Passé

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–𝙅'𝙖𝙞 𝙦𝙪𝙚𝙡𝙦𝙪'𝙪𝙣 𝙨𝙪𝙧 𝙦𝙪𝙞 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙩𝙚𝙧. 𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙞–


2020

Aleksandra, 16 ans.

Le club autour de moi se vide. Il reste seulement les gens bien trop torchés pour rentrer chez eux... comme moi. La tête sur le bois du bar, je me dis que ma vie est merdique à souhait. Mes yeux sont posés sur le petit verre où il reste un petit fond de vodka. Je le fais tourner de mes doigts, attendant Hector. Il vient à chaque fois.

Il vient toujours en posant l'une de ses gigantesques mains sur mon épaule menue. Puis il me secoue légèrement pour que je revienne « à la vie » et on s'en va dans la nuit.

Mes yeux verts se perdent dans le liquide transparent qui tourne comme un petit tourbillon dans le fond du verre. La musique finit par s'arrêter et l'homme au fond du bar décide de se lever. Il marche en titubant jusqu'à la sortie.

Je me redresse, la tête lourde. Je gémis la bouche scellée. « Tu as encore trop bu, Alek ». Je bois toujours trop petite voix. Je regarde les dernières gouttes d'alcool dans le verre et l'apporte à mes lèvres. Le liquide stagne dans ma bouche, puis je l'avale.

Une grande main se pose sur mon épaule, comme à chaque fois. Je me retourne et derrière moi se trouve Hector les cheveux détachés, avec un petit sourire qui attendrit son visage de brute épaisse. Je descends du tabouret en prenant mon sac et marche devant jusqu'à la sortie.

Dehors, je sors une clope et l'allume. Hector et moi marchons sans se dire un mot, et je ne lui en veux pas. J'aime ne pas parler, juste écouter ce qui nous entoure, observer sans rien dire.

L'air est frais en cette nuit de septembre, et je ne porte qu'une robe beaucoup trop courte. Je frissonne mais ne m'en plains pas. Je prends une taffe et crache la fumée qui se fraie un chemin dans le ciel aux couleurs de l'aurore.

Hector a dû remarquer mes quelques tremblements, car il enlève son blazer et me le donne. Il m'arrive jusqu'aux genoux et il est vraiment trop lourd pour mes épaules presque squelettiques. La chaleur corporelle qui était emmagasinée à l'intérieur de la veste en cuir me réchauffe immédiatement.

Je tourne les yeux vers lui, qui est désormais en teeshirt. Un teeshirt qui a l'air beaucoup trop petit pour sa musculature plutôt développée.

J'ai entendu par Gregory que Lachlan faisait des combats illégaux en ville. Et en voyant Hector et son physique, je me demande s'il ne participerait pas aux combats donnés par son grand méchant frère.

— Merci Hector le castor, chuchoté-je.

Il tourne sa tête et baisse ses yeux vers mon visage et lâche un rire franc. « Rigole ». Je peux pas. « Bien sûr que si tu peux ». Non...

Il passe une main dans ses cheveux roux pour les rejeter en arrière. Une question trottine dans ma tête quand je m'attarde sur ses nombreux tatouages.

— T'es bikers Hector ? demandé-je en finissant ma cigarette que je jette au sol.

— Avant oui, répond-t-il simplement. Pourquoi ?

— T'as la tête de l'emploi, dis-je simplement.

Il pouffe sous ma réponse.

Et nous marchons jusqu'à ma rue sans dire un mot. Au bout de celle-ci, nous nous stoppons et je lui redonne son blouson.

— A la prochaine Hector.

— A la prochaine Aleksandra, dit-il en partant chez lui.

Je marche d'un pas vif jusqu'à chez moi, mais le regrette aussitôt le palier passé. Car il est réveillé et que l'enfer est déjà autour de moi, parce que j'y habite, en Enfer. 



CORRIGÉ

LA VIE COULE EN NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant