CHAPITRE 42

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Depuis plusieurs minutes, Balthazar avait continué à ouvrir et fermer sa main à plusieurs reprises, dans une vaine tentative de réactiver la circulation sanguine dans ses doigts engourdis; mais malgré ses efforts, son bras gauche était toujours complètement bloqué et dépourvu de sensibilité, en raison de la pression prolongée exercée par le léger poids qui reposait sur lui.

Hélène et lui étaient allongés, ou plutôt coincés, sous le bureau de Camille et depuis plus d'une demi-heure, elle restait immobile dans la même position, la tête allongée sur son épaule et le dos appuyé contre son bras, plongée dans un très profond sommeil.

Et il se serait laissé amputer tout le membre, plutôt que de la réveiller et de rompre le charme.

Il n'arrivait toujours pas à croire que tout cela était vrai. Et pourtant, c'était ainsi : Hélène était là, à ses côtés, et c'est à ses côtés qu'elle avait choisi de rester. Sans plus de limites, sans conditions absurdes, sans doutes ni revirements.

Ils étaient simplement, et enfin, ensemble.

Pour la millionième fois en l'espace de cette demi-heure, Balthazar sourit comme un idiot, le regard perdu dans le vide, puis tourna la tête et se remit à contempler le visage de sa belle endormie. Il effleura doucement ses lèvres, rendues encore plus gonflées par les longs baisers passionnés qu'ils avaient échangés ; il écarta ses cheveux de son front et caressa doucement ses joues, rougies par le contact de sa barbe et par la chaleur de la passion qu'ils venaient de consommer.

Après que leurs cœurs eurent enfin trouvé leur chemin l'un vers l'autre, leurs corps avaient rapidement fait de même. Et exactement comme la première fois qu'ils avaient couché ensemble, dès le moment qu'ils s'étaient touchés, le monde autour d'eux avait immédiatement disparu: peu importe qu'ils se trouvent au milieu d'un commissariat de police ou qu'ils soient allongés sur un sol froid avec seulement quelques oreillers usés comme matelas ; la seule chose qui comptait vraiment, c'était leurs mains qui se caressaient, leurs yeux qui se souriaient, leurs corps qui fusionnaient jusqu'à ne plus qu'un.

Raphael ne se souvenait plus depuis combien de temps il n'avait pas ressenti cela.

Il savait seulement que pour la première fois depuis 15 ans, il était enfin complètement et parfaitement heureux. Et il aurait défendu ce bonheur à tout prix...

Même celui de perdre un bras... – pensa-t-il en souriant et en fronçant en même temps les sourcils avec une petite grimace de douleur.

Durant ces quelques jours passés en contact étroit avec son belle capitaine, Balthazar avait appris deux leçons importantes. La première : tous deux semblaient avoir une tendance malsaine à choisir les endroits les plus exigus et les plus inconfortables pour faire l'amour. La seconde : réveiller Hélène pendant qu'elle dormait était pratiquement impossible, car elle était capable de s'endormir même sous un bombardement nucléaire.

Comme s'elle répondait à ses pensées, Raphaël la sentit bouger contre lui et presser un peu plus le dos contre son bras, ce qui lui causa un atroce élancement.

Réprimant stoïquement le juron qui lui était montée aux lèvres, Balthazar utilisa son bras libre pour la faire changer de position, puis lui remit sur les épaules la chemise avec laquelle il l'avait maladroitement couverte pour la protéger du froid.

Tandis qu'il réarrangeait la chemise, son regard tomba sur les coupures qu'Hélène avait encore sur l'avant-bras et que cette folle Maya lui avait infligée lors de cette absurde, horrible et inutile rencontre à laquelle ils l'avaient forcée à participer.

Un peu troublé, il laissa sa main courir sur la peau délicate d'Helene, suivant avec ses doigts le profil de ces macabres dessins. Quelques jours s'étaient écoulés et les blessures étaient presque complètement guéries ; de plus, les coupures étaient superficielles et les cicatrices auraient disparu complètement d'ici quelques semaines.

REINE DE COEURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant