Jour 16 | Aleksandra

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–𝙇𝙖 𝙙𝙤𝙪𝙡𝙚𝙪𝙧 𝙥𝙖𝙧𝙩𝙞𝙧𝙖 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝙡𝙚 𝙩𝙚𝙢𝙥𝙨. 𝙈𝙖𝙞𝙨 𝙚𝙡𝙡𝙚 𝙘𝙖𝙪𝙨𝙚𝙧𝙖 𝙪𝙣𝙚 𝙘𝙞𝙘𝙖𝙩𝙧𝙞𝙘𝙚 𝙦𝙪𝙞 𝙨𝙚𝙧𝙖 𝙖̀ 𝙟𝙖𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙡𝙖̀–



Johnatan m'a forcé à venir avec lui en ville. Certains regards se posent sur moi. Les gens se disent sûrement : elle est toujours en vie celle-là ? Du moins, c'est ce que j'ai pu entendre d'après les rumeurs.

Ils sont très peu à me reconnaître, mais ils sont quand même là. Au coin d'une rue, dans une épicerie. Ils ne connaissent pas mon histoire, mais en savent une partie. Pour eux, je suis simplement la fille suicidaire de la ville. Et même, je crois que ma popularité est aussi haute.

Je me surestime pour une fois.

— Un peu de nerfs, Keen, me crie Johnatan quelques mètres devant moi en claquant des mains.

Je presse le pas pour être à ses côtés. Je le suis depuis des dizaines de minutes et l'endroit où l'on va m'est inconnu. Il a dit qu'on n'avait qu'une vie avant de partir de chez lui. Ce qui ne mène à aucune supposition évidente d'où nous allons.

Soudain, Johnatan me tire le bras et nous arrête devant une vitrine décorée d'autocollants noirs. Les motifs représentent une inscription et je comprends que nous sommes devant un salon de tatouages.

— Tu veux qu'on se fasse tatouer ?

— Nan Aleksandra. Je nous ai amenés ici, dans un salon de tatouage, pour faire un tennis, dit-il avec un tel sérieux que l'on pourrait le croire.

— Évidemment qu'on va se faire tatouer ! hurle-t-il dans la rue vide.

Je ferme les yeux sous son ton, limite agressant, et hoche la tête de droite à gauche, presque amusée.

Depuis petite, j'ai toujours voulu me faire faire un tatouage, mais ça fait longtemps que je n'y ai pas pensé...

Johnatan ouvre avec hâte la porte de la vitrine et s'enfonce dans le salon. J'entre après lui et je le vois discuter avec une femme aux cheveux blancs polaires derrière le comptoir. Des vingtaines de tatouages sont sur ses bras fins. Je m'avance hésitante et la femme loge ses yeux bleu glacier dans les miens.

— Tu dois être Aleksandra, dit-elle avec un sourire sur ses lèvres. Johnatan m'a beaucoup parlé de toi.

— Beaucoup est un grand mot, réplique Johnatan. C'est Alice, je l'ai rencontrée par hasard quand j'ai débarqué ici.

Je hoche la tête, toutes ces informations n'étant pas réellement nécessaires. Je m'approche du comptoir, les mains dans la poche de mon sweat et regarde les fiches où des dessins sont représentés.

Il y a de tout, cela peut aller de la petite licorne ridicule au visage plus que réaliste.

Une page attire mon attention. Une page consacrée à de petits tatouages représentant des soleils. Il y en a de toutes sortes, mais un seul a capté mon regard. Un soleil à quelques branches, fait avec des traits fins.

— C'est le tatouage qui appelle, dit une voix qui me sort de ma contemplation.

Je redresse mon visage et vois Alice devant moi, les mains contre le comptoir.

— C'est le tatouage qui nous choisit et non l'inverse.

— Oh, oui, dis-je un peu gênée.

— Tu sais ce que tu voudrais faire ? me demande-t-elle.

LA VIE COULE EN NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant