Passé

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-𝙅𝙚 𝙣'𝙖𝙞𝙢𝙚 𝙥𝙖𝙨 𝙡𝙚 𝙡𝙮𝙘𝙚́𝙚, 𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙟'𝙮 𝙨𝙪𝙞𝙨 𝙤𝙗𝙡𝙞𝙜𝙚́-



2020

Aleksandra, 16 ans.

Une odeur nauséabonde me refait prendre conscience de mon corps. Le mélange d'alcool, de la clope froide et du sang s'infiltrent dans mes poumons endoloris. Je lâche un gémissement de douleur face à ma profonde respiration.

Une douleur aiguë me comprime la cage thoracique, ce qui me fait souffrir le martyre à chaque inspiration. J'entrouvre les yeux et me souviens petit à petit de ce qui s'est passé. Je parviens à bouger et décolle ma joue du sol où mon sang réside. Mes yeux se posent un peu partout, salon, cuisine, escaliers, il n'est pas là. Je regarde une fenêtre et constate que le soleil commence à se lever.

Je souffle et me redresse rapidement en espérant que cela me fasse le moins mal possible, mais en vain. Au moindre mouvement, mon corps tout entier me fait mal. L'air qui s'engouffre dans ma gorge me fait l'effet que des milliers de petits bouts de verre sont ancrés dans mon œsophage.

L'air qui provient de la fenêtre ouverte à ma gauche, lèche la peau du haut de mon corps nu. Il s'engouffre dans les plaies, et les blessures qu'il m'a provoquées la veille. De grandes brûlures vives s'immiscent un peu partout dans mon dos et sur mon ventre.

J'ose regarder l'état désastreux de mon corps. Mes collants, si on peut encore appeler ça des collants, pendent le long de mes jambes. Ma jupe noire est toujours en place sur le bas de mes hanches osseuses. Et depuis là, ça devient un vrai carnage. Il y a du sang sec un peu partout, des bleus qui remplissent l'espace de mes côtes apparentes. Quelques-unes doivent être brisées, sinon je n'aurais pas autant mal. Mon soutien-gorge qui était encore blanc il y a quelques heures ne l'est plus, il est rouge à présent.

Je marche lentement vers la cuisine pour prendre de quoi nettoyer tout mon sang qui est sur le carrelage. A chaque pas, mes côtes me lancent des décharges électriques et je lâche des gémissements.

Je me dépêche de tout nettoyer et ranger malgré la douleur, car si je ne le fais pas... il...il va... je vais encore plus souffrir.

C'est au contact de l'eau froide sur mon dos que je pousse un hurlement de douleur. Le savon qui s'infiltre dans ma chair, m'arrache des larmes et je finis par évacuer la précision. Je pleure, debout, dans cette baignoire infâme. Je pleure et lâche prise, mon esprit s'éloigne pour reprendre un peu de force, je le sens je suis vide, je ne suis pas vraiment là, puis tout à coup, je reviens à la réalité, dans ma salle de bain, sous l'eau glacée.

A chacun de mes pas, le sol en bois produit un grincement. J'évite de marcher sur certaines planches, celles qui font le plus de bruit. J'ai appris depuis toute petite lesquelles éviter, car le bruit réveille le monstre endormi au bout du couloir et ça recommence.

J'atteins la poignée de ma chambre et j'ouvre la porte pour me presser d'entrer pour fermer à clé. Je tiens le linge rêche autour de mon corps et marche vers mon placard.

« Là où tu te cachais ». Oui.

Je prends seulement une culotte propre, pas de soutien-gorge, à cause de mon dos en charpie. Je m'assois à mon bureau et commence à me soigner. Je mets quelques pansements sur les grandes entailles et le reste j'applique un désinfectant par manque de matériel.

LA VIE COULE EN NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant