Jour 15 | Aleksandra

1.7K 111 1
                                    

/!\TW violence physique : La fin du chapitre (passage passé) peut être quelque peu extrême. Donc ne pas lire si vous êtes sensible et pas alaise./!\


-𝙇'𝙚𝙣𝙛𝙚𝙧 𝙟𝙚 𝙡𝙚 𝙘𝙤𝙣𝙣𝙖𝙞𝙨. 𝙅'𝙮 𝙖𝙞 𝙫𝙚́𝙘𝙪 𝙩𝙤𝙪𝙩𝙚 𝙢𝙖 𝙫𝙞𝙚. 𝙋𝙤𝙪𝙧𝙩𝙖𝙣𝙩 𝙘'𝙚́𝙩𝙖𝙞𝙩 𝙢𝙖 𝙢𝙖𝙞𝙨𝙤𝙣 𝙚𝙩 𝙣𝙤𝙣 𝙡𝙚 𝙧𝙤𝙮𝙖𝙪𝙢𝙚 𝙙𝙚𝙨 𝙙𝙖𝙢𝙣𝙚́𝙨-



— T'es enfin réveillée, j'entends dans mon rêve.

Pourtant il n'y a personne. Il n'y a que ma mère qui s'en va dans le soleil.

— Maman, lui crié-je. Pars avec moi, s'il te plaît.

Mais elle ne se retourne pas, elle sait ce qu'elle fait en me laissant ici, avec lui. Elle sait que je vais subir ce qu'elle a vécu pendant des années. Elle sait ce que sa fille de dix ans va vivre à présent. Pourtant elle me laisse avec mon père.

— Aleksandra...

Je reconnais la voix de Johnatan. Je regarde ma mère qui s'envole dans la lumière éclatante du soleil. Au revoir. « Je suis désolée Alek... ».

Soudain le soleil disparaît.

Il est échangé avec le visage inquiet de Johnatan devant mes yeux. Il me sourit de toutes ses dents. Je sens son pouce me caresser le front.

Un contact doux... je pense apprécier.

— Tu n'as cessé de dormir depuis hier, chuchote-t-il.

Je me redresse gentiment. Johnatan s'écarte un peu sur le bord de mon lit. Mes yeux regardent l'horizon, le soleil est en train de descendre dans le ciel, lui donnant des couleurs orangées.

— J'ai dormi combien de temps, demandé-je d'une voix railleuse.

— Presque vingt-quatre heures.

Autant de temps. J'ai eu l'impression de fermer les yeux et de les rouvrir l'instant d'après. Un bruit de vaisselle me tire de mon observation de l'océan. Johnatan manie un bol de soupe encore fumante dans ses mains. Je le lui prends des mains. Le contact de ma peau contre le bol en céramique, apporte une chaleur dans tout mon corps. Je dépose mes lèvres sur le bord du contenant. La soupe me brûle légèrement.

— Je l'ai faite cette après-midi, dit-il pour combler le silence.

Je finis presque d'une traite le liquide orange. Je lui tends le bol vide et passe une main sur ma bouche pour retirer le reste de soupe qui est sur les coins de mes lèvres.

— Merci Wilson.

« Johnatan. » J'aime bien l'appeler Wilson.

Tu te sens bien ? me demande-t-il un peu inquiet.

Je hoche la tête pour dire oui.

— Je vais te laisser alors, dit Johnatan en se levant de mon lit avec le bol dans les mains.

Je le regarde sortir et fermer la porte tranquillement puis j'observe le soleil descendre progressivement à l'horizon. A demain. « A demain petit soleil ». Ce même soleil qui a libéré maman. Le jour et même les jours d'après qui ont suivi son départ, je me disais que c'était grâce au soleil qu'elle avait réussi à partir. Depuis ce jour je rêvais de moi aussi passer à travers lui. D'être libérée de ma vie. Mais ce n'était qu'une illusion. J'ai vite compris, j'ai tout compris trop vite... À douze ans je n'étais plus réellement une enfant, je savais de quoi le monde était fait. Je l'ai su bien trop tôt...

LA VIE COULE EN NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant