait si Hélène les avait entendus....Probablement pas....mais il ne lui avait jamais demandé.

La prochaine fois, il faudrait qu'il parle haut et fort, pour être sûr qu'elle n'ait aucun doute sur ses sentiments...

La prochaine fois....

A : « Et alors, Doct? Êtes-vous de nouveau distrait en pensant à votre bichette? »

Raphaël sortit de ses sombres pensées et reporta son attention sur son nouvelle amie-fantôme, qui était visiblement bien décidé à ne pas lui accorder un instant de répit.

REINE DE COEURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant